L'éternité sur terre
25/06/2025
Ralentis homme pressé, et viens te reconnecter…
Akeji, le souffle de la montagne nous remet au diapason du monde naturel, au cœur du Japon, en compagnie d’un couple de vieillards qui pratiquent l’art de vivre simplement. Détachés des contingences, de toutes velléités de consommation et de performance, Akeji et Asako vivent dans une cabane au milieu de la montagne, faite de bric et de broc mais avec un sens pratique et esthétique incontestable. En fin de compte, c'est le présent qu'ils habitent, investissant intensément leur quotidien.
En symbiose avec leur sujet, les cinéastes Mélanie Schaan et Corentin Leconte déploient un geste cinématographique qui épouse cette religiosité de l’instant.
La visite des petits-enfants et bientôt la maladie bousculeront ces rituels et mettront Akeji, l’artiste et le sage, à l’épreuve de la finitude. Le temps semble exister mais en réalité il n’existe pas.
AKEJI, LE SOUFFLE DE LA MONTAGNE
AKEJI, LE SOUFFLE DE LA MONTAGNE
de M. Schaan et C. Leconte (2020 - 72’)
Akeji et Asako vivent à l’écart du monde. Descendant de samouraïs, Akeji a été initié à la Voie de la calligraphie. Saison après saison, il s’adonne à la peinture. Le cycle de la nature semble immuable. Pourtant, le temps se fissure.
>>> un film produit par Gilles Padovani, .Mille et une. Films
Étoile de la Scam 2022
Une autre approche du monde
Une autre approche du monde
par Mélanie Schaan et Corentin Leconte
Le Japon est un pays au pouvoir d'évocation puissant. Fascinant, mystérieux, attirant, il est difficile d'échapper à l'imaginaire qui lui est associé. Nous avons d'abord dû laisser de côté nos attentes construites par les livres de Tanizaki ou les films de Mizoguchi, et nous plonger dans la pensée et la mythologie japonaise, les rituels shintoïstes, la poésie médiévale, la faune et la flore.
C’est la force de l'art d'Akeji qui nous a attirés vers lui, son parcours hors du commun. Sur place, nous avons découvert un couple qui sait pleinement habiter la terre. La peinture semble émaner de la nature même, comme une matérialisation des éléments, une incarnation de ces kamis qui peuplent la forêt. Nous avons eu l’impression de renouer avec quelque chose d’essentiel dont il fallait témoigner. Progressivement notre frénésie intérieure s’est apaisée pour laisser de l’espace au rêve, à l’épanouissement de l’imaginaire. Cette autre approche du monde et de la spiritualité a remis la nôtre en perspective. Himuro est un petit coin du monde qui nous parle de notre relation à la terre, au temps, à ce que nous choisissons de vivre. Le cœur du film se trouve là.
Ce qui est frappant en arrivant dans la vallée, c’est une impression que les siècles se superposent, que les temps se dissolvent. Tous nos repères se brouillent. Akeji et Asako cuisinent et font chauffer leur Furo (bain japonais) au bois ; ils s’habillent en kimono. Akeji a une connaissance très fine de l’époque médiévale lorsque les différents arts qu’il pratique (le thé, la poésie, la calligraphie, le sabre) étaient à leur acmé. Ainsi, les changements de saison sont les seuls marqueurs de l’avancée du temps. Et, si les frontières entre les siècles semblent poreuses, il en va de même entre le visible et l’invisible. Pour Akeji et Asako, les kamis sont partout dans la nature. Chaque jour, dans le petit temple forestier, Akeji frappe dans ses mains pour appeler les esprits, invoquer leur protection. Leur spiritualité est presque organique : la coexistence avec les esprits paraît aussi simple qu’avec les animaux. Mais, dans ce lieu où la nature impose ses cycles immuables, les lois de la vie humaine nous ont rattrapés. Akeji et Asako avaient tous d’eux l’air d’être là depuis des millénaires et ils se sont éteints. Seules subsistent les peintures, des traces qui leur survivent et perpétuent leur passage dans le temps long.
