L'art de l'autre
Vis-à-vis
Deux visages se font face, se croquant à tour de rôle, se saisissant réciproquement, révélant l’autre au travers de la subjectivité d’un trait sensible. L’art de l’autre, c’est l’histoire du regardeur regardé, de l’artiste qui se risque à être modèle, à charge de revanche.
Antoine Tracou a proposé ce dispositif à Mariano Otéro et Jean-Pierre Le Bozec, deux peintres vivant à Rennes, à portée de vélo l’un de l’autre. L’expérience se déroulera en deux temps, à quelques mois d’intervalle. Au fil des séances, tantôt dans l’atelier de l’un, puis de l’autre, ils se découvrent, se racontent, se livrent.
Les portraits deviennent de plus en plus existentiels, pénétrants, scénarisés. Effet de miroir, où les âmes se sondent en silence, avec juste le son de l’outil qui frotte le support pour y déposer son pigment, et celui du doigt qui fait d’un trait une volute, le tout sous le regard de deux caméras. L’art de l’autre nous met dans ce questionnement de la démarche du portraitiste, en but à la vraisemblance qui est une fiction, la vérité de l’autre. Une image juste ou juste une image ? Les deux hommes et le cinéaste qui les filme tournent subtilement, et non sans humour, autour de cette pensée sibylline.
L'ART DE L'AUTRE
L'ART DE L'AUTRE
un documentaire d’Antoine Tracou (2017)
Mariano Otéro et Jean-Pierre Le Bozec ont consacré leurs vies à la peinture. À 74 ans, ils s'engagent dans une aventure artistique et humaine inédite. Ils s'apprêtent à faire leurs portraits respectifs en changeant de place et de rôle, tour à tour modèle et portraitiste l’un de l’autre. Ce jeu de miroirs les amène jusqu'au musée du Prado à Madrid, face à une œuvre majeure de Vélasquez Les Ménines qui marque l’histoire de l’art en questionnant le rapport du peintre à son modèle. Dans l’intimité de leurs ateliers et au cours de ce voyage se poursuit l'histoire d'une complicité de plus de cinquante ans. Le temps d’un film, la rencontre et l'art du portrait se confondent.
UNE ESCAPADE COMPLICE
UNE ESCAPADE COMPLICE
par Antoine Tracou
L'aventure artistique dans laquelle nous nous sommes lancés se confond avec l'envie de mieux nous connaître. Ce film est donc aussi une aventure humaine qui enrichit leur rencontre et m’engage à leurs côtés. Ce mouvement d’altérité où l’Autre est la condition même de la création. Il a guidé mon regard. Dans leurs échanges, il arrive parfois que le modèle questionne le peintre en évoquant un souvenir. Dans ces moments, la place du portraitiste et du portraituré se déplacent. La place de chacun est plus mouvante qu'il n'y paraît. Je me suis attardé là où le portrait est en train d’apparaître, dans l’acuité des regards. Mon intention était de mêler intimement ces personnages de chair et aussi de carton et de pastels. Ce sont tout autant eux que leurs représentations qui sont les personnages de ce film.
Ma rencontre avec ces artistes est aussi une rencontre entre deux médiums spécifiques. Le cinéma et la peinture n’ont jamais cessé de se nourrir mutuellement. Le pari formel du film est de mêler la fixité de la peinture, art de l’espace, aux mouvements du cinéma, art du temps. Le mouvement et le temps permettent de saisir le hors champs du travail de la peinture. Ce processus m’a permis de dépasser la juxtaposition de leurs deux personnes, pour fixer la substance de nos rencontres respectives : la leur qui se poursuit depuis plus de cinquante ans et la mienne avec eux, plus récente et à laquelle le film participe. Au cours de notre voyage vers Madrid, à la rencontre de Vélasquez, j’ai pu les saisir au-delà du huis clos des ateliers. Debout, marchant, mangeant, faisant la sieste... détachés de leurs habitudes. Ce voyage a été une escapade complice. Ce film retranscrit le plaisir que nous avons eu à passer du temps ensemble. Entre eux se jouent toute une variété de sentiments, de sensations, de questions liées à leurs souvenirs comme à leurs présents. J’invite le spectateur dans l’intimité de ces deux vies riches et intenses.
L'ATELIER DOCUMENTAIRE
L'ATELIER DOCUMENTAIRE
Antoine Tracou, auteur et réalisateur de L'art de l'autre, revient sur la genèse et le processus de fabrication de son film.
