Comme il vient

un clip réalisé par Marion Auvin (2020 – 3’)

par Marion Auvin

Gaël Desbois m’a présenté son morceau Comme il vient comme l’histoire d’un deuil, de cendres reposant au pied d’un arbre, d’un cœur qui arrête de battre, un autre qui prend le relai, celui de l’arbre.
J’ai beaucoup aimé cette sobriété pour parler d’un sujet douloureux. Je cherche souvent à trouver dans mes films une certaine légèreté de ton sans amoindrir le propos, d’où mon enthousiasme à réaliser ce clip.

Le déroulé se fait en deux parties. Dans la première, un homme marche dans un espace vaste et épuré : de l’herbe, du vent, un oiseau, des nuages. Il marche sereinement, à un rythme qu’il ne quitte jamais. La mécanique d’une marche continue, sa répétition, s’apparente au rythme du cœur. L’idée de la répétition résonne aussi avec la sonorité de la chanson et ses mots qui reviennent.

La deuxième partie commence par des gros plans du tronc de l’érable. Les lignes des écorces de l’arbre s’animent dans la totalité de l’écran avec le même tempo que la marche de l’homme. Elles battent comme un cœur. Ces détails de l’arbre dessiné rendent une image abstraite au début. Les plans en s’élargissant nous font voir et comprendre l’érable jusqu’au plan de fin, un plan large dans lequel l’arbre continue de battre, et dont les feuilles deviennent rouges. Dans cette deuxième partie on ne voit plus l’homme, son absence est perçue par le décor dans lequel il marche, et où il n’est plus.

Ce clip ouvre un espace de contemplation, de sensations. Sentir le vent, l’espace, la nature aussi vivante que l’homme, la nature qui ne s’arrête jamais de respirer. Comme à mon habitude j'ai travaillé mon dessin à la ligne, quelques traits dans l’image, du noir et blanc. La seule couleur arrive dans le dernier plan. Les feuilles de l’érable deviennent rouges, un rouge de plus en plus vif, donnant ainsi plus d’ampleur à sa présence.

Créé en 2017, Chasseur est le projet personnel du musicien Gaël Desbois.
Inspiré par Alan Vega, Grauzone ou encore Alain Bashung, Chasseur façonne une musique minimale et hypnotique, brute et sensuelle, électronique et vénéneuse.
C’est d’abord sa maîtrise de la batterie qui conduit Gaël Desbois à une carrière professionnelle. Il tourne et enregistre avec Miossec, Dominic Sonic. Avec le musicien Olivier Mellano, il fonde le duo Mobiil. L’aventure durera le temps de trois albums qui lui donnent le goût de la composition et de l’enregistrement.
Parallèlement, il rencontre la chanteuse Laetitia Shériff qu’il suivra en tournée (Vieilles Charrues, Dour Festival...). Quelques années plus tard elle lui offre l’occasion d’être aux manettes de l’enregistrement de son disque Games over. C’est en fondant le groupe Del Cielo avec la chanteuse et parolière Liz Bastard qu’il trouve la place qui sera désormais la sienne, compositeur et producteur. Formule qu’il applique aujourd’hui au sein de son groupe Tchewsky & Wood avec la chanteuse et comédienne Marina Keltchewsky.

Après une enfance iodée en Bretagne, Marion Auvin s’envole à Paris pour y apprendre le dessin à l’École Estienne. Son envie de faire de la scénographie est vite balayée par celle de mêler cinéma et dessins ; elle part apprendre à réaliser des films d’animations à l’EMCA à Angoulême. C’est là qu’elle réalise son premier court métrage C’est au lavomatique que ça a commencé. À sa sortie de l’EMCA, elle adapte le poème de Prévert Je suis comme je suis dans un court métrage de la collection En sortant de l’école saison 1, diffusée sur France Télévisions. Without Sugar, son troisième film, est diffusé sur France Télévisions en décembre 2015. Elle continue en réalisant des films de commande, des Karambolage pour Arte, un film pour le Louvre, un clip... En 2020, elle réalise Jean, un court produit par Doncvoilà Productions.