Ce qu’il reste à finir
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SOMMAIREDiffusion terminée
Un groupe de babas-cool arrivés en Ardèche dans les années 70 tourne un film libertaire vaguement fantastique. Il reste à l’état de rushes que la réalisatrice Lisa Diaz tente d’assembler 30 ans plus tard en compagnie de son père, réalisateur du film d’alors.
Cette histoire pour le moins singulière permet de revenir aux sources des utopies soixante-huitardes auprès de ceux qui ont démissionné de leurs jobs et fait leur retour à la terre, vivant de peu dans une nature accueillante, mettant en pratique une vie et des projets menés en collectivité. Anarchie vaincra, ploum ploum tralala !
Tramant les rushes épatants du film inachevé et la rencontre avec ces utopistes vieillissants, Lisa Diaz réalise un film touchant, qui remue les souvenirs de ces années d’insouciance où la possibilité de changer le monde semblait à portée de main. En tant qu’héritière de cette histoire, elle se demande comment lui donner une forme, comment redémarrer après le passage du rouleau compresseur consumériste. Elle reviendra se nourrir de cette expérience dix ans plus tard, avec Libre Garance ! un long métrage de fiction en salle depuis le 21 septembre 2022.
CE QU'IL RESTE À FINIR
CE QU'IL RESTE À FINIR
de Lisa Diaz (2011- 53’)
En 83, en Ardèche, au crépuscule de leurs années d’utopie, une bande de copains tourne un film. Une histoire sans queue ni tête où le personnage central est une deux-chevaux en rade d’essence qui descend une rivière sur un radeau. 30 ans plus tard, Lisa Diaz hérite de ces rushes jamais montés. Remontant le temps, la réalisatrice cherche à comprendre les inachèvements d’hier et les aspirations d’aujourd’hui. Un voyage sur les traces d’une utopie inachevée.
>>> un film produit par Estelle Robin You, Films du Balibari
Héritière d'un inachèvement
Héritière d'un inachèvement
par Lisa Diaz
30 ans ont passé depuis que mon père et ses acolytes ont laissé leur film inachevé. 30 ans, le temps d’une génération. Le groupe d’amis à l’origine du film s’est dispersé. Je retrouve des individus, des solitudes. J’ai choisi parmi eux les personnages de mon documentaire par affinité élective. Ce ne sont pas nécessairement ceux qui étaient le plus présents à l’image mais plutôt ceux que je reconnais. Ma mère, devenue peintre, mon père, le réalisateur désormais bâtisseur de ruine, Jeannot, le maître du temps qui a perdu son pouvoir. De l’un à l’autre, je récolte des expériences humaines à travers lesquelles j’interroge ma propre vision du monde. Ils recèlent ce à partir de quoi je me suis construite : un idéalisme qui m’a légué ses rêves et ses renoncements.
Parce que ce film est en quelque sorte mon mythe fondateur. J’aime à me raconter que mon envie de cinéma vient de là. Au moment du tournage du film, j’avais tout juste quatre ans. Je me souviens seulement d’une journée, quand les gens descendaient un chemin en portant une deux-chevaux en pièces détachées. Je ne comprenais pas tout, mais j’ai des souvenirs sonores et des images qui me restent.
Ensuite, pendant longtemps, ce film a habité les conversations des uns et des autres : tu le monteras un jour ce film, ou quoi ? demandait-on à mon père. Je ne me lassais pas d’entendre raconter cette histoire de tournage. J’avais rêvé mon propre scénario à partir de ça, mes propres images. J’ai demandé à voir les rushes et c’est vers 18 ans que je les ai finalement découverts. Le trésor que les personnages trouvaient au bout de leur quête n’était autre que les rushes du film pas montés. Comme si, dès l’origine, il y avait eu cette idée que la finalisation du film n’était pas leur objectif premier. Je me présente comme l’héritière de cet inachèvement, l’inachèvement d’un film qui est à l’image de cet idéal délaissé peu à peu par ces gens. Le film a été tourné dans les années 80. Temps des renoncements, où l’on dansait sur C’est comme ça des Rita Mitsouko, en acceptant malgré soi un monde capitaliste, et où l’on entendrait bientôt cette pub IKEA : En 68 on a refait le monde, en 86 on refait la cuisine… Un temps qui n’était plus à l’utopie, où les idéaux avaient fini chimères.
Je me suis saisie de cette matière brute comme si elle m’avait été destinée et j’en ai fait un film au présent, mêlant leurs utopies aux miennes.
Lisa Diaz
Lisa Diaz
Lisa Diaz a grandi dans les Cévennes et vit aujourd’hui à Douarnenez. Après des études de lettres et d’histoire, elle commence à travailler comme scripte puis se lance dans la réalisation de films, documentaires et fictions. Ses courts et moyens-métrages ont été sélectionnés et récompensés dans des festivals français et internationaux. Elle a participé à de nombreuses résidences, notamment le Groupe Ouest, La Fémis, l’école du doc de Lussas, le Boostcamp… Son premier long-métrage, Libre Garance !, sélectionné à Cannes écran junior 2022, sort en septembre 2022.
Expériences communautaires
Expériences communautaires
INA >>> Entretien avec la famille Fontaine, qui a décidé de tout plaquer pour aller vivre dans un endroit reculé des Cévennes dans les années 70.
FRANCE CULTURE >>> Rencontre avec les habitants de l’éco-hameau du moulin de Busseix. Les habitants racontent leur choix de vie original, qui séduit de plus en plus de monde.
FACTUEL >>> Entretien avec Antoine Page, réalisateur du documentaire Chalap, une utopie cévenole. À travers l’interview de plusieurs habitants, enfants d’habitant ou simple cévenole, il retrace l’histoire de ce village et de sa communauté de néo-ruraux venus s’y installer après 68.
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