ARCH Hélène Labarrière
23/12/2024
Hélène Labarrière & guests
Tracer un paysage sonore inédit, avancer ensemble dans l’inconnu, décider dans l’instant la musique que l’on co-crée… voici l’expérience unique de quatre virtuoses du jazz qui jouent pour la première fois ensemble.
En architecture, l’arche soutient un pont, le pont relie deux rives, deux mondes. Éthymologiquement, l’arche est ce par quoi tout commence, l’origine (architecture). C’est aussi le nom de la première personne ou chose d’une série, le chef (patriarche). Ainsi, les rencontres ARCH posent des passerelles entre des musiciens aux cultures et aux pratiques différentes, pour confronter des méthodes de composition, de pédagogie, de pratiques musicales. Lancé en 2012, ce dispositif a été coproduit par Penn Ar Jazz et l’Ensemble Nautilis pour animer des rencontres et des créations entre les musiciens de et des musiciens des quatre coins du globe. Il a donné lieu à de très nombreux concerts et rencontres improvisées des deux côtés de l’Atlantique et à quatre créations données par quatre formations franco-américaines :
Bonadventure Pencroff, le duo Hamid Drake/ Philippe Champion, le duo Énergie Noire et le Third Coast Ensemble.
L’ARCH a vocation à créer une passerelle artistique durable entre Brest et des villes du monde entier, notamment Chicago, l’un des lieux au monde les plus inventifs en termes de musique expérimentale, de croisement entre jazz, rock, musiques actuelles, musiques improvisées.
Alexandre Pierrepont, ethnologue, programmateur de jazz, journaliste, écrivain, créateur de The Bridge, projet d’échange et de création entre musiciens français et américains, accompagne ce projet dont la première étape du projet a été d’aller rencontrer les musiciens américains à New York et Chicago en mars 2012.
ARCH #1
ARCH #1
Concert donné dans le cadre de l’Atlantique Jazz Festival, salle du CLOUS, à Brest le mardi 11 octobre 2016.
Céline Rivoal, Christofer Bjurström, Vincent Raude : trois membres de Nautilis, rencontrent la contrebassiste Hélène Labarrière.
Christophe Rocher, leader de Nautilis : Le plus souvent, les concerts ARCH sont totalement improvisés, avec des musiciens qui n’ont parfois jamais joué ensemble. C’est le cas de ARCH #1, où quatre virtuoses improvisateurs trament un discours musical, dans un temps de liberté et de construction collective. A noter la parité hommes/femmes de cette formation, qui n’est pas fréquente dans la musique et une orchestration originale qui permet une infinité de possibilités sonores, mélodiques.
L’IMPRO ? DE QUOI S’AGIT-IL ?
L’IMPRO ? DE QUOI S’AGIT-IL ?
A l’issue du concert, les musiciens racontent l’expérience qu’ils viennent de vivre. Un échange lumineux avec des élèves de troisième du collège Kerzouar de Saint Renan, accompagnés de Béatrice Rozec leur professeur de musique et d’Anne Jullien leur documentaliste.
TOUT SUR HÉLÈNE LABARRIÈRE
TOUT SUR HÉLÈNE LABARRIÈRE
Musicienne accomplie, à la fois curieuse et généreuse, Hélène Labarrière est déjà apparue sur KuB en tant que formatrice à la Kreiz Breizh Akademi et membre de la formation réunie par le projet de Patrick Molard, Ceòl Mòr. Voici son autobiographie, rédigée avec l’aide de Stéphane Ollivier.
Je suis née le 23 octobre 1963. Je suis la petite dernière de la famille. Avant moi, quatre grands garçons. Ce sont eux qui, dans les années 70, ont introduit la musique dans la maison. D’abord des disques et puis bientôt des instruments et notamment un piano. C’est comme ça que, tout naturellement, j’ai commencé la musique, dès l’âge de 7 ans.
En fait, tout ce qui m’intéressait, c’était de faire de la danse !
Finalement à l’adolescence, je me décide pour la musique. Mais là, problème ! Le piano est pris en permanence, pas par mes deux frères Jacques et Christian, mais par ma mère.
Bref, sur un coup de tête je décide d’apprendre la contrebasse.
Ce n’est pas un contrebassiste en particulier qui m’intéresse alors mais bien la fonction de l’instrument, toujours présent, indispensable, sans être nécessairement au premier plan.
