Agartha
Druids of the Gué Charette s'imposent en gardiens d'un temple dont ils chérissent les moindres secrets
L'Agartha, popularisé par René Guénon, fait partie des mythes païens fondateurs. Selon la légende, ce terme désigne un monde souterrain et secret, renfermant divers savoirs oubliés et pouvoirs mystiques. Druids of the Gué Charette, à coup de riffs nerveux, nous offre une séance d'initiation.
Pour ce faire, quel meilleur cadre que la forêt de Brocéliande, qui couve, au-delà de la saga arthurienne, tant de mystères. Assoupi sur un douillet lit de feuilles de chêne, un homme se réveille hagard. Perdu et désarçonné, il semble se questionner sur les raisons de cet atterrissage incongru, son accoutrement d'aspirant-Blériot renforçant l'idée d'une chute hasardeuse.
Très vite, après avoir enjambé quelques fougères, il aperçoit quatre individus vêtus d'aubes grisâtres se recueillir autour d'un menhir. Il ne s'agit pas des moines de Timadeuc en séjour à Carnac, mais de druides célébrant des dieux et des forces dont nous ne possédons pas les codes.
Subjugué par cette cérémonie, notre aviateur égaré en oublie la prudence et interrompt la ronde païenne en écrasant un rameau. Pris en chasse, il fend les clairières, les sous-bois, et parvient à une ruine désolée, aux graffitis qu'il peine, là aussi, à déchiffrer. La fugue sera de courte durée. Saisi au vent par une flèche empoisonnée, probablement d'un composé de plantes dont il ignore les noms, notre ami s’effondre au pied d'un clocher roman. Il se réveillera finalement sonné, dans sa clairière initiale, victime d'un cauchemar ou témoin d'un monde protégé au sein duquel les profanes n'ont pas droit de cité.
La dualité de la Bretagne transpire dans la réalisation de Marion Angebaud. Celle d'une région tiraillée entre un celtisme occulte et un catholicisme conquérant qui peinera cependant à devenir totalement souverain.
L'essence de la vivacité armoricaine étant par ailleurs nourrie d'autres conflits : la terre contre la mer, la langue bretonne contre le français, le cheval d'orgueil de Jakez Helias contre celui, couché, de Xavier Grall...
Témoins privilégiés de ces dichotomies, Druids of the Gué Charette s'imposent en gardiens d'un temple dont ils chérissent les moindres secrets.
AGARTHA de Druids of the Gué Charette
AGARTHA de Druids of the Gué Charette
un clip réalisé par Marion Angebaud (2017 - 3'51)
NATURE HOSTILE ET POUVOIRS MYSTIQUES
NATURE HOSTILE ET POUVOIRS MYSTIQUES
Tourné en lumière naturelle dans la région de Brocéliande, Agartha adopte l’esthétique du groupe Druids of The Gué Charette, en convoquant des images de nature hostile, de personnages mystérieux aux motivations floues et visions fantomatiques.
Dans la tradition littéraire, l’Agartha est un monde souterrain renfermant divers savoirs oubliés et pouvoirs mystiques. Les Druids tentent d’empêcher le voyageur égaré de pénétrer ces lieux interdits au commun des mortels. Les premières inspirations pour le clip sont à chercher du côté du cinéma horrifique des années 70, avec son côté fait-maison et la volonté de ne pas donner toutes les clés de compréhension. À ce titre, le giallo (notamment Mario Bava) ont été une influence déterminante dans l’écriture du scénario, entre courses-poursuites bucoliques, prédateurs masqués et fétiches divers.
Le clip propose d’ailleurs un récit, en montage alternatif, où les enjeux et la signification des scènes sont complètement chamboulés. Agartha est également le titre d’un court métrage (11’35 – 2017) s’appuyant sur différentes chansons des Druids of the Gué Charrette, sélectionné et diffusé en première lors du Short Film Corner du Festival de Cannes 2017 !
DRUIDS OF THE GUÉ CHARETTE
DRUIDS OF THE GUÉ CHARETTE
Anti-supergroupe local composé de musiciens issus des formations les moins fructueuses de la région de Brocéliande, les Druids se veulent les représentants d’un authentique je-m'en-foutisme rock'n'roll, dont même le nom est réfractaire a toute velléité marketing.
Oscillants entre garage, psychédélisme, post-punk, space-rock et proto-disco-gothico-exotica-krautrock, leurs influences se situent du côté de Black Sabbath, des Black Angels, des Black Lips et de tout un tas d’autres groupes dont les noms commencent exclusivement par « Black ».
Sous leurs oripeaux inoffensifs de garageux du dimanche matin, les Druids sont en réalité les porte-parole d’une secte païenne polythéiste bretonne prônant la consommation hallucinogène de Suze dans les bars-tabacs, l’instauration d’un empire communiste galactique par la force des armes, ainsi que la béatification des tortues ninjas.
MARION ANGEBAUD
MARION ANGEBAUD
Originaire de Rennes et passionnée par les arts depuis son enfance, Marion Angebaud quitte la Bretagne après son baccalauréat pour poursuivre ses études à Paris. Après une formation universitaire en Arts du Spectacle à la Sorbonne-Nouvelle, et une solide expérience de jeu de l’acteur chez FACT, au Cours Simon puis à l’école Le Magasin, elle poursuit sa route en travaillant dans l’audiovisuel et le cinéma à différents postes (assistante réalisateur adjointe, chargée de figuration, régisseuse) pour des boîtes de production telles que Peninsula Films, La Petite Reine, Mnp Entreprise, Ajoz Films ou encore Europacorp.
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