Journaliste formée en Europe et au Canada, Chloé Gwinner s'est illustrée à la fois dans la presse écrite et la radio et elle a également réalisé plusieurs reportages et documentaires.
Je travaillerais certainement dans l’administration et les finances aujourd’hui si je n’avais pas tout remis à plat il y a quelques années. Jeune adulte, persuadée que mes rêves de journalisme me seraient à jamais inaccessibles, j’opte pour des études de langues, d’économie et de droit. Mon premier poste m’envoie au Cambodge comme directrice administrative et financière au sein d’une ONG qui accompagne des prostituées séropositives. Lorsqu’une nuit, j’apprends par hasard que le plus grand bidonville de Phnom Penh s’apprête à être rasé. Je décide de passer la nuit avec les habitants. Avec eux, je regarde l’avancée inexorable des pelleteuses, laissant derrière elles quelques meubles sauvés in extremis par les familles, surmontés en vrac de vêtements, de vaisselle et d’enfants en pleurs. Lorsque le jour se lève, la plaine n’est plus que désordre et poussière. Alors qu’arrivent en meute télévisions et journalistes, je rentre chez moi pour écrire. Le lendemain, je propose mon papier à une rédaction. Sans questionner mon absence d’expérience et de diplômes en la matière, le rédacteur en chef le prend et le publie.
Ébranlée par cette étrange expérience, je décide alors de quitter mon emploi et tout le confort d’expatrié pour rejoindre bénévolement une petite rédaction au Laos. Six mois plus tard, en vue d’en finir avec mon syndrome de l’imposteur, je pars au Canada, faire ce que je n’avais pas osé faire six ans auparavant, entamer des études de journaliste. S’ensuivent plusieurs années d’errance – ou d’expérimentation. C’est selon.
Journaliste radio ou presse écrite, cadreuse, réalisatrice… on dit qui touche à tout ne fait rien de bien , mais rien ne me plaît plus que la sensation de me glisser dans un habit trop grand pour moi, trouver peu à peu comment l’ajuster. Puis recommencer à zéro. Indéfiniment.
Ses reportages sur les étudiants du TNB, et l'artiste Rennais Ali sont à retrouver sur KuB ainsi que son documentaire Étienne Saglio, l'illusion du réel.