Les échos du festival
De tout temps les hommes se sont embarqués, attirés par l’appel du large, avec le désir d’une vie meilleure, d’une pêche abondante, d’horizon nouveau. Mais prendre le départ, aller de l'avant, espérer n’est pas sans risque. La mer a ses colères, l’attente peut être rude, la récolte incertaine. Elle exige une vraie passion.
La mer a toujours été nourricière de l’humanité. Cette année la FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, a décidé d’attirer l’attention sur le rôle que jouent les petits pêcheurs et les ouvriers du secteur de la pêche dans la sécurité alimentaire et la nutrition, l’éradication de la pauvreté et l’utilisation durable des ressources naturelles. Le festival se fait le relais de cette campagne majeure.
L’appel du large c’est aussi celui des hommes, femmes, enfants pleins d’espoir sur de frêles bateaux, au milieu des flots qui les menacent d’engloutissement.
L’appel du large nous parle aussi de voyages intérieurs. Des réalisateurs s’adressent à chacun de nous, spectateurs et acteurs de ce monde.
L’appel du large est aussi aujourd’hui, ce cri de la mer ! Menacée d’asphyxie, son plancton devient insuffisant pour nourrir la masse des poissons. Empoisonnée par le plastique et mille autres rejets, sa biodiversité est étranglée, ses ressources sont dilapidées par la course au profit. Le lien entre nature et humanité est à revisiter. Mais gare aux fausses routes.
Grâce au cinéma, la 14e édition propose un voyage, une réflexion avec les pêcheurs du monde sur ces enjeux liés à l’océan.
KuB et le festival de films Pêcheurs du monde s’associent une nouvelle fois pour prolonger ce voyage en images en ligne avec une sélection de films présentés en compétition.
Jacques Chérel, président du festival Pêcheurs du monde
Le festival Pêcheurs du Monde est une association qui a pour but de promouvoir un cinéma de qualité autour du thème des pêcheurs des mers du monde.
Face aux enjeux primordiaux des transitions énergétiques, économiques, climatiques, la mer propose des solutions alternatives essentielles, dans tous les domaines maritimes. Quelle est la place des pêcheurs et des peuples de la mer ? Sur les littoraux européens et dans le monde ? Par le cinéma, par les rencontres avec les réalisateurs et les professionnels de la mer, le festival Pêcheurs du monde souhaite poser les jalons d’une réflexion citoyenne pour vivre ensemble la mer.
Chaque année, durant une semaine, l’association organise son festival de films : projections, expositions, animations, spectacle se mettent aux couleurs des pêcheurs du monde dans tout le Pays de Lorient.
XAAR YÀLLA
XAAR YÀLLA
de Mamadou Khouma Gueye (2022 - 25’)
La mer menace des quartiers de Saint Louis, Guet Ndar et Ndar Toute. Enclavés entre la mer et le fleuve, ils risquent de disparaître, tout comme Ndoud Baba Diéye, une île des alentours. Que valent les promesses de Macron et de l’État ? Les marchandes de poissons, les femmes de pêcheurs, les habitants déplacés témoignent avec pudeur et tristesse de leur abandon.
>>> Un film produit par Plan B Films
Biographie du réalisateur
Mamadou Khouma Gueye est un réalisateur et scénariste sénégalais. Étudiant à Dakar, il se forme à la critique cinématographique au sein de l'Association sénégalaise des critiques de cinéma et milite pour un plus large accès au cinéma. De 2008 à 2013, il coordonne des projections avec Ciné banlieue, à Dakar. Il est membre fondateur et actif de l'association Plan B films Sénégal. En 2016, il fut membre du jury du festival de films Pêcheurs du monde.
THE LONG COAST
THE LONG COAST
de Ian Cheney (2020 - 80’)
Une série de portraits de pêcheurs, de femmes aquacultrices ou pêcheuses, d’hommes et de femmes engagés dans des activités liées à la pêche. Des images poétiques qui rendent compte des passions, des problèmes et des réponses face au changement climatique. Produit et réalisé par des femmes, ce film montre la féminisation des métiers de la mer et la grande diversité de la pêche sur la côte du Maine dans le Nord-est des États-Unis.
>>> un film produit par Wicked Delicate
Biographie du réalisateur
Le réalisateur américain Ian Cheney vit dans l’État du Maine. Diplômé de l’université de Yale et de l’École des beaux-arts du Vermont, il a réalisé 13 films documentaires depuis 2007. Il a notamment été nommé aux Emmy Awards pour son documentaire The City Dark (2011) traitant de la pollution lumineuse. Pour son dernier film The Long Coast, il se tourne vers le littoral de son État du Maine pour documenter le monde de la pêche.
AZA KIVY (L’ÉTOILE DU MATIN)
AZA KIVY (L’ÉTOILE DU MATIN)
de Nantenaia Lova (2020 - 77’)
Déjà confrontés au pillage de leurs ressources par les chalutiers industriels chinois, les pêcheurs côtiers sur leurs pirogues à voile au sud-ouest de Madagascar s’opposent à l’installation d’une gigantesque exploitation minière australienne. Pêcher, c’est la vie d’Edmond comme celle de tous les Vezo. Andaboy est leur plage sacrée qui, selon les ancêtres de ce peuple de la mer, doit rester intacte pour les générations futures.
