Le crabe
Pendant que l’air de rien, le crabe fait son travail de sape, le réalisateur filme sa mère sur la plage, flanquée de sa petite-fille. Un jeu s’installe, de pudeur et d’amour, où chacun protège l’autre.
- En fait c’est quoi ta maladie Grand-mère ?
- Un cancer ma chérie.
C’est par ce moment brut, ce diamant de réel, que s’ouvre Cet été là, quand Jean-Philippe Davodeau prend conscience que c’est maintenant ou jamais qu’il faut être présent, attentif, affectueux. Son film saisit l’importance des liens pour endiguer la panique que suscite cette maladie sournoise. Un très beau film sur une humanité qui se régénère, pour faire front face à la mort.
C’est en pleine conscience de sa finitude qu’on ressent soudain l’éminente puissance du temps présent.
CET ÉTÉ LÀ
CET ÉTÉ LÀ
de Jean-Philippe Davodeau (2018 - 32’)
Une île en Bretagne. Une maladie. La famille s'affaire, s'interroge. Au milieu des sternes et des rochers des voix se racontent. Elles chantent aussi le temps qui passe, le combat, la foi.
>>> un film produit par Makiz’art
Archiver les souvenirs
Archiver les souvenirs
par Jean-Philippe Davodeau
Cet été-là n'avait pas vocation à devenir un documentaire. D'abord c'est un geste pour poser des questions, pour gagner du temps, pour archiver des souvenirs. J'avais fléché quelques envies : faire marcher mes parents dans le territoire, les écouter, échanger dans les jardins de mer, poser les questions que Tarkovski aurait aimé poser à sa mère après le décès de celle-ci, filmer le temps qui passe et le temps météorologique (le temps insulaire cher à Jean Epstein). Ensuite il s'agissait de n'être pas trop intrusif, d'essayer avec plus ou moins de bonheur de ne pas trop déranger, de se faire petit, d'observer en silence et parfois de voler des images sur le vif.
Je fais un bilan de nos météos passées : les orages qu'on a traversés, les dépressions, les accalmies, les anticyclones. Tout ce qui fait ce qu'on a construit ensemble dans nos espaces temps, les manquements comme les réussites. Sur le fil j'ai envie de saisir nos souhaits et nos besoins. C'est ça mon moteur quand je filme. C'est une démarche qui coûte quelque chose, on sacrifie une pudeur, une image de soi qu'on voudrait plus intérieure.
Parler.
Parler ici, dans ces jardins de bords de mer, qui ont chacun leur genèse et qui subissent les assauts répétés de la mer et du vent, qui lâchent dans ces lentes opérations un bout de tourbe, un morceau de lande, un bloc d'herbe et de granit. J'ai la sensation que tout parle ici du temps qu'il fait et du temps qu'il nous reste. Et que c'est la qualité de ce temps, la conscience de ce temps-là qui fait que la mort est l'autre face de la vie.
TEMPS MORT
TEMPS MORT
par Jean-Philippe Davodeau
Un été, cet été-là, Jean-Philippe Davodeau filme sa mère et sa famille sur le front d’une lutte contre la maladie et réalise un documentaire intime qui saisit sur le vif l’importance des liens face à la mort. De ce récit au temps suspendu, il tire une autofiction solitaire en cinq monologues.
Comment disposer du temps qu’il nous reste ?
Cinq personnages, cinq paroles nous entraînent dans les imaginaires intimes, à l’épreuve d’un quotidien bouleversé. Les doutes, la solitude, les conflits, le rapport à la mort et au temps qui passe prennent une dimension nouvelle. Entre la matière audiovisuelle et l’incarnation sensible des protagonistes, dans un rapport permanent de champs-contrechamps, le réalisateur-interprète partage son histoire personnelle pour lui donner une résonance universelle et questionner la quête de sens face à la disparition de l’autre.
Quelques dates de spectacles
Au Nouveau studio théâtre à Nantes le samedi 18 septembre à 17h15
À l'espace cœur en scène à Rouans le 8 octobre à 20h
Au passage sainte croix à Nantes les 15 et 16 octobre à 20 h30
Au jardin de verre à Cholet le 19 et 20 octobre à 20h
Au Vallon à Landivisiau le 13 janvier à 20h
JEAN-PHILIPPE DAVODEAU
JEAN-PHILIPPE DAVODEAU
Jean Philippe s’est formé auprès de Thierry Pillon (Cie L’éternel éphémère), Hervé Guilloteau (Grosse Théâtre), Michel Dallaire, Stephan Kaegi (Rimini protokoll), Patrice Douchet (Théâtre de la tête noire), Gilles Granouillet (Travelling théâtre). Il intègre le Collectif Extra Muros en 2010 et signe sa première mise en scène : Correspondances. Depuis 2010 il coécrit et/ou joue dans les pièces du collectif. Il fait partie de la Compagnie La Caravelle pour laquelle il interprète aussi des créations originales.
Récemment il a intégré l'association Poisson hurlant qui réalise des performances et le collectif Makiz'art avec lequel il signe Cet été-là, son premier documentaire. Dans la foulée il réalise sa première fiction Il n'y aura pas de match retour dans le cadre des ateliers de réalisation et continue son travail d'écriture et de jeu. Il fait partie de la formation musicale Croche dedans pour laquelle il écrit et interprète.
Actuellement il travaille à une adaptation du documentaire Cet été là pour le plateau. L'élaboration de ce docu-théâtre accompagné par la Coopération Nantes Rennes Brest sera créé en 2020 et s'appellera Temps mort.
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De l'importance des proches
De l'importance des proches
INSTITUT CURIE >>> Anne-Laure revient sur le moment où elle a appris qu’elle était atteinte d’un cancer du sein. C’est quelque chose que l’on a pas envie d’entendre, […] tout s’effondre. Ensuite viennent les questions : A qui l’annoncer ? Où chercher du soutien ? Anne-Laure explique ses premiers pas dans la maladie.
FRANCE INFO >>> Un enfant sur deux né récemment sera dans sa vie atteint du cancer. Le généticien Axel Kahn, nouveau Président de la Ligue contre le cancer, affirme qu'il est difficile d'imaginer qu'on peut gagner définitivement la guerre contre le cancer.
LE FIGARO >>> Soutien essentiel des malades, les aidants ont tendance à taire leur propre douleur. Les difficultés financières, psychologiques et de santé sont pourtant réelles, comme le montre une étude de la Ligue contre le cancer.
LE TÉLÉGRAMME >>> Prendre du temps pour le patient et ses proches. Guillaume Bronsard, professeur en pédopsychiatrie au CHRU de Brest, a rappelé que plus de temps était nécessaire aux médecins pour mieux prendre en charge les enfants malades et leur entourage.
L'EXPRESS >>> À l'annonce du diagnostic, c'est toute une famille qui bascule. Entre impuissance et besoin de comprendre, l'entourage est souvent déstabilisé mais demeure un rouage essentiel que les équipes incluent dans le parcours de soins.
16 décembre 2020 21:44 - Fantine
Merci pour votre film, plein de dignité et en même temps de fragilité, qui résonne en nous et rappelle combien les liens familiaux sont essentiels pour panser la maladie et l'inconnu. Courage et beaux moments à partager.