La petite cérémonie

La Petite cérémonie

Pour sa première fiction, Bénédicte Pagnot choisit d’entrer dans l’œil d’un cyclone : Frédérique vient d’apprendre la mort de son homme, le père de ses deux jeunes enfants. Dans la maison tout semble encore normal : le père est habituellement absent en journée et les enfants « savent » qu’il va rentrer ce soir. Le film explore cette béance dans laquelle la mère se débat seule, repoussant la sollicitude de la famille pour ne pas alerter les enfants, surtout Alice en âge de comprendre. Entre hébétude et peur d’être engloutie par le chagrin, la mère essaie de sauver les apparences, de différer le moment de l’annonce.

Ne cédant à aucun pathos, Bénédicte Pagnot met en scène l’intériorité de ses deux personnages.

La mère, sonnée, incrédule, pudique pour ne pas effrayer les enfants, mais sans faux-semblants quand il s’agit d’expliquer que la disparition du père est sans retour, sans consolation possible.

La réalisatrice évoque la disparition de l’autre en abolissant le contrechamp, jusqu’à ce qu’Alice prenne la place en vis-à-vis et organise avec sa mère un rite de passage improvisé.

BANDE-ANNONCE

LA PETITE CÉRÉMONIE

un film de Bénédicte Pagnot (2001)

Retrouvez ici la bande annonce de cette oeuvre (les droits de diffusion sur KuB sont arrivés à échéance).

Frédérique vient de perdre son mari, le père de ses deux jeunes enfants. Après avoir évité la confrontation avec Alice, leur fille aînée, elles vont improviser ensemble une cérémonie d’adieux.

FICHE PÉDAGOGIQUE

LITOTE

La petite ceremonie - plage

Tout le travail de Bénédicte Pagnot repose sur la litote. Elle fuit le pathos, les effets grandiloquents, auquel le sujet aurait pu facilement se prêter. Ainsi ne connaît-on pas les circonstances de la mort de Yann (“un accident”, entend-on au détour d’une phrase), pas plus que nous ne voyons le moment, pourtant riche en potentiel dramatique, où Frédérique apprend le décès de son mari.

En 2009, dans le cadre de Lycéens & apprentis au cinéma en Bretagne,

Clair Obscur éditait une fiche pédagogique très complète à partir de La petite cérémonie.

BIOGRAPHIE

BÉNÉDICTE PAGNOT

Bénédicte Pagnot

Bénédicte Pagnot naît en 1970 à Elbeuf (Haute-Normandie). Après une Maîtrise d’études audiovisuelles à l’université Toulouse le Mirail, elle devient assistante de réalisation, régisseuse et chargée de casting sur des tournages en Bretagne où elle a choisi de s’installer. C’est en 2001 qu’elle réalise La petite cérémonie (sélectionné par une vingtaine de festivals et primé par huit, dont le Prix du Public au Festival Premiers plans d’Angers) ; suivront deux autres fictions courtes La pluie et le beau temps (2008) et Mauvaise graine (2010) et trois documentaires Derrière les arbres (2004), Avril 50 (2006) et Mathilde ou ce qui nous lie (2010), en parallèle d’ateliers en milieu scolaire, universitaire et pénitentiaire.

En 2013 sort au cinéma son premier long métrage de fiction Les lendemains (Prix du Public au Festival Premiers plans d’Angers), et en 2017 Invitation à un voyage en Islam, un long métrage documentaire.

REVUE DE PRESSE

DU SCÉNARIO À LA RÉALISATION

La petite cérémonie - portrait

Bénédicte Pagnot sans cérémonie

Ouest France>>> Avec cette Petite cérémonie si touchante, Bénédicte Pagnot explore le thème du deuil en toute pudeur et avec grande intelligence. La production n’aime pas trop que je le dise mais j’ai mis quatre ans et demi à faire ce court. Celle qui a fait le choix de l’économie des mots, la veuve devait être soit très bavarde, soit se taire parce qu’elle a du mal à dire, a encore ôté des dialogues lors du montage pour livrer une copie très épurée de son film. Servi par une actrice remarquable, Mireille Roussel, ce court devrait en appeler un autre. J’ai envie de beaucoup de personnages et que ça bouge. Le long-métrage ? Ah, non. Non, non. Espérons qu’elle puisse changer d’avis. (Ndlr : Bénédicte Pagnot a réalisé son premier long métrage Les lendemains, en 2013)

Entretien avec Cécile Pélian [Lettre de Films en Bretagne]

Lettre de Films en Bretagne >>>

As-tu eu envie d’écrire avant de réaliser ou de réaliser avant d’écrire ?

J’ai envie d’écrire des scénarios depuis que j’ai 10 ans. J’adorais regarder les films et raconter des histoires. J’ai demandé à mon père comment s’appelait ce métier et il m’a répondu scénariste. C’est à partir de là que j’ai voulu écrire pour le cinéma.


Premier film

L’envie de réaliser est venue plus tard, lorsque j’ai appris que le scénariste ne décidait pas de tout. J’ai commencé à écrire le scénario de La petite cérémonie en 1997 suite à un décès dans ma famille. Le film n’est pourtant pas auto-biographique, j’avais surtout envie de traiter la construction que se font les personnes vivantes autour du deuil.

Quels sont les obstacles et les joies que tu as rencontrés dans la réalisation de ce premier film ?

J’ai déjà réalisé un court métrage alors que j’étais étudiante, il y a 8 ans. Ce tournage ne s’était pas bien passé et je n’ai pas pris beaucoup de plaisir à le réaliser. J’ai aimé écrire le scénario, mais j’appréhendais la réalisation, ne sachant pas bien comment m’y prendre. Ensuite, j’ai travaillé sur des tournages et j’ai vu des équipes fonctionner. Quand j’ai tourné La petite cérémonie, j’étais à la fois angoissée que cela se passe aussi mal que le premier et, en même temps, l’idée de m’entourer d’une équipe que je connaissais – ou qui étaient des personnes sur la même longueur d’onde que moi – me rassurait. Effectivement, la bonne surprise est que ça s’est très bien passé. Les conditions et les moyens pour le tournage n’étaient pas les mêmes que lorsque j’étais étudiante. J’ai trouvé une productrice qui aimait le projet et a tout fait pour que cela se réalise. Son soutien et celui de l’équipe a été très important. Avant de rencontrer Florence Auffret des Films de la Grande Ourse, je suis allée voir une productrice qui voulait que je change toute la fin de mon scénario. Ça ne pouvait donc pas marcher puisque cela ne m’intéressait pas de réaliser une histoire écrite différemment.

Cela me motive pour essayer d’en écrire un nouveau. Les premières fois, j’ai écrit car j’avais envie de ça, je n’étais pas dans une dynamique de réalisation. Maintenant, si je réécris un court, ce ne sera pas dans le même état d’esprit. Ce sera dans l’idée que j’écris pour que cela devienne un film. J’ai envie de renouveler l’expérience de réalisation. Cependant j’ai vraiment besoin de bien travailler sur le scénario avant de tourner. Mais ce n’est pas obsessionnel chez moi. J’aime les différentes étapes, de l’écriture à la réalisation. Je ne ferais pas n’importe quoi pour me trouver dans une situation de réalisation.

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    Bénédicte Pagnot

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