Balance ton...
Bien avant que n’éclate l'affaire Weinstein, et dans son sillage la déferlante Balance ton porc, Émilie Janin écrit le scénario de ce qui sera son premier film 100% pur porc. Inspiré de son expérience de salariée temporaire d'une usine agroalimentaire, elle nous fait plonger dans l'imaginaire d'une ouvrière assujettie à une machine d’où sort un cortège sans fin de saucissons. Forcément émoustillantes, ces formes oblongues font rêver la jeune femme avant qu’elle ne réalise qu’elles sont aussi le symbole de la domination masculine. À partir de là, on entre dans un engrenage fantasmagorique dans lequel la réalisatrice et son héroïne iront au bout de leur volonté réformatrice.
100% PUR PORC
100% PUR PORC
d'Émilie Janin (2018 - 17')
Blandine est ouvrière dans une salaison industrielle et fabrique des saucissons. Pour parer à la monotonie de son travail, elle s’invente un monde parallèle farfelu où elle soigne des saucissons désœuvrés. Mais, à la suite d’un rendez-vous avec son patron, Blandine chancelle. Elle ne compte cependant pas se laisser abattre.
>>> un film produit par Amélie Quéret de Respiro productions
Une histoire tordue
Une histoire tordue
par Émilie Janin
Il y a quelques années, alors que j’étais étudiante, j’ai eu l’occasion de travailler dans une salaison comme embosseuse, métier qui consiste à mettre en forme les saucissons. Le travail à la chaîne était pénible et mécanique, les relations sociales inexistantes à cause du vacarme continu des machines et certainement aussi à cause de la tristesse de ce travail. Un sentiment de grande solitude m’assaillait et je passais mes journées à rêver, à me raconter des histoires, à chanter des tubes ou à ressasser des souvenirs. Pour moi, ce travail n’était qu’un job d’été mais je me demandais comment mes collègues arrivaient à le supporter. J’ai supposé que, comme moi, elles devaient se créer un monde imaginaire pour ne pas tomber dans la déprime. Mais à constamment osciller entre la réalité et un monde imaginaire, n'est-on pas gagné par la folie ? C’est cette façon d’être borderline qui m’a inspiré 100% pur porc, une histoire entre schizophrénie et déshumanisation. Je ne souhaitais pas faire un film social, militant ou dramatique mais simplement montrer de façon ironique le cercle vicieux qu’engendrent les conditions de travail en usine.
Le film est pétri de références cinématographiques, comme Edward aux mains d’argent de Tim Burton, Fargo des frères Cohen ou encore Le fabuleux destin d’Amélie Poulain pour l’ambiance chaude et enveloppante de l’univers naïf créé par Blandine. Le jeu de l’actrice principale a été déterminant, car il fallait pouvoir aller de cette naïveté à une fureur meurtrière. La démence de Blandine se découvre lorsqu’elle se met à chanter. Elle exprime alors sa haine et sa folie, faisant de la chanson le vrai point d’orgue du film. Sa danse, désordonnée, presque ridicule parfois, sert à traduire la folie qui s'empare d'elle et s’inspire de la scène finale de The Voices de Marjane Satrapi.
Émilie Janin
Émilie Janin
Emilie Janin est chef monteuse à la télévision et au cinéma. En parallèle, elle développe des scénarios dont certains ont été sélectionnés, comme Les Têtes brûlées qui a obtenu la mention spéciale du jury au festival Travelling, ou 100% Pur Porc qui a décroché le 2e Prix du SIRAR et qui est son premier court métrage en tant que réalisatrice.
4 septembre 2023 00:48 - Jack lecours
Super d'intêret pour dénoncés ces conditions de travail ,mauvaise.
25 juillet 2023 23:20 - Aymard renaud
Génial, petit bijou d humour noir et aussi les patrons c est les cochons ça finit en saucisson, un regal