La parole assassinée

La parole assassinée Alyson Cleret Marcel kub

Simudet eo ar Gêriadenn. Liv ar marv en he c’herc’henn. Tavet eo talmoù he c’halon…*

extrait du poème Va c’hêriadenn d’Anjela Duval (1967)

*[Le village est frappé de mutisme. Il porte la couleur de la mort au cou. Les battements de son cœur se sont arrêtés…]

Pour son premier film, La parole assassinée, Alyson Cleret s’empare avec élégance d’un sujet dramatique, celui de la disparition, sous ses yeux, de la langue de ses aïeux. Sans pathos mais non sans émotion, elle piste les aléas de cette éradication organisée du breton. Ce faisant, elle réinscrit la langue oubliée sur l’écran de son film-mémoire, en chuchote les rudiments, en repartant des fondations : mère (langue maternelle) et père (patrimoine). Comme si elle semait de nouvelles graines. A défaut d’être joyeux, le film est paisible, non revendicatif, ce qui le rend plus fort. Et son issue est festive, la langue bretonne ressurgissant dans un bugale de Krismenn et une gavotte des sœurs Goadec.

FILM

LA PAROLE ASSASSINÉE

un film d’Alyson Cleret (2014 - 14')

Pour Yves, Marcel ou Lionel, cette langue est leur langue maternelle, celle de leurs parents. Le français, leur langue d’adoption. Trois générations qui se répondent, et questionnent leur langue comme héritage. De sa transmission à sa disparition ?

>>> un film produit par Bara Gwin Films

INTENTION

Langue de réussite sociale

La parole assassinée Alyson Cleret affiche-interdiction-de-parler-breton kub

Par Alyson Cleret

On parle de la disparition de milliers d’espèces végétales et animales. La disparition d’une langue est-elle moins grave ? Vaut-elle la peine de se battre ? Ces questions me semblent nécessaires pour comprendre une époque qui souffre de ruptures intergénérationnelles. Aujourd’hui, la langue anglaise domine le monde. Il est sans cesse rappelé que pour accéder à certains métiers, appartenir à une certaine catégorie sociale, il est nécessaire de parler anglais. Moins d’une centaine d’années auparavant, se déroulait en France une chose assez similaire. Le français se positionnait comme langue de réussite sociale au détriment des autres. Le breton fût interdit à l’école, et resta pendant des années la langue de la honte. Son déclin était en marche.


Trois de mes quatre grands-parents ont pour langue natale le breton, et aucun d’entre eux n’a transmis cette langue à ses enfants. Peu à peu les langues se délient, et racontent une enfance en langue bretonne, une langue qui s’efface pour laisser place au français. Certains souvenirs, enfouis profondément, s’autorisent à refaire surface. En trois générations, tout a disparu. Mais les interrogations subsistent : pourquoi ne pas avoir transmis leur langue maternelle ? Avaient-ils conscience du déclin en marche ? Faire entendre la voix de ces générations, avant que la rupture n’advienne, m’apparaissait nécessaire.

BIOGRAPHIE

Alyson Cleret

La parole assassinée Alyson Cleret  kub

Alyson Cleret réalise ce film en 2014, au sortir de son master d’arts à Paris 8, St Denis. Il est sélectionné en 2015 au Festival de cinéma de Douarnenez (Grand cru Bretagne) et à Courts en Betton – Festival du film de l’Ouest.

REVUE DU WEB

De la disparition de la langue bretonne

INA >>> François Falc'hun, professeur à l'université de Brest, nous renseigne sur l'origine du Breton ainsi que sur les différents dialectes parlés encore aujourd'hui.

COMMENTAIRES

  • 23 décembre 2021 10:01 - Audren de Kerdrel

    Très bien. Très bon travail. Il ne faut pas cesser de rappeler l'ethnocide linguistique (Michel NICOLAS) dont nous avons été victimes. Mais le passé et le passé, c'est l'avenir qui compte. L'avenir de la Bretagne passe par la langue. A nous de faire en sorte qu'elle soit au coeur de nos préoccupations de demain, mais surtout qu'elle soit notre réalité quotidienne.

  • 27 octobre 2020 18:40 - patrick prado

    Un film consacré aux enfants bretonnants à l'école, d'Olivier Masson
    "N'eomp ket flatterien" (<on n'est pas des mouchards">)
    je crois qu'il est a la cinematheque de Bretagne

    P. Prado

CRÉDITS

La parole assassinée
auteur-réalisateur Alyson Cleret
image, son, montage Alyson Cleret, Maximilien Zamanski
production Bara Gwin Films

Qu’est ce que la langue bretonne?
source L’Ouest en mémoire
ORTF (Collection: Breiz o veva )
avec François Falc’hun
de Jean Le Clerc de la Herverie – CRDP-TES Saint Brieuc

Chronique De Frédéric Morvan : De La Disparition De La Langue Bretonne
source
texte Frédéric Morvan
site 7seizh.info

Artistes cités sur cette page

La parole assassinée Alyson Cleret  kub

Alyson Cleret

KuB vous recommande