Back to school

kaviar special cover image

Le conseil de classe se transforme en bacchanale, menée par de petits satyres en collants violets.

Si certains n’ont toujours pas reçu leur carte d’étudiant, d’autres ont bel et bien repris l’école, la fac ou le bureau. Back to school, le nouvel opus des supers zinzins Kaviar Special, est une des dernières occasions pour nous de traîner un peu, de faire une grasse matinée musicale. Leur rengaine électrique nous ferait pousser un gros poil dans la main... elle nous invite à flâner sur la route de la reprise, en nous murmurant que c’est peut être pas si grave si on arrive un peu en retard. Les Kaviar Special, absents à l’image, s’écartent de leur habituelle esthétique lo-fi - fonds verts déjantés et mal détourés - se dotant d’un clip aux images chiadées, aux plans posés. Mais les idées restent tendancieuses, et le clip dévoile bientôt un côté sombre et délirant à la Rosemary’s Baby, où les locaux universitaires de Beaulieu se transforment en une rigolade dionysiaque pas si bien-sous-tous-rapports. Le décor est planté dès les premières images, avec un long et classieux travelling sur les portes du royaume estudiantin. Ces portes s’ouvriraient-elles sur un Kaviar qui aurait fait peau neuve ? Rien n’est moins sûr, il faudra passer le seuil pour le savoir.


À première vue, les héros sont bien rangés, peignés et fagotés au premier rang de l’amphi. Pourtant la lassitude qui les anime mollement va très vite les faire passer de l’autre côté du miroir, celui du bordel et de la fête ! Au sein de ces cadres soigneusement posés, tout fout le camp bien vite, comme si le vice et la décadence s’étaient invités dans un décor de John Hugues. On en perd vite ses repères, les pédales ou son latin, et le décalage se joue dans ces quelques plans angoissants dans les couloirs 70’s de la fac, soudain teintés d’un sentiment d’horreur surréaliste. Un glissement de terrain formel qui permet à tout ce beau monde de se rapprocher goulûment, et d’enfin se mélanger à l’écran. Le conseil de classe se transforme en bacchanale, menée par des petits satyres en collants violets. C’est la vie qui explose et qui déborde finalement, un propos qui nous ramène à ceux de Houellebecq, qui voit l’adolescence comme la seule période où l’on puisse parler de vie au plein sens du terme. Chacun finit par sortir de son rôle, et les enseignants se retrouvent menés à la baguette par leurs jeunes disciples. Mais de cette maligne orgie bien sûr tout est suggéré, et l’on joue de la litote, de la synecdoque ou de la métaphore pour convoquer l’imagination plutôt que la vulgarité. Un hors-champ que chacun remplira à sa guise et sans écoper d’heures de colle. Il est donc d’autant plus cocasse de voir Thomas Dayot, leader endiