Stop All Jerk
L’élégance de ce clip est celle des vaincus, des perdants magnifiques.
Réalisé par Armel Gourvennec pour Bikini Machine, Stop All Jerk conserve sans se déguiser, l’élégance des modèles qu’il convoque, tout en inventant quelque chose qui n’appartient qu’à lui.
Le film, tourné dans l’impeccable noir et blanc des classiques hollywoodiens des années cinquante, fait se succéder quatre saynètes : un groupe de rock échouant à une audition devant un producteur impatient, un jeune boxeur prenant une raclée sur le ring, un couple d’acteurs jouant une dispute conjugale et se faisant engueuler par le réalisateur, enfin un petit garçon désespérant son professeur de guitare.
Quatre courtes scènes pour autant de couplets/refrains, quatre histoires de déception, d’humiliation, sans horizon de revanche. Le garçonnet aux lunettes à grosses montures, qui pleure sur sa guitare, laisse place, à travers le montage, au guitariste de la première scène, qui est aussi l’homme qu’il est devenu, et à qui on n’a sans doute jamais cessé de dire non, ou de dire stop. Le regard dans le vide, alors que les autres remballent leur matériel en silence, il range dans son étui la partition du morceau qu’il avait déjà échoué à exécuter, plus tôt dans le clip, alors qu’il était enfant.
Il est assez rare de voir un clip se terminer sur une note aussi amère. C’est sa première particularité : son élégance est celle des vaincus, des perdants magnifiques. La seconde tient à l’imaginaire que brasse ce clip, qui emprunte autant au grand cinéma classique hollywoodien (du film noir au mélodrame et de Robert Wise à Douglas Sirk) qu’à l’histoire du clip, l’une des références de Stop All Jerk étant sans doute à chercher dans l’un des très grands clips de la fin du 20e siècle, celui réalisé par Doug Nichol pour le morceau This is hardcore du groupe britannique Pulp, en 1998.
Assumer l’hommage sans plagier, émouvoir sans exagérer, inventer sans chercher forcément à surprendre : voilà le bel équilibre d’un clip qui réussit le très difficile exercice d’être contemporain sans céder aux sirènes du pastiche, sans tomber dans l’épaisse marmite postmoderne, et, osant l’allusion, parvient à montrer qu’en ne cherchant pas trop à être classieux, on peut encore être classique.
Eric Thouvenel
STOP ALL JERK de Bikini Machine
STOP ALL JERK de Bikini Machine
réalisé par Armel Gourvennec (2014 - 4'47)
BIKINI MACHINE
BIKINI MACHINE
En 2001, alors que le groupe n’a presque aucun concert à son actif, il est programmé aux Transmusicales. Les réactions suscitées les confortent dans l’idée de persévérer. En 2003, Bikini Machine joue aux Vieilles Charrues et signe avec le label Platinum records. L’album An introduction to Bikini Machine enregistré et mixé par leurs soins sortira en septembre 2003. Puis tournée en Suisse, Belgique, Allemagne, Ukraine. En 2004, le groupe est contraint au repos forcé en raison de la maladie de l’un de leurs membres. En 2006, ils passent dans les mains de Ian Caple pour l’album Daily music cooking avec trois morceaux en français, ils combinent l’énergie sixties soul garage à l’esprit yé-yé de Dutronc. The Full Album sort à l’automne 2009. En 2011, à l’occasion du Festival Travelling Mexico de Rennes, le groupe crée un ciné-concert sur le film Desperado de Robert Rodriguez. En 2014, ils sortent leur album Bang on time !
Biographie plus complète sur Wikipedia
ARMEL GOURVENNEC
ARMEL GOURVENNEC
Il a été formé en section « cinéma » à la Bauhaus Universität de Weimar en Allemagne, où il réalise son premier moyen métrage, il entame ensuite un parcours de second, puis de premier assistant réalisateur de longs métrages qui l’amènera à travailler aux côtés de Jean-Jacques Beineix, Luc Besson, Jean-Pierre Jeunet, Steve Bendelack, Emmanuelle Bercot et Michel Hazanavicius. Il réalise en parallèle plusieurs courts-métrages et clips, remarqués en festivals. Il a également écrit et mis en scène pour le théâtre.
Son clip Stop All Jerk a été sélectionné au European Independent Film Festival, au Soul 4 Reel Film Festival (Maryland / US) et au Film Maker International Festival » (Marbella / Espagne)
Bouillant comme le moteur d’une Harley-Davidson
Bouillant comme le moteur d’une Harley-Davidson
Télérama >>> Avec son rock sous influence sixties, le quintet rennais (huit albums au compteur) fait bouger les foules en un tournemain.
Les Inrocks >>> Le rock désinhibé des Rennais dépasse largement les limites de vitesse autorisées pour filer en trombe vers l’efficacité pure.
Magic >>> Son grand talent est toujours d’exploiter les sons et les gimmicks du passé en proposant des hybridations inédites et en sonnant comme si tout venait d’être inventé.
Tsugi >>> De nouvelles perles comme la pop sifflante de Bikini Machine.
Longueur d'ondes >>> Ou comment une mécanique rock bien huilée, est devenue l’un des meilleurs groupes hexagonaux de « yeah yeah ».
Brain >>> Bikini Machine revient avec un album aussi efficace qu’un satellite Spoutnik, bouillant comme le moteur d’une Harley-Davidson et pas moins facétieux que Jacques Dutronc.
La Bande sonore >>> Les sixties rennaissent et BIKINI MACHINE emporte tout sur son passage.
Quai Baco >>> Les Bikini Machine nous emmènent dans un univers rock fracassant.
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