Nous sommes arrivés à Himuro avec nos questionnements et nos inquiétudes. Nous cherchions des réponses pragmatiques ; Akeji nous a offert un mystère plus grand. À travers son prisme, tout s’entremêle : rêves et réalité, spirituel et immanent. Il fusionne nature et culture de manière singulière. Il ne se considère pas comme différent du milieu qui l’entoure : il se fond en lui et lui le sublime dans ses toiles. Au cours du tournage, qui a duré 5 ans, nous n’avons pas trouvé de réponses toutes faites à nos questions, pas de solutions clé en main. Mais nous avons expérimenté une autre façon d’appréhender le temps et la nature. Cela nous a marqués profondément, durablement. C’est ce mystère que nous voulions retranscrire à notre façon dans le film. Il ne s’agit pas d’opposer une modernité nocive à une nature atemporelle. Au contraire, le choix de vie d’Akeji et Asako nous sort des oppositions et nous fait faire un pas de côté. Ils ne sont pas détachés du monde, ils ont simplement trouvé une voie pour y vivre. Une voie radicale, parfois rude, mais qui leur permet de résister à une société qui uniformise, efface les reliefs et les fissures, les nuances et les ombres. C’est à deux, couple complice depuis 50 ans, qu’ils nous ouvrent l’horizon.
Mélanie Schaan
Mélanie Schaan
Après des études à Sciences Po Paris, Mélanie Schaan travaille dans la production de cinéma pour les Films du Bélier et les Films Pelléas avant de faire ses armes sur les tournages (équipe réalisation, équipe caméra, casting). Elle est aujourd’hui réalisatrice de documentaires de création et scripte/conseillère musicale pour les captations de spectacle vivant.
Corentin Leconte
Corentin Leconte
Après des études de cinéma à l’université Paris-Sorbonne, Corentin Leconte se spécialise dans les documentaires et films culturels. Il réalise de nombreuses captations de spectacle vivant autour du monde ainsi que des films d’animation, tels que Pierre et le Loup. Il est également auteur de documentaires, notamment L’Alhambra en musiques.
Peintre ermite
Peintre ermite
TÉLÉRAMA >>> Rencontre avec les réalisateurs du film Akeji, le souffle de la montagne. Ils reviennent sur cette expérience extraordinaire qu’ils ont eu la chance de vivre et de filmer, jusqu'à la fin du Maître.
MUSÉE CERNUSCHI >>> Retour sur le parcours du peintre calligraphe Akeji Sumiyoshi, et sur l’histoire ancestrale de la calligraphie.
ZONE-CRITIQUE >>> Les réalisateurs du film Akeji, le souffle de la montagne reviennent sur la création de leur documentaire, et la rencontre avec Akeji et Asako.
23 août 2024 23:38 - Nathalie B..
Cadeau pour contemplatifs ! Une merveille !
72 minutes d'art pur, d’éblouissement et de délectation !
Une sorte de ”Perfect Days” (Wim Wenders) en mieux.
Une thalasso pour l'âme !
Chaque son, chaque image sont d'une beauté époustouflante.
Bref, vous aurez compris que je vous invite fort fort à vous remplir les mirettes de cette avalanche de poésie !
5 août 2024 16:54 - Veillon Guilloux Catherine
Extraordinairement beau et enchanté !
4 août 2024 15:22 - Jimenez
J'apprècie beaucoup ces documentaires. Je fais de la calligraphie japonaise...
7 juillet 2024 22:43 - Sonia
Merci humblement pour ce beau travail. Quel bel exemple de vie et vies.
4 juillet 2024 19:53 - sergi Toscan-Chiaramonti
Une pure merveille....simplement le Vent...Merci...
4 juillet 2024 19:38 - Nicole Tribehou
Merveilleux Merci
3 juillet 2024 22:34 - Sophie
Cet instant de paix et de beauté est un véritable cadeau
Merci
2 juillet 2024 22:15 - Barbanchon
un doux émerveillement. merci
2 juillet 2024 21:52 - Helene Dumont
Une merveille ! Ce pas de côté en compagnie de ces deux etres d’exception …
28 juin 2024 22:12 - christelle
Merveilleux, une très belle découverte. Merci.
26 juin 2024 11:50 - Anne Boissel
Magnifique , un voyage hors du temps qui nous apporte paix et beauté !
Merci
A.