Chorégraphe emblématique de la danse contemporaine française, décédé en 1992 à l’âge de 41 ans. De formation classique, il a notamment dansé au Ballet du Grand Théâtre de Genève d’Alfonso Cata, aux Ballets du XXème siècle de Béjart ou encore avec Peter Goss. Après s’être formé aux techniques de Martha Graham, véritable icône de la danse moderne, il fonde la Compagnie Dominique Bagouet. En 1980 il est nommé directeur de l’un des premiers Centres Chorégraphiques régionaux à Montpellier.
L’œuvre de Dominique Bagouet compte une quarantaine de pièces, et fait souvent appel à des artistes comme le musicien Pascal Dusapin ou le plasticien Christian Boltanski. Les influences éclectiques du chorégraphe trouvent leur source tantôt dans la musique classique, le rock, la pantomime, le cinéma expressionniste allemand ou dans des figures littéraires comme Frankenstein. Sa danse a parfois été qualifiée de «néo-baroque».
Jours étranges, l’une de ses dernières créations, rompt en apparence avec des œuvres de son répertoire à la structure plus stricte.
Il s’agissait pour le chorégraphe d’aborder son adolescence et dans le même temps de s’affranchir de codes de la danse contemporaine. Pour retrouver cette liberté, il a voulu revenir à une spontanéité du mouvement telle qu’on peut la voir dans les élans débridés de la jeunesse. « En 1967, Maria, une jeune américaine élève comme moi au Centre Rosella Hightower, ramenait dans ses bagages de vacances familiales le tout nouvel album d’un groupe alors presque inconnu en France, « The Doors ». Je me souviens de ces soirées à tendance « beatnik » bercées par la voix chaude de Jim Morrison, le climat de ces « strange days » correspondait parfaitement au désarroi de notre adolescence qui cherchait alors, dans ce qui est devenu une sorte de mythologie, ses propres valeurs et vivait aussi d’obscurs désirs mal définis de révolte contre les normes et les codes établis.
En réécoutant ce disque il y a quelques mois, je me suis senti prêt à affronter cette page de mon passé ; peut-être parce qu’elle est devenue déjà un peu floue et qu’ainsi cette musique, pour laquelle finalement je n’ai que peu d’opinions sinon qu’affectivement elle me bouleverse à chaque fois, me permet de renouer avec un état qui n’est pas si éloigné de celui d’aujourd’hui où la remise en question, la quête d’aventures, se heurtent encore à de nouvelles conventions, des systèmes qui redeviennent pesants et qu’il semble urgent de secouer. Alors avec cette pièce, disons qu’on essaie donc de commencer à « secouer ». »