Le grand BaZH.art #3
CHEZ CAPLAN
CHEZ CAPLAN
Par Antoine Tracou
Quand j’ai connu ce lieu, il venait juste d’être repris par un couple de parisiens : Capriani, danseuse, et Lan Malfrat, éditeur chez Plon, originaire de la région de Morlaix. Leur projet consistait alors à changer de vie et de décor tout en poursuivant leurs passions respectives. Comme dans beaucoup de villages de Bretagne et d’ailleurs, là où le monde rural se délite, ces cafés épiceries sont souvent les derniers lieux de vie. Celui-là en était un, il l’est resté. Il est aussi resté le rendez-vous des amateurs de boules bretonnes où dans le jardin attenant, la piste est abritée des averses.
Capriani et Lan découvrent ce lieu en 1992 au hasard de leur recherche et s’entendent avec Marie, la propriétaire des murs et du fond de commerce, qui ne souhaite pas céder son affaire à n’importe qui. Pour la petite histoire, Marie, peu de temps après avoir mis son commerce en vente, vit débarquer Léo Férré en personne, à la recherche d’un lieu perdu. Mais Marie refusa de céder son affaire à un « anarchiste » de surcroît « étranger ». Léo Ferré insista, lui proposa un pont d’or. Sans succès. Léo trouva son bonheur ailleurs sur une île entre St Malo et Cancale. La place où se situe le CapLan a été depuis rebaptisée place « Léon Ferrec ». Marie fut séduite sans doute par le projet de Capriani et Lan qui souhaitaient garder l’épicerie, le jeu de boules, le café en y ajoutant une libraire dans la grande salle qui donne sur la mer.
Aujourd’hui Capriani et Lan sont séparés. Capriani est restée et tient seule l’affaire vaille que vaille avec Lydie, la seule employée en dehors de la saison. Ce film restitue la polyphonie de personnes de tous âges, lisant toutes sortes de livres allant du conte au roman, de la nouvelle au pamphlet politique. En toile de fond : le parfum de ce lieu, son charme et son calme unique.
Le CapLan est ouvert les vendredi de 17 à 21h, les samedis de 15 à 21h, et les dimanches et jours fériés de 12h à 21h.
L’ARÈNE DU GRAFF
L’ARÈNE DU GRAFF
Par Liza Le Tonquer
Plongée dans l’Arène du Graff – 1er Festival d’Art Graffiti en Finistère – qui met en scène un « Opéra Graffiti » mettant à contribution douze graffeurs. Fébrilité avant la montée sur scène, entre le QG des graffeurs-performeurs, les loges des comédiens, les ruines alentours situées entre la mer et les champs de Plozévet. Les artistes parlent de leur émotion, de l’œuvre qu’ils imaginent, de leur ressentis pendant l’acte de création, de l’addiction du graffeur, de ce besoin primitif d’exploser, de gribouiller, de figurer par l’art, de l’histoire qu’ils portent en eux et qu’ils transposent sur ce mur blanc.
Mano et Véro racontent l’histoire de la naissance du festival, leur regard sur ces graffeurs qu’ils connaissent depuis longtemps, ce « crew » dont fait partie leur fils, qu’ils ont eu envie de faire monter sur scène.
Liza Le Tonquer : Ce que j’aime dans le personnage du graffeur, c’est son anonymat, camouflé derrière sa capuche, signant d’un nom d’emprunt. L’insurrection de l’art graffiti, le « on y va », seul, se vider l’esprit pendant six heures dans une usine désaffectée pour remplir (peut-être) celui du passant qui prêtera attention aux murs. J’ai toujours aimé le graffiti parce que je trouve que c’est un art qui n’impose rien, contrairement à ce que peuvent penser les partisans du graff comme art qui détériore.
Il y a une forme d’autisme dans le graffiti, c’est une émotion brute gribouillée sur un mur et c’est cette émotion qui fait dire à Véro, la mère de Julian quand elle regarde ce qu’elle appelle le « ballet des graffeurs » pendant l’Arène du Graff, que c’est de l’art. Mais plus qu’un art pictural le graffiti est aussi une griffe et une danse, à la fois virile et subtile. J’y vois une gestuelle et une signature. En interrogeant le sens du geste graffiti chez six graffeurs, performeurs pendant l’ « Opéra Graffiti » de l’Arène du Graff, je veux saisir et comprendre l’acte compulsif du graffeur. Ces six graffeurs aux sensibilités différentes sont Julian alias Smerf, JB alias Semor, Sulyvan alias Ador, Nicolas alias Persu, Ben alias Ben L’Etau et Nicolas alias Korsé.
KRISMENN
KRISMENN
Par Clara-Luce Pueyo
Que ce soit sur les grandes scènes de festivals ou dans des lieux plus intimistes, Krismenn explore les rythmes et les rimes, fait sonner le breton comme personne. Il puise son inspiration à la fois dans le chant traditionnel et les musiques actuelles. C’est en solo qu’il défend ses compositions, avec un looper ; des boucles de human beat-box, de contrebasse et de guitare slide accompagnent rap et chansons dans un univers électro/hip-hop.
Krismenn a appris le kan ha diskan au contact des anciens, des gens comme Bastien Guern ou Jean-Yves Le Roux. Le kan ha diskan, c’est une culture paysanne, rurale.
Parallèlement à ce collectage des chants traditionnels, il rappe en breton. Mes textes racontent les histoires de ces jeunes qui quittent nos campagnes pour soigner leur peine de cœur sur la côte. Militantes au départ, mes chansons deviennent plus poétiques avec le temps. Il veut composer dans un breton que les gens du coin comprennent et pas seulement les néo-bretonnants. La langue a des accents toniques très forts, comme l’anglais, et convient bien au rap. Comme la plupart des gens de ma génération, je ne parlais pas breton alors que c’était la langue maternelle de mes grands-parents. Très jeune, il s’est interrogé sur la manière dont toute une population est passée d’une langue à l’autre, en si peu de temps. Même s’il se dit toujours en apprentissage, il pratique le breton tous les jours à Saint-Servais où tous les plus de 40 ans le parlent, comme sa compagne, issue d’une famille où il n’y a pas eu de rupture linguistique. Je vis ici pour reconquérir une culture en train de disparaître et en faire quelque chose. C’est un véritable acte d’enracinement de se poser dans un endroit que tous les jeunes fuient.
LE CLOWN ATOMIQUE
LE CLOWN ATOMIQUE
Par Séverine Breton
Au début des années 80, sur les landes de Plogoff, au moment où la presqu’île se battait contre le projet de centrale nucléaire à la pointe bretonne, un drôle de clown montrait le bout de son nez rouge… Jean Kergrist, originaire du centre Bretagne rentrait au pays pour se battre à sa façon, avec le rire comme seule arme. Pendant 50 ans, avec ou sans nez rouge, il a moqué tout ce qui n’allait pas dans ce bas monde : le nucléaire, le chômage… Dans les manifs, il s’est régulièrement autoproclamé sous-secrétaire d’étable pour dénoncer les dérives de l’agriculture, il s’est aussi nommé clown médecin-chef.
A 76 ans, il monte son dernier pestacle, l’histoire de sa vie et de ses combats. Après avoir ri de tout, il a décidé de se moquer un peu de lui même.
LA CHAISE NUMÉRO 14 DE FABIENNE JUHEL
LA CHAISE NUMÉRO 14 DE FABIENNE JUHEL
Retrouvez un extrait de la lecture La chaise numéro 14
Un livre de Fabienne Juhel, édité par les éditions du Rouergue sur la page lecture publique de KuB.
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