>>> un film coproduit par Endemika Films et Papang Films
Biographie du réalisateur
Né en 1977 à Madagascar, Lova Nantenaina quitte son île en 1999 pour suivre des études de sciences sociales et d’audiovisuel en France et à La Réunion avant d’intégrer l’École de cinéma de Toulouse (ESAV). Avec sa société de production Endemika Films, il réalise plusieurs films documentaires sur son pays Madagascar. Son dernier documentaire, Aza Kivy (Étoile du matin), est sorti en 2020.
LA MER EN HÉRITAGE
LA MER EN HÉRITAGE
de Mégane Murgia (2021 - 26’)
Kelou a 26 ans. Originaire de Lesconil, en Pays bigouden, il est viscéralement attaché à l’océan et multiplie les activités pour profiter des plaisirs que la mer lui offre. Les questions qu’il se pose sur le mode de vie qu'il a envie d’adopter, le convainquent de devenir marin pêcheur. Il découvre alors ce monde mystérieux de la pêche qui entre transmission, savoir-faire et culture locale, donne tout son caractère au Pays bigouden.
>>> un film produit par Bleu Iroise
Biographie de la réalisatrice
Au cœur des dunes finistériennes, Mégane Murgia a construit son quotidien autour du cinéma et de l’océan. Après des études de cinéma à l'université de Rennes, elle retourne sur le rivage avec le besoin de filmer. C'est la mer qui l'inspire, ses couleurs comme les personnages qu'elle façonne. L’univers sensible de ses films documentaires questionne l’attachement profond au littoral. Elle aborde aussi son travail à travers sa passion pour le surf.
MOR DIOUF : MARIN ENTRE DEUX MONDES
MOR DIOUF : MARIN ENTRE DEUX MONDES
de E. Le Guillermic et D. Morvan (2021 - 52’)
Mor Diouf, marin sénégalais, a obtenu son diplôme pour devenir patron de pêche. Il attend avec espoir d’être naturalisé pour prendre les commandes du chalutier français sur lequel il travaille depuis des années. Ce film brosse le portrait du premier africain à devenir capitaine de pêche en France et souligne les contradictions entre son Sénégal natal, où il n'y a plus suffisamment de poissons pour faire vivre les pêcheurs et les oblige, comme Mor, à l’exil, et la France où il n'y a plus suffisamment de matelots pour armer les navires.
>>> un film produit par Aligal production
Biographie des réalisateurs
Erwan Le Guillermic et David Morvan sont auteurs-réalisateurs. Ils coréalisent des documentaires pour la télévision depuis 2010, notamment pour les émissions Littoral et Thalassa, avec une prédilection pour le monde de la pêche. Pour eux, le monde de la pêche dans l’ouest de la France est un puits sans fond de personnages hauts en couleurs, passionnés et inspirants.
BARGNY, QUAND LE FUTUR S’ENFUIT AVEC SES LENDEMAINS
BARGNY, QUAND LE FUTUR S’ENFUIT AVEC SES LENDEMAINS
de Blanche Bonnel (2021 - 32’)
Avec la parole d’Ibe, policier à la retraite qui consacre sa vie à la sauvegarde environnementale et sociale de la commune de Bargny dans la banlieue de Dakar, est révélée la situation problématique de cette communauté menacée par le projet futuriste d’une ville nouvelle au nord et par l’implantation d’industries polluantes (cimenterie et centrale à charbon) sur leur bassin agricole. Ancien village de pêcheurs, Bargny est en outre peu à peu anéanti par l’avancée inexorable de la mer et l’extraction du sable marin.
Biographie de la réalisatrice
Blanche Bonnel a réalisé Bargny, quand le futur s’enfuit avec ses lendemains dans le cadre de ses études à l’École des beaux-arts de Nantes-Saint-Nazaire. Elle a réalisé ce documentaire durant un voyage scolaire de trois semaines au Sénégal, en 2018. Désormais artiste plasticienne, elle aime travailler sur des projets où la réalité dialogue avec l’art. En plus du format documentaire, elle développe des projets d’installations, notamment autour de la sculpture.
L'APPEL DU LARGE : LA MER, DERNIER ESPACE DE NOS CONQUÊTES
L'APPEL DU LARGE : LA MER, DERNIER ESPACE DE NOS CONQUÊTES
La mer, depuis la nuit des temps, façonne nos vies et la destinée des peuples. Elle porte en elle les promesses d’une pêche nourricière et de grandes conquêtes scientifiques, pharmaceutiques…. Elle attire, suscite des vocations et des passions.
Mais elle est aussi aujourd’hui le théâtre d’enjeux économiques sans précédent : capitalisation des océans, exploitations des ressources sous-marines, développement des énergies marines renouvelables… La mer du 21e siècle est aussi au centre des défis environnementaux : pollution, acidification, raréfaction du plancton, et est un espace de migrations, porteuses d’espoirs mais si dangereuses.
La sélection des films du festival interroge : d’un côté on parle de projets d’aires marines protégées et dans le même temps de plans massifs d’industrialisation des océans et des côtes. La volonté de certains de noyer les pêcheurs pour sauver les océans ne vise-t-elle pas à faciliter la mise en place d’une industrialisation maritime ? Ne faudrait-il pas d’abord promouvoir une pêche nourricière durable répondant aux besoins alimentaires notamment des pays du Sud ? Défendre les pêcheurs qui la pratiquent n’est-il pas le plus sûr moyen de protéger le vivant des océans ? Comment concilier pêche et économie durables ?
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