MARIANO OTERO
MARIANO OTERO
Mariano Otero est le fils d’Antonio Otero Seco, écrivain, poète et journaliste espagnol républicain, contraint de s’exiler en France en 1947. Arrivé à l’âge de 14 ans en France où il rejoint son père, en 1956, il entre un an plus tard aux Beaux-arts de Rennes avec son frère aîné, Antonio. À la sortie de l'École, ils créent à Rennes L’Atelier des Trois avec Clotilde Vautier (future épouse d’Antonio), et exposent leur œuvre dans des galeries de Bretagne et de France. En 1973, Mariano Otero fonde le Cercle espagnol de Rennes, puis en 1999 le Centre culturel espagnol de Rennes dont il devient le président. En presque 60 ans de carrière, le plus breton des peintres espagnols a exposé à Paris, Madrid, Londres, New York, Bruxelles et dans plusieurs villes de France et d’Europe.
source : Rennes autrement
JEAN-PIERRE LE BOZEC
JEAN-PIERRE LE BOZEC
Né en 1942, Jean-Pierre Le Bozec est un pastelliste pénichard (il vit sur une péniche) qui vogue et travaille sur la Vilaine, à Rennes.
Il a fait ses études aux Beaux-arts de Rennes, avant d'y devenir professeur, et de Paris. Il se consacre au dessin et au pastel. Après une longue pratique de la peinture au début des années 70, il redécouvre la figuration du corps humain et décide de retourner à l’essentiel : le dessin. Quelques expériences fascinantes, nourries par le voyeurisme du dessinateur déclenchent une suite de grands dessins violents dans un univers de clair-obscur glissant peu à peu vers l’autoportrait.
C’est à cette période qu’il commence à assombrir les espaces afin d’accentuer la luminosité de l’action. La recherche d’un noir intense et profond l’oriente vers le pastel qui le guide vers la représentation d’univers féminins. Véritable hymne à la féminité, ces jeunes filles sont représentées telles des nymphes promises au printemps éternel. Certaines de ces créatures sont issues de ses longues errances dans les musées marquées par des époques, des artistes, des œuvres : Botticelli, Millet, Vermeer avec sa jeune fille à la perle devenue une jeune Hollandaise un peu crâneuse. Les pastels de Jean-Pierre Le Bozec véhiculent un érotisme et une sensualité à travers une palette veloutée travaillée à partir de diverses couches fondues sur la toile et gommées par endroits. Virtuose du pastel, maître de la lumière, les oeuvres de Jean-Pierre Le Bozec sont également empreintes d’humour.
source : la Matmut pour les arts
ANTOINE TRACOU
ANTOINE TRACOU
Né dans les Alpes en février 1963, gascon d’origine, rennais depuis novembre 1963, Antoine Tracou décida très jeune d’être breton. Il faut bien être de quelque part ! À 20 ans, il en prendra le travers en s’exilant à Paris pour faire sa Bécassine comme assistant à la télévision. Antenne 2 et TF1 l’initient aux rudiments de la caméra. Puis il poussera les portes de quelques magazines ambitieux aujourd’hui disparus du PAF : Brut, Archimède (Arte) avant de réaliser des documentaires pour France 5 sur l’environnement et la science. Régulièrement, il s’éloigne de la télévision pour réaliser des films pour des ONG - Médecins sans frontières, une série sur la discrimination des personnes séropositives pour Sidaction, ou encore des films de sensibilisations pour Sparadrap, une association qui œuvre auprès des enfants à l’hôpital. Il revient s’installer à Rennes en 2008 pour quelques bolées d’iode à la faveur d’une collaboration avec le magazine Littoral de France 3 Ouest. Ses projets se partagent aujourd'hui entre le développement de l’atelier d’ARAN qu’il a participé à créer en janvier 2010 avec Ariel Nathan et la réalisation de films documentaires.
Ses documentaires pour la télévision
Trop tard – 2003
Une sale histoire – 2001
La modélisation des comportements – 2001
Le théâtre des OGM – 2001
Le journal d’Esther - 2009
30 janvier 2018 00:42 - ludivine
Après 3h sur Kub, on en redemande. Difficile de s'arrêter tellement les sujets et leur traitement me captivent. Merci !
14 janvier 2018 19:02 - Jouan rosine
Belle découverte de ce filme et de votre page qui a été proposé à notre groupe informel de portraitistes au Savannah café du Courégant (ploemeur) par Philippe leconte plasticien à Guidel.....les réseaux quand c'est ça c'est bon bon