J’ai cherché

cover amour poubelle

Nul besoin d'ironiser à mes dépends, je m'en charge moi-même. Paul Klee

La modestie a généralement du bon. Cette qualité se présente partout chez Amour Poubelle, que ce soit dans sa pop lo-fi ou dans des textes assumant la banalité des sentiments décrits. Cette humilité se retrouve également dans des vidéos ayant juste la prétention de faire sourire tout un chacun, plutôt que de faire ricaner une poignée d'avertis, en compensant un manque flagrant de moyens par une poétique et omniprésente autodérision.

J'AI CHERCHÉ d'Amour Poubelle

un clip réalisé par Robin Chevallier (2017-3'02)

CHRONIQUE

Deux rives

Je prends des images d'Internet, je les modifie, je les y remets.

Le clip J'ai cherché nous promène entre deux rives. Aussi faut-il un temps d'adaptation pour déterminer si les images faisant office de décor ont été réalisées par Robin Chevallier (également fondateur du groupe) ou s'il s'agit de found footage : extraits réemployés, remontés, décontextualisés afin de servir un propos - ce qui est le cas ici avec le réemploi d'images de promotion touristique.

Lana Del Rey dans

Video Games

(2011)

utilise ce procédé lorqu'elle réalise elle-même ce clip, ou encore Coldcut et Hexstatic lorsqu'ils produisent leur création audio+visuelle Timber (1997).
Ce qui fait l'intérêt des images de fond de J'ai cherché, c'est qu'elles ne se retrouvent justement pas en arrière-plan mais en surimpressions plus ou moins prononcées, qui provoquent un certain flottement, comme s'il s'agissait d'images d'ailleurs.
C'est ainsi que l'on se retrouve entre deux rives. Où se situe l'ici-et-maintenant de cette histoire ? Si le groupe rennais a probablement tourné à la maison les images le représentant, les autres images viennent d'ailleurs, du cadre urbain de Manhattan (Broadway, Maiden Lane), de montagnes, de chutes d'eau et de plages états-uniennes.


Mais surtout, ces images proviennent d'internet ! Et là s'opère une boucle dans la mesure où les clips aussi modestes que ceux d'Amour Poubelle sont visionnés sur YouTube. Démarche anthropophage (je prends des images d'internet, je les modifie, je les remets sur Internet, ad lib) qui s'inscrit néanmoins dans le processus artistique habituel (je m'inspire d'images pour en faire une œuvre, je la diffuse). Nous pouvons voir deux autres rives entre lesquelles navigue J'ai cherché : ici le groupe dans un défilement linéaire, et là les images pré-enregistrées qui défilent au ralenti, en time-lapse, en boucle ou à l'envers (il pourrait presque s'agir de gifs) et représentant une forme d'idéaux sortis du rêve américain en quelque sorte. Les deux sources permettent de renforcer la présence d'un univers mental fantasmé s'incrustant dans le quotidien et pourtant comme constamment rêvé.

Enfin, deux rives encore sur le thème de l’élégance vestimentaire. S'il semble extrême de parler de costumes dans le cadre de ce clip, les tenues portées par les deux membres du groupe peuvent être vues en opposition ou en apposition. Dans cette petite robe noire plissée, à mi longueur et aux manches trois-cinquième ajourées par des broderies, Julie Durand est presque apprêtée. Robin Chevallier, lui, en jean bleu et pull gris, ne l’est pas... à moins qu'apparaître ainsi dans son clip soit une posture.

Oui, cette série de décalages emprunts d'autodérision apporte tout son charme à Amour Poubelle. Que ce soit dans son clip, ses paroles, sa musique... et le nom du groupe !

INTENTION

Un Times square rennais

par Robin Chevallier, fondateur, compositeur et réalisateur

Ces jeunes gens ne font que ce qui leur plaît sans chercher à rentrer dans le moule. La chanson raconte l’histoire d'amour d’un couple de bretons aux États-Unis, ils y sont allés mais en oubliant leur caméra... alors de retour à Rennes, ils ont bloqué quinze minutes de leur temps précieux pour tourner des images nonchalantes d'eux-mêmes sur fond de Times square.
Cette chanson et ce clip sont à l’image d’Amour Poubelle : pop, décalé, facile, fragile. On fait ce qu’on peut avec les moyens du bord. Les chansons, comme les clips s'écrivent en dix minutes, montre en main. On y parle d'amour.

BIOGRAPHIE

AMOUR POUBELLE

Amour Poubelle Mat Revault j'ai cherché

Amour Poubelle c'est l'histoire d'une fille et de quatre mecs qui se sont rencontrés sur Tinder. Ils se sont vite trouvés des points communs : des affinités partagées pour les musiques amoureuses et en plastique, depuis ils sillonnent la France en 205 GTI pour partager l'art de la pop fragile et faire chiller les cœurs abandonnés.
Amour Poubelle se veut être un groupe de pop, tirant vers une approche lo-fi tant au niveau du son, des paroles que de l'image.

Leur équation est : prise de tête + compliqué x se prendre au sérieux = 0.

REVUE DU WEB

Classe-écotranquille

GONZAI >>> Qui marchera dans les pas de Daho, Fontaine et Katerine ? Pochette maison, chœurs assurés par la copine, petite entreprise lo-fi qui ne se prend pas au sérieux mais y met tout son cœur.

COMMENTAIRES

  • 7 avril 2018 19:09 - Christine LE GLAZ

    Je ne vous dérange que presque pas. Notre jeune amie Faustine qui nous avait fait découvert votre album, a remis ça et on a écouté et regardé plusieurs fois votre clip «J'ai cherché». C'est une grande fan.
    Voilà pour l'introduction. Alors, ça nous a plu, c'est épatant, bref, compliments à vous deux. J'aurai l'occasion d'en dire plus, lors d'un lundi, sans doute. Sachons garder de bonnes choses, pour plus tard...
    La bande de Christine et sa guitare...

CRÉDITS

réalisation et musique Robin Chevallier et Julie Durand

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