Anjela Duval
Anjela Duval est une référence morale dans Basculement 1&2 de Patrick Prado. Sa devise : Stourm a ran war bep tachen (Je résiste sur tous les fronts).
Poétesse, Anjela Duval est surtout restée paysanne. Elle écrit, à la nuit tombée. Le jour, le temps est trop précieux pour être perdu avec des papiers. Ses poésies concernent principalement la vie qui l’entoure : la terre, les animaux, la nature.
Dans les années 70, alors qu'elle vit ses dernières années, des documentaristes viennent la filmer dans son quotidien.
André Voisin, réalisateur à l’ORTF, pour l’émission Les conteurs, puis Jo Potier et Évelyne Corson pour Le chant de la terre. Ces deux films révèlent aux téléspectateurs l'existence de cette femme à la parole incandescente. À partir de là, elle reçoit des centaines de lettres de toute la France et de pays étrangers ; les visites se font incessantes. Cette subite notoriété chamboulera les dernières années de sa vie.
LE CHANT DE LA TERRE
LE CHANT DE LA TERRE
de J. Potier et E. Corson (1984 - 17’)
Jo Potier et Évelyne Corson ont passé une journée entière avec la poétesse et paysanne Anjela Duval, bretonne de cœur et de sang. C’est l’été, la saison des battages. Alors que l’on observe les paysans s’activer dans les champs, Anjela exprime son amour pour la terre. Paysanne ce n’est pas un métier, dit-elle, c’est un mode de vie, une vocation. Dans son travail à l’extérieur, elle dialogue avec la terre afin de transmettre, par le biais de ses écrits, son message aux générations futures.
>>> un film issu du fonds de la Cinémathèque de Bretagne
Les français découvrent Anjela
Les français découvrent Anjela
En 1971 sur l'écran de télévision, assise dans l’herbe, un chien sur ses genoux, Anjela Duval raconte sa terre à laquelle elle est profondément attachée. Celui qui n’a pas de terre, n’a pas de racines. Avec un humour pince-sans-rire, elle raconte ses journées de travail aux champs lorsqu’elle était enfant et s’étonne qu’aujourd’hui les gens ne connaissent pas la nature. Elle se rappelle de l’interdiction de parler breton à l’école, de son sentiment d’être exilée quand elle était à l’école. Pour elle, cette langue est toute sa vie.
Elle cultive seule les arpents qu’elle a reçu de ses ancêtres : C’est ma nourricière, dit-elle. Elle déplore que les hommes d’aujourd’hui ne respectent plus la terre. Si j’étais plus jeune, je ferai de la culture biologique, sans pesticides (nous sommes dans les années 70). Elle se rappelle les fêtes dans les hameaux où l’on allumait des grands feux au solstice d’été, parle des histoires de revenants ou de bêtes fabuleuses qui faisaient peur aux enfants. Pour elle, le plus important est d’être libre et maître de son temps. Sa plus grande joie : voir réussir ses récoltes.
Anjela dans le texte
Anjela dans le texte
Daté du 3 avril 1972, au moment où est tourné l’entretien ci-joint avec Per-Jakez Hélias, ce poème visionnaire sur le destin des agriculteurs évoque également avec ironie la question de la notoriété et de ses attraits. Elle l’a écrit dans la période des retombées médiatiques de son passage à la télévision nationale. La lecture des poèmes d’Anjela Duval est à la fois plaisante et émouvante.
Pauvre Plouc !
Grand temps que je me modernise / dit Yann
Grand temps que j’achète des machines
Et de faire un emprunt / Bien sûr –
Et de trimer après / Jour et nuit. Dimanches, fêtes,
Sur mon tout. Hardi !
(Pour payer les millions du prêt.)
— Pauvre Yann !
Laisse les machines au magasin
Anjela icône hip hop
Anjela icône hip hop
Le monde s’organise pourquoi faire on n’sait plus
Mais on a rasé les talus et les bois ne sont plus
Le temps a passé sur la vie d’Anjela…
Le groupe breton Unité Maü Maü dédie son Chant venu de la terre à Anjela Duval, un titre qui figure dans leur premier album, enregistré en 2012 au Studio du faune à Montauban-de-Bretagne (mix. Antoine Thibaudau). Le clip commence par la voix fluette d’Anjela qui dit : Le plus important (dans la vie) ? Être libre.
