Soldat de boue

Mathurin Méheut

  • dessinateur

Mathurin Méheut est un peintre et illustrateur, né le 21 mai 1882 à Lamballe et mort le 22 février 1958 à Paris.

Il est fils de menuisier et grandit dans la campagne proche de Lamballe, dans les Côtes d'Armor. Doué pour le dessin, il intègre l'École des beaux-arts de Rennes, tout comme Jean-Julien Lemordant, avant de monter à Paris à l’École des arts décoratifs en 1902, a 20 ans.
Plus tard, diplôme en poche, il séjourne à la station de biologie marine de Roscoff où travaillent scientifiques et chercheurs. Il croque sur le vif la faune et la flore qu’il observe dans les aquariums du centre de recherches et au milieu des rochers du littoral. Il s'échappe de temps en temps pour rencontrer les pêcheurs, goémoniers, iliens des alentours. Passionné par les formes que prend la vie en milieu naturel, il réalise un ouvrage composé de magnifiques planches dans l’esprit des encyclopédistes : L'étude de la mer. Ces planches sont exposées à Paris, au pavillon de Marsan, en octobre 1913. Le tout-Paris artistique découvre un dessinateur d’exception doublé d’un fin coloriste.


Méheut n'aspire qu'à vivre de son art. Le mécène Albert Kahn, banquier créateur des Archives de la planète, est saisi par la justesse de cette œuvre originale. Il décide d'aider le jeune artiste par le biais de sa fondation en lui octroyant une bourse pour un voyage d'études, bourse jusque-là exclusivement réservée aux scientifiques.
Kahn est réputé pour sa collection d'autochromes et de films réalisés par des photographes et des opérateurs envoyés aux quatre coins du monde, à l'instar des frères Lumière aux débuts du cinéma.
Méheut, quant à lui, cultive depuis longtemps une passion pour l'art japonais (notamment les estampes d'Hokusai, 18e siècle), qu’il a découvert à travers les œuvres de Van Gogh, Monet, Vuillard ou encore Bonnard le nabi très japonard. Comme eux, il est attentif à la poésie du monde et tente d'apprivoiser le réel dans ses compositions graphiques. Grâce à cette bourse, Méheut réalise son rêve d'aller au Japon.


Au début de l'année 1914, il part vers l’Extrême-Orient, accompagné de sa femme Marguerite, qui est créatrice de tapisseries. Ensemble, ils visitent des écoles d'art, rencontrent des maîtres de la calligraphie et de l’estampe et s'émerveillent du raffinement et de l’art de vivre des Japonais. Méheut dessine, fait de nombreux croquis à la gouache ou à l'aquarelle, apprécie ce peuple qu'il estime si supérieurement artiste même dans les classes les plus humbles. Davantage que peintre, Mathurin Méheut est un décorateur. Ce voyage au Japon lui confirme que l'art et l'artisanat sont liés et se confortent l'un l'autre, que le savoir-faire est aussi important que l'acte créateur.
Le jeune couple projette ensuite de se rendre en Inde où Méheut doit préparer l’illustration du Livre de la jungle de Rudyard Kipling. C’est là que survient la déclaration de guerre, en août 1914. La mobilisation générale est décrétée.
Comme tous les français en âge de combattre, Méheut est appelé. Il a 32 ans. Par fraternité et par devoir, il décide de rentrer en France au plus vite. Après deux mois de traversée jusqu'à Marseille, il rejoint le 136e Régiment d’Infanterie à Saint-Lô tandis que sa femme retrouve leur petite fille Maryvonne au Mans.
Quelques jours après, il est en première ligne dans les tranchées du côté d'Arras. Il combat durant toute la guerre.

Il devient peintre officiel de la Marine en 1921, est aussi illustrateur de livres, collabore comme céramiste pour la faïencerie Henriot à Quimper et pour la Manufacture nationale de Sèvres en 1927.

Témoin d'une époque, passionné par les hommes et les paysages de sa province natale, il sillonne la Bretagne laissant une abondante production et un témoignage précis et multiforme de la vie bretonne à son époque. Il enseigne de 1940 à 1944 à l'École des beaux-arts de Rennes.

Découvrez Mathurin Méheut pendant la grande guerre dans le documentaire réalisé par Hubert Budor : Le soldat de boue.

Les artistes associé·e·s à Mathurin Méheut :
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Hubert Budor

Lemordant soldat de boue

Jean-Julien Lemordant

Marie Halopeau

Marie Halopeau Le Corfec