Pierre Louis Corentin Jacob, dit Tal Coat, fils de marin-pêcheur, naît en 1905 à Clohars-Carnoët dans le sud du Finistère.
Alors que son père est mort au front pendant la Première Guerre mondiale, il commence à dessiner et sculpter dès 1918.
Mouleur et peintre céramiste à la Faïencerie de Quimper en 1924, il dessine au crayon, au fusain ou au pastel des personnages et des paysages de la campagne bretonne. Il fréquente des artistes installés dans la région de Pont-Aven et du Pouldu.
Arrivé à Paris en 1924, Tal Coat devient modèle à l’Académie de la grande chaumière, mouleur à la Manufacture de Sèvres, se lie avec le peintre Émile Compard et partage l’atelier du peintre Jean Sautter grâce auquel il rencontre les directeurs de la galerie Fabre : Auguste Fabre et Henri Bénézit.
En 1925, il accomplit son service militaire dans les cuirassiers à Paris et rencontre Broncia Lewandovska qu’il épouse en 1927. En 1926, il expose dans la galerie Fabre et prend le nom de Tal Coat (Front de bois en breton) pour éviter l'homonymie avec le poète quimpérois Max Jacob.
En 1929, après sa deuxième exposition à la galerie Fabre et cie, la crise économique le contraint à de longs séjours en Bretagne au cours desquels il arpente les sites mégalithiques avec ses amis Emile Compard, Henri Bénézit et le couturier Paul Poiret.
À Paris il se lie d’amitié avec Francis Gruber, André Marchand, Léo et Gertrude Stein, Francis Picabia, Alberto et Diego Giacometti, Ernest Hemingway, Balthus, Antonin Artaud, Tristan Tzara et Paul-Émile Victor. Il s’intéresse à l’art roman, aux portraits du Fayoum.
En 1936, Tal Coat voyage en Provence et rencontre Picasso. Il peint de nombreux portraits (dont celui d’Alberto Giacometti) et la série des Massacres, inspirée par les horreurs de la Guerre d’Espagne. En 1938, il expose à la Julien Levy Gallery à New York.
Mobilisé en 1939 puis démobilisé en 1940, Tal Coat gagne alors Aix-en-Provence, ville où se sont réfugiés de nombreux artistes, notamment André Marchand, Charles-Albert Cingria et Blaise Cendrars. Il y rejoint sa nouvelle compagne, Xavière Angeli, qu’il épousera en 1951.
Tal Coat a élu domicile au Château Noir, au pied de la montagne Sainte-Victoire, qui a été l’atelier-remise de Cézanne quand il peignait au Tholonet.
Dès la fin de la guerre, il retourne à Paris et loue un atelier rue Brézin, à Montparnasse. Tal Coat dessine à l’aquarium du Trocadéro et au Jardin des plantes, pratique assidûment le lavis à l’encre de Chine : Aquariums, Poissons, Coqs, Taureaux. Il grave une trentaine de planches dont 12 seront montrées dans les expositions La jeune gravure française à Paris et Montevideo.
Dès 1946, de retour à Aix-en-Provence, Tal Coat peint les Profils sous l’eau, les Baigneuses dans la cascade, dessine les Écorces qui sont un tournant fondamental dans son travail.
En 1948, Tal Coat fait la connaissance du philosophe Henri Maldiney et du poète André du Bouchet qui demeureront ses intimes jusqu’à la fin de ses jours.
En 1954, il rejoint la Galerie Maeght où chacune de ses expositions sera accompagnée d’une parution de la revue-catalogue Derrière le miroir et de l’édition de nombreuses estampes.
En 1960, Tal Coat acquiert la Chartreuse à Dormont, dans l’Eure, où il installe un immense atelier ; une nouvelle grande mutation de sa peinture commence.
Dès 1970, Tal Coat fait de nombreux séjours en Suisse, à l'Atelier de taille douce et de lithographie, collectif d’artistes qu’anime Pietro Sarto sur les bords du Léman. Il y grave ou dessine sur la pierre lithographique un nombre considérable de planches. Son œuvre gravé et lithographié est recensé dans un catalogue raisonné publié par le Département du Morbihan en 2017.
Pierre Tal Coat meurt le 11 juin 1985, à la Chartreuse de Dormont, entouré des siens.
En 2006, un incendie à la Chartreuse détruit un millier de peintures et de dessins.
En 2010, le Domaine de Kerguehennec dans le Morbihan crée le Centre Pierre Tal Coat qui expose en permanence une partie du fonds constitué et publie le catalogue raisonné en ligne de l’œuvre gravé établi par Françoise Simecek et Rainer Michael Mason, tandis que l’association Les amis de Pierre Tal Coat, créée en octobre 2016, soutient l’édition du catalogue raisonné de l’œuvre peint établi par Xavier Demolon, le petit-fils de l’artiste.
Retrouvez sur KuB une page traitant de l'exposition Tal Coat Guillevic et la Préhistoire ainsi que le documentaire d'Illés Sarkantyu Tal Coat, le ciel n'est pas distinct de la terre.