Après cela, tout va finalement s’enchaîner assez vite : quelques années d’études au conservatoire, beaucoup de soirées à écouter de la musique ici et là, dans les clubs mais aussi en concert… L’apprentissage se fait plus au fil de rencontres, au gré de discussions avec des musiciens. La découverte des fondateurs s’est faite bien plus tard, par les disques.
Je fais rapidement partie des contrebassistes qu’on appelle pour jouer les standards ici et là. J’apprends à jouer, à faire mon métier de contrebassiste.
Un détonateur : la découverte de Charlie Haden et cette façon radicalement différente pour moi de jouer de l’instrument, de se placer dans un orchestre.
1986 : nouveaux projets, nouvelles rencontres, nouvelles expérimentations, avec deux groupes très importants : Eric Barret 4tet (avec Marc Ducret et Peter Gritz) et Malo Vallois 5tet (avec Charles Schneider, Richard Foix, Peter Gritz). Premiers contacts avec des conceptions plus vastes et libres de l’improvisation ; premières compositions personnelles ; premières prises de consciences de ce que peut-être un choix musical. Et puis c’est la rencontre déterminante avec le batteur Daniel Humair, avec toutes les questions que peut se poser un(e) très jeune contrebassiste face à un musicien de cet envergure… C’est une expérience essentielle, enrichissante autant qu’inquiétante.
Et puis en 1991, c’est la création d’Incidences, un collectif qui regroupe des musiciens montreuillois. Un moment important puisqu’on trouve (entre autres) dans ce groupe : Jean-Marc Padovani (avec qui je vais parcourir le globe), Sylvain Kassap, François Corneloup et Franck Tortiller qui au détour d’une discussion me propose une carte blanche au Festival de Couches. C’est à cette occasion que je me lance et forme mon premier groupe, Machination.
On est en 1993. Machination, c’est Noël Akchoté, Ingrid Jensen, Corin Curschellas et Peter Gritz. Des choix musicaux s’affirment (le nom du groupe, Machination, est un hommage direct à Robert Wyatt). Le tournant est décisif dans ma carrière : j’expérimente les responsabilités du leadership, ce qui a pour effet de faire évoluer mon image dans le milieu (je sens changer à la fois le regard que je porte sur moi-même et celui que je lis dans les yeux des autres)… J’écris de la musique pour la première fois. J’ai l’impression de faire de vrais choix artistiques et esthétiques. Cette aventure va me permettre de me produire dans beaucoup de festivals.
Novembre 1996 : c’est le 60e anniversaire de la mort de l’anarchiste espagnol Buenaventura Durruti et Jean Rochard, le créateur du label Nato, décide de lui consacrer un disque hommage en un projet collectif fédérant un grand nombre d’artistes et de musiciens venus de tous horizons. Je suis conviée à la fête. Je rencontre de nombreux musiciens anglais comme Tony Hymas et Evan Parker à cette occasion. C’est une époque de créativité intense entremêlant la politique, la poésie et tout un tas d’autres formes d’expressions (je me souviens par exemple d’un beau concert avec le dessinateur Moebius).
De plus en plus à l’aise à la frontière des choses, j’aime passer d’un ensemble de musique contemporaines comme Ars Nova, à des performances en compagnie de slamers comme D’ ou Dgiz.
Je fais également une rencontre inattendue via les frères Molard, avec l’univers de la musique bretonne (je participe à leur projet Bal Tribal). À cette occasion je renoue avec un élément musical que je n’ai jamais perdu de vue dans la pratique de l’improvisation, mais que j’ai expérimenté d’une autre manière : le groove, la transe, toutes ces notions rythmiques centrales dans le jazz de mes débuts. (À partir des années 2000, Hélène se rend de plus en plus en Bretagne, et finit par s’installer dans le Morbihan, ndr).
En 2005, je sens la nécessité de faire le point sur toutes ces expériences. Monte alors le désir de jouer en solo. Entre rencontres éphémères ici et là et complicités au long cours (ma participation au nouveau Trio de François Corneloup avec le Batteur Simon Goubert), ma vie de musicienne continue de se tramer de tous ces fils inextricablement emmêlés. Avec passion.
