Someone Better
Un amour qui déjoue les attentes sur un rythme catchy pour une complainte tout sauf pathos.
Mise en abyme romantique avec la vidéo de Rodrigue Huart pour Someone Better, le nouvel opus dansant de Juveniles. Le cinéma s’invite en tant que décor du clip, avec l’amour au centre et les acteurs au second plan. Les coups de foudre s’enchaînent et se répètent, mais l’amour véritable n’est pas celui que l’on croit, et prend racine dans les cœurs de deux jeunes amoureux sur le plateau.
Le clip s’ouvre sur le gros plan d’une voiture de cinéma, puis celui d’une main se posant sur le capot. Deux visages, nébuleusement éclairés, se cherchent mais ne se regardent pas. Soudain les masques tombent et chacun sort de son rôle, le temps d’un violent zoom arrière. Autour d’eux, une équipe de cinéma s’anime et se prépare pour une nouvelle prise, sous la direction de Jean-Sylvain Le Gouic, tête pensante de Juveniles, qui endosse pour l’occasion le rôle du réalisateur. Dans l’agitation, les deux personnages principaux de cette vidéo se distinguent, sous les traits d’une jeune maquilleuse et d’un technicien lumière langoureux. Dans la régie, sous une lumière tout aussi artificielle, leurs mains se rejoignent enfin et le couple se forme sous nos yeux, mais à l’abri des caméras. Et tandis que sur le plateau, la sauce ne prend toujours pas, nos récents amants partent vivre leur idylle sous les projecteurs du camion de lights.
Comme pour un classique tour de magie, notre attention est au départ détournée de la véritable action qui se joue hors-champ. Une authentique romance se joue à l’abri des caméras, avec regards qui se croisent, mains qui s’effleurent, murmures qui se perdent… Un morcellement des corps qui peu à peu s’unissent et se complètent. Les baisers passionnés ne sont pas réservés aux plateaux de ciné. Romance dans la romance, film dans le film, le décor de cette idylle joue sur la répétition et le sur-cadrage. Une relation qui n’est pas dénaturée par les répétitions, le maquillage, les éclairages, la fausse pluie et les impatients. Elle éclôt dans une lumière plus naturelle.
La lumière est d’ailleurs au cœur du clip, qui vient créer et dessiner des univers propices aux sentiments. Aussi travaillée soit-elle, elle ne peut néanmoins à elle seule faire éclore les émotions, et l’aléatoire et l’inattendu restent les acteurs principaux. L’amour inonde l’écran, dans tous les sens et dans tous les genres : amour caché, amour rejoué, amour de l’art ou amour de l’autre. Amour du cinéma aussi, puisque le clip en est un hommage. Un amour qui s’immisce dans les détails, s’incruste dans les regards et déjoue les attentes sur un rythme catchy pour une complainte tout sauf pathos. Pour vivre heureux nos amours, vivons cachés, au son de la pop de Juveniles.
SOMEONE BETTER de Juveniles
SOMEONE BETTER de Juveniles
réalisé par Rodrigue Huart
JUVENILES
JUVENILES
Après des débuts éclairs, et la sortie quelques mois après la formation du groupe d’un EP We Are Young sur le label Kitsuné en 2011, leur premier album Juveniles sort en juin 2013. Depuis, le groupe a beaucoup voyagé, fidèle à la réputation des Bretons de découvrir le monde, par passion et curiosité. Ils ont tourné en France et en Europe, mais aussi en Chine et Asie du Sud-Est et en Amérique du Sud.
Aujourd’hui, avec ce nouvel et second opus des Juveniles, nous sommes d’abord témoins de l’évolution d’un groupe, d’un artiste, avec les multiples collaborations (Yuksek, Helen Feng, Joakim…), mais aussi du travail dans son propre studio comme son approche de production avec la création de son propre label (Paradis Records). Jean Sylvain, le leader des Juveniles signe un album dans lequel il a su transmettre toute sa puissance artistique et créatrice, afin d’offrir toute l’élégance de cette musique au public, pour que ce dernier se l’approprie.
JM Gatté
RODRIGUE HUART
RODRIGUE HUART
Né en 1991, Rodrigue Huart est diplômé de l’ENS Louis Lumière, ayant quitté ses Ardennes natales pour la capitale. Someone Better est le troisième clip qu’il réalise pour Juveniles.
Entretien : Someone Better est une complainte amoureuse enrobée dans un tube d’été pop et solaire. De cette sensation de chaud-froid m’est venue l’idée d’une mise en abîme qui guidera la conduite du clip. Nous suivrons le tournage du plan final d’un film dont Jean-Sylvain est le réalisateur : une scène d’amour sur une voiture, dans un grand hangar. Par un lent travelling arrière, on découvre le plateau de tournage, les éclairages, le rail, l’ingénieur du son, la maquilleuse, etc.
La scène et le geste amoureux sont répétés pour de nouvelles prises. La styliste vient ajuster la veste de Jim, la maquilleuse retoucher Chelsea, la scripte vient claper devant leurs visages, l’électro réajuste un éclairage.
Le plan s’ajuste au fur et à mesure jusqu’à la perfection sous les ordres de Jean-Sylvain. Dans l’agitation du plateau de tournage, alors que la scène d’amour est tournée encore et encore, la véritable histoire d’amour du clip se noue entre Sarah, la maquilleuse et Jonathan, l’électro.
À la fin du clip, quand les acteurs encore trempés après le baiser de la prise finale posent sans conviction pour la photo de groupe, Sarah et Jonathan continuent quant à eux de s’embrasser et de s’enlacer torridement à l’abri des regards, au milieu des gélatines de couleurs et des pieds d’éclairage, dans le camion de tournage.
Pop joyeuse et style de gendre idéal
Pop joyeuse et style de gendre idéal
Les Inrocks >>> De Rennes à New York, en passant par la Chine, Jean-Sylvain Le Gouic revient pour nous sur la genèse de “Without Warning”, le nouvel album de Juveniles prévu pour le mois de mars.
Ouest-France >>> Lors d'une soirée rennaise Jean Sylvain rencontre le DJ Yuksek qui accepte de produire leur premier album. Sa carrière est lancée. Le grand public découvre alors sa pop joyeuse et son style de gendre idéal (chemise boutonnée jusqu'en haut et mèche peignée sur le côté) sur la scène des Vieilles Charrues et de Solidays en 2013.
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