Le père de Jean-Julien Lemordant était maçon, peut-être marin à l'occasion, et sa mère femme au foyer. D'après ce qui a été raconté au moment du retour triomphal du peintre dans sa ville natale en janvier 1923, son grand-père aurait été ancien corsaire. Orphelin dès l'adolescence, sans ressource, Jean-Julien Lemordant réussit à étudier la peinture aux Beaux-Arts de Rennes, où il est le condisciple de Mathurin Méheut, Camille Godet, Pierre Lenoir et Albert Bourge, puis à Paris dans l'atelier de Léon Bonnat. Jean-Julien Lemordant perd la vue durant la Première Guerre mondiale, en octobre 1915 durant la Bataille de l'Artois, mais la recouvre en 1935.
Peintre de la Bretagne et de la mer, on l'a qualifié parfois de fauve breton, quoiqu'il ait travaillé surtout à Paris. Sa palette très colorée est une de ses principales qualités et il sait admirablement représenter les mouvements des hommes, les danses, mais aussi ceux de la mer, du vent, de la pluie. Son œuvre principale demeure la grande décoration que lui commanda le maire de Rennes, Jean Janvier, pour décorer le plafond du théâtre, aujourd'hui l'opéra. Réalisée avec une grande rapidité, l'œuvre fut mise en place en 1914. Elle représente une danse bretonne endiablée aux multiples personnages. On connaît au moins soixante études préparatoires à cette grande composition, dont une au musée des Beaux-Arts de Rennes. Il se construit un hôtel particulier au numéro 48 avenue René-Coty à Paris, en sa qualité d'architecte, ancien élève d'Emmanuel Le Ray, architecte de la ville de Rennes.