Nous continuons avec de nouveaux projets, si nécessaires pour l’élan vital et l’inédit qu’ils introduisent soudain dans nos vies. Ce seront Ceòl Mor avec Patrick Molard, Jacky Molard, Eric Daniel, Yannick Jory et Simon Goubert; Busking le duo avec Hasse Poulsen; le For Trink 4tet avec Bernard Lepallec, Pierre Stephan et Nicolas Pointard ; Blind avec Erwan Keravec, Raphaël Quenehen et Philippe Foch.
Nous continuons de jouer, de penser, de (nous) manifester, de rêver, de danser, de pleurer, de rire… Nous continuons et nous continuerons.
CÉLINE RIVOAL
CÉLINE RIVOAL
Accordéoniste et enseignante au conservatoire de Brest, Céline Rivoal a mené une double formation musicale et musicologique. Parallèlement à son activité pédagogique, elle se produit en concert soliste et surtout en musique de chambre dans un répertoire qui va de la transcription à la création d’œuvres contemporaines en passant par l’improvisation.
Depuis plusieurs années, elle s’inscrit sur tout le territoire breton grâce à son implication dans la diffusion de son répertoire et dans les musiques improvisées, notamment avec le collectif Libre Max. Elle côtoie dans son parcours professionnel des musiciens comme Jean-Luc Capozzo, Hélène Labarrière, Joëlle Léandre, Sylvain Kassap et entame des collaborations avec des artistes comme Mikael Zerang et Dominique Jegou.
Céline Rivoal a rejoint Nautilis pour la création Regards de Breizh (photo-concert sur les photos de Guy Le Querrec).
VINCENT RAUDE
VINCENT RAUDE
Né à Brest en 1979, c’est à l’âge de cinq ans que Vincent Raude commence l’étude de la musique par les percussions et la batterie avec Philippe DiFaostino. Vincent commence la pratique des musiques électro-acoustiques alors qu’il n’a que onze ans auprès de Jean-Michel Corre puis de Hughes Germain. C’est à cette même période que Vincent commence la guitare moderne avec David Briot, fait ses premiers pas sur scène et en studio avec des groupes de rock (à la batterie), de jazz et de reggae (à la guitare et à la basse), et compose aussi ses premières pièces acousmatiques.
En 1999, il quitte Brest pour la fac de musique de Rennes.
Là, il devient le leader du groupe de dub Psycho Buds qui deviendra S.O.U.L. (plus orienté vers la drum’n’bass) et développe un travail d’improvisations avec les machines, que ce soit au sein du collectif Doldrums, en duo avec Julien Weber, Hughes Germain, ou la danseuse Stéphanie Goarin.
En 2001, il est recruté en tant que professeur de guitare moderne au conservatoire de Brest, poste qu’il occupe encore, assurant en plus les cours d’acousmatique ainsi que la coordination du département des Musiques Actuelles Amplifiées.
En 2004, il monte le projet Lower Groundz, avec lequel il réalise deux albums en autoproduction et rencontre des gens venus du jazz, des musiques de rue, du reggae… pour produire un dub qui déviera de plus en plus vers l’électro-jazz.
En 2008 débute Upwellings, un projet techno-dub mené en solo et relayé par un certain nombre de netlabels qui donnera naissance à plusieurs productions phonographiques. En parallèle à cela Vincent à intégré le D.Roots Band en 2008 à la guitare. Avec ce groupe il participe à de nombreux festivals pour accompagner les têtes d’affiches venues de Jamaïque ou des États-Unis (Ranking Joe, Shinehead…) ainsi que les artistes locaux tels que Keefaz, ECK ou Kenyon. Vient ensuite Krenijenn un projet électro dédié à la danse bretonne et au Fest Noz, avec Erwan Burban.
CHRISTOFER BJURSTRÖM
CHRISTOFER BJURSTRÖM
Pianiste et compositeur suédois, Christofer Bjurström creuse sa propre voie musicale, entre lyrisme mélodique, intimisme, éclairs de violence et d’ironie. Il multiplie également les rencontres, avec éclectisme, en direction des musiques traditionnelles, de la musique contemporaine ou des musiques improvisées.
Sa musique fait chanter les mélodies et en libère les arômes. Entre jazz et musique contemporaine, une musique méditative et intimiste, sachant être aussi violente et sarcastique.
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