Quand il a choisi ce pseudonyme, Morvandiau ne savait pas qu’on nommait ainsi les habitants du Morvan. Il faisait référence au peu orthodoxe inspecteur de police Morvandiau joué par Bernard Blier dans Buffet froid, un de ses films préférés. La parenté ne s’arrête pas au nom. L’humour froid et grinçant du film répond à celui que développe le dessinateur dans ses ouvrages, empruntant les chemins de traverse de la BD dite indépendante et alternative.
Autodidacte du dessin, sans formation universitaire, Morvandiau a fait ses gammes dans des associations. Ce jeune trentenaire a commencé sa carrière de dessinateur en 1993 en créant le fanzine d’humour et de poésie Kalemia sur le Tanganyika. Dans ses précédents ouvrages, Morvandiau cherche comment arrêter de mourir, Morvandiau range sa chambre, Mémoires d’un commercial ou Le Cid, version 6.0, il laisse libre cours à une satire sociale qui n’aurait pas défiguré les bonnes pages de Hara Kiri, maniant l’absurde et le grotesque, il nous fait partager la vie minable d’un commercial alcoolique, ou revisite un classique à l’usage de la génération internet.
Morvandiau s’est illustré dans ce registre caustique qu’il déploie aussi dans ses dessins de presse. Chaque semaine, dans l’hebdomadaire Marianne, il réagit à sa manière à un événement comme il l’avait fait auparavant pour Les Inrockuptibles et Rock and Folk. La rapidité d’exécution propre aux dessins de presse convient bien au trait énergique qui caractérise aussi ses bandes dessinées. Il travaille toujours en noir et blanc, le plus souvent sans décor, sa ligne est simple et dynamique, ses personnages sont brossés rapidement, leurs traits sont accentués à la façon des dessins d’enfant.
Avec D’Algérie, coédité en 2007 par Maison rouge et L’Œil électrique, Morvandiau a rompu avec son style habituel pour se lancer dans une enquête sur ses origines pied-noir.
Cofondateur, à Rennes, des manifestations successives Périscopages (2001-2011) et Spéléographies, biennale des écritures (depuis 2014), Morvandiau exerce également des activités de journaliste, de conseiller éditorial (Le Monde Diplomatique en bande dessinée, 2010) et d’enseignant à l’Université Rennes 2. En 2016, il entreprend une recherche dans le cadre d’une thèse en arts intitulée L’art de la contrebande ? Une cartographie de la bande dessinée alternative francophone (1990-2015).
Début 2020, il publie la réédition de D'Algérie ( éditions Le Monte-en-l'air) ainsi qu'un album inédit, Le taureau par les cornes (éditions L'Association).
Retrouvez le film Algéries intimes de Nathalie Marcault, dans lequel le bédéaste repart sur les traces du premier voyage familial en Algérie, pour élaborer sa BD D'Algérie.