A2Z

un clip réalisé par Matthias Bensa (2019 - 5')

Une créature a forme humaine échoue sur une plage déserte. C’est la naissance d’une vie. Entouré d’une mer immense, cet homme va faire ses premiers pas. Son premier regard va se poser sur une chaise, posée dans le sable, avec sur son dossier un manteau aux couleurs de la roche aride. Il le passe. C’est devenu un homme debout, fier et déterminé. Il regarde une dernière fois l’horizon, la mer, sa mère, puis la quitte. Mais cette chaise est là, toujours là. On ne sait pas si c’est lui qui la suit ou si c’est elle qui le poursuit.

Mais elle sera partout, toute sa vie. Jusqu’au moment où il décide enfin de s’asseoir à un repas entre amis dans un grand appartement. Le repos. La contemplation. La petite mort. Cette fameuse mort qu’on évite tant. C’est le grain de sable de sa vie. Tout déraille. La musique devient folle. Il fuit les monstres que sont devenus ses faux amis. Dans sa tête, tout est limpide. Il n’en peut plus. Il faut fuir. Il quitte enfin cette chaise symbole de trahison. Il piétine la crasse et l’enfer, et dans une course effrénée retourne vers les grands espaces vers cet horizon incroyable pour y plonger et tomber dans les abysses.

J’ai déjà réalisé un clip pour Oscar Clark en 2015, Child, avec peu de moyens mais beaucoup d’énergie, de créativité et de bonne humeur. C’est avec plaisir que je me suis lancé dans l’aventure d’A2Z tant cet univers musical m’est familier. La chanson démarre par un orchestre lyrique, puis un blues prend le relai, et ça se termine par un solo de guitare électrique cosmique accompagné d’une batterie délirante.

Ce film, c’est l’histoire d’une vie, de A à Z. Pour être à la hauteur, il m’a fallu un décor puissant : Ouessant. Magnifiquement effrayante.
Là, je n’ai plus qu’à raconter une histoire. La mise en scène ne sera pas modérée. Oscar Clark non plus d’ailleurs. Il s’agit d’aller à l’essentiel. L’écriture s’axe sur quelques symboles fort, la nudité pour la naissance, la chaise comme quête et comme fardeau, la descente aux enfers, le retour du héros et son triomphe dans la mort.
Il faut, dans la réalisation, des univers bien tranchés. La lumière à Ouessant sera naturelle contrairement aux séquences tournées en ville où elle sera artificielle avec des lumières parfois agressives.
J’aime Into the Wild de Sean Penn où le citadin va affronter les éléments. Ici c‘est un homme façonné par la nature qui va vivre l’expérience de la ville et de ses coutumes.

Il était une fois dans sa chambre d’ado - bandana noué autour de la tête, un soupçon de travail acharné et le son d’une première guitare électrique - Oscar s’évertue avec brio à la reprise des morceaux de Jimi Hendrix. Tel un Voodoo child, Oscar Clark façonne les sonorités rock’n’roll et blues profond qu’il arbore sans prétentions mais avec modernité et esprit. Des inspirations qu’il n’hésite pas à entremêler pour donner à sa musique une décomplexion touchante.
L’histoire d’Oscar Clark commence avec un premier EP de cinq titres auto-produit, Introducing Oscar Clark, sorti fin 2016. Une musique hantée et déjà affranchie de toutes règles, entre un blues sinueux des bayous de la Nouvelle-Orléans et le rock’n’roll nerveux de Chicago. La composition est accrocheuse et les refrains entêtants. Ses mélodies susciteront la curiosité de Jo Zeugma (contrebasse) et de Philippe Haxaire (batterie), qui le rejoignent en 2018 pour travailler de nouveaux morceaux.
Le trio s’oriente rapidement vers une propre identité sonore : un groove implacable, une guitare qui flambe et une voix qui brûle et enflamme. Une musique qui ne demande qu’à être écoutée.
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Matthias Bensa est réalisateur mais c’est d’abord vers le métier d’acteur qu’il se tourne. Il commence au Théâtre des Quartiers d’Ivry puis à l’École du Spectacle à Paris. Après le baccalauréat, il est pris en formation d’Art dramatique à l’École du Théâtre National de Chaillot dans les classes de Michel Lopez, Pierre Vial et Jean-Claude Durand. Il fait ses débuts sur scène notamment avec Hans Peter Cloos au Théâtre de la Madeleine dans la Danse de Mort de Stringberg et au Théâtre de l’Est Parisien dans Une Famille Ordinaire de J. Pliya.
Depuis il tourne dans des publicités, on peut aussi le voir en guest récurrent dans la série Scène de Ménages ou Access. En parallèle, il fait partie de la troupe d’impro Les colocataires avec laquelle il joue à la Comédie de Paris ou au Palais des Glaces.
Amoureux du cinéma et de l’image, il se forme à l’École des Gobelins en tant que chef opérateur, puis se lance dans la réalisation de fiction. Il réalise un premier clip pour Oscar Clark Trio, qui sera le début d’une longue histoire.
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