Unité Maü Maü est une créature à sept têtes, six chanteurs enragés et un Dj, qui dénonce l’injustice et le chaos du monde. Si les paroles sont accablantes, elle ne sont jamais désespérées. Le collectif existe depuis la fin des années 2000, fruit de plusieurs périples dans l’hémisphère sud, d’une volonté forte de prendre part au changement (infos complètes).
Le refrain du Chant venu de la terre
D’une noblesse caleuse, pauvre à millions
Des bras de l’homme, de la grâce d’une mère
Du son de la tranche, de l’odeur des sillons
Un hommage à l’échange, aux désirs de transmissions
Des savoirs analphabètes snobés par l’instruction
Une ode à la vie, un hymne à la terre
Aux futurs de nos enfants, à la mémoire de nos grands-pères
Anjela Duval
Anjela Duval
Anjela Duval, née en avril 1905 à Vieux-marché près de Plouaret dans les Côtes du nord, est morte en novembre 1981 à Lannion. Dès les années 40, elle avait repris la ferme de ses parents dont elle était la fille unique, son frère et sa sœur étant décédés avant même sa naissance. Paysanne pauvre et simple, qui vit seule, elle écrit ses poèmes après sa journée de travail aux champs, sur un cahier d’école, dans sa petite maison du Vieux-Marché à Traoñ an Dour, un hameau isolé qui ne compte alors plus que trois habitants.
Elle lit le breton depuis très jeune et se met à l’écrire dans les années 60. Elle n’a fréquenté l’école que jusqu’à l’âge de 12 ans, suffisamment toutefois pour bien parler le français. Elle collabore à la revue Ar Bed Keltiek, ce qui est exceptionnel pour une paysanne.
Le style d’Anjela Duval constitue un pont entre le breton littéraire et le breton populaire et dialectal. Ce n’est pas seulement son œuvre qui la différencie des autres auteurs bretons, c’est toute sa vie qu’elle a consacré à chercher la vérité au-delà des apparences et sans se soucier de ce que ses contemporains pouvaient penser d’elle ou de sa quête. Elle a trouvé le bonheur en donnant sa vie aux autres. Gilles Servat, qui a appris en grande partie le breton à Traoñ an Dour (le hameau où Anjela a passé sa vie), lui consacre une chanson.
L'un des symboles du revival Breton
L'un des symboles du revival Breton
RHIZOMES >>> Deux parcours de femmes, l’une en Limousin, l’autre en Trégor, Marcelle Delpastre et Anjela Duval, toutes deux sont paysannes et poètes, toutes deux écrivent dans leur langue natale, l’occitan pour l’une, le breton pour l’autre. Une exposition pour parler de poésie, d’engagement et de matrimoine.
TRAON AN DOUR >>> Gilles Servat, dont l'apprentissage du breton se fit en grande partie à Vieux-Marché lui consacra en 1996 la chanson Traoñ an Dour en hommage au hameau où vivait Anjela Duval.
BRETANIA >>> Retrouvez des articles, photos, sons à propos d'Anjela Duval sur le fonds Bretania.
FESTIVAL DU LIVRE EN BRETAGNE >>> Anjela Duval est mise à l’honneur du Festival du livre en Bretagne pour les 40 ans de sa disparition. Tristan An Nedeleg la représente sous forme de graff pour l’affiche du festival.
BRETAGNE & DIVERSITÉ >>> Poème d'Anjela Duval - Mon Village / Va C’hêriadenn adaptation libre par Alyson Cléret.
OUEST-FRANCE >>> Tailler la culture bretonne dans la pierre : pour Anjela Duval, du granit de Perros-Guirec. L’association Krommlec’h porte le projet d’un monument rendant hommage à des figures marquantes de la culture bretonne.
LE TÉLÉGRAMME >>> Anjela Duval devient l’un des symboles du revival breton de la seconde moitié du 20e siècle. En ces années 1970 où la Bretagne entre de plain-pied dans la modernité, elle en vient à incarner la société rurale traditionnelle, sa langue, ses rythmes et une vieille sagesse paysanne en train de disparaître.
ACTU >>> Pour la première fois, les archives de la poétesse Anjela Duval sont rassemblées et accessibles au public grâce à la médiathèque de Lannion. 41 cahiers ont été recensés. Une oeuvre écrite entre 1961 et 1981, reconnue à l’échelle de toute la Bretagne et au-delà.
26 février 2019 15:41 - Anne-Sophie Boisgallais
Angela Duval est présente dans le film documentaire de 1974 Nag ar vazh nag ar vezh et on la voit en compagnie avec Gilles Servat. Cette rencontre a été organisée par Philippe Cassard pour les besoins du film.