Issu d’un quartier ouvrier de Brest, Christophe Miossec débute la musique en intégrant brièvement le groupe Printemps Noir avant de poursuivre des études d’histoire. Il travaille ensuite quelques années en tant que critique rock pour Ouest France. À 27 ans, il plaque tout pour partir sur l’île de la Réunion en tant que journaliste. À son retour en métropole, il fait une rencontre qui change sa vie, celle de Guillaume Jouan, son alter ego des premiers disques. Ensemble, ils enregistrent sur une cassette les premières maquettes de ce qui deviendra l’album Boire.
Révélé à l’aube de la trentaine, Miossec bénéficie d’un large soutien de la critique, notamment du magazine Les Inrocks, qui lui consacre quatre pages et sa couverture alors qu’il est encore inconnu du grand public. Boire s’écoule à 160 000 exemplaires. Sa carrière décolle, et son deuxième opus, Baiser (1997), est également disque d’or. Les disques se suivent et ne se ressemblent pas, l’artiste se renouvelle toujours et s’entoure de personnalités variées comme Guillaume Jouan, Bruno Leroux, Mathieu Ballet, Joseph Racaille, Stef Kamil Laurens, Yann Tiersen, Albin de la Simone.
Au début des années 2000, après des années passées un peu partout en France et en Belgique, le Brestois opère un retour dans sa ville natale. Il s’y pose et cela s’entend. Le chanteur prend un tournant avec trois albums plus apaisés : 1964 (2004), qui reçoit le Grand Prix du disque du Télégramme, L’Étreinte (2006) et Finistériens (2009). Il y aborde des sujets connus, les excès de la vie, l’alcool, mais innove aussi avec les thèmes du couple et du monde du travail. À la même époque, il est sollicité pour ses talents de parolier et collabore alors avec des grands noms de la chanson française tels que Johnny Hallyday (il signe plusieurs titres de l’album Sang pour sang), Jane Birkin (À la légère, Rendez-vous), Alain Bashung (Faisons envie), Juliette Gréco (Couvre-feu, Adieu bohème), Axelle Red (dans l’album Un cœur comme le mien). Le titre 20 ans, écrit pour Johnny Hallyday, reçoit une Victoire de la musique en 2014.
Dans les années 2010, le Breton est atteint d’une maladie orpheline, l’ataxie, qui le contraint à réduire son activité et surtout à arrêter sa consommation d’alcool, un tournant qui marque sa carrière. Miossec revient en homme transformé avec Ici-bas, ici-même (2014), puis avec Mammifères (2016), et Les rescapés (2018). Trois albums aux sonorités plus folks.
Tout en gardant sa rage et ses engagements, Miossec grandit et vieillit au fil de ses albums et affirme sa présence sur la nouvelle scène française. Il confirme sa vision de la musique au cours d’un entretien aux Inrocks : L’instabilité n’est pas forcément un critère de création mais le fait que la musique soit un métier dangereux, ça j’y crois.
Retrouvez la captation de son concert hommage à Boire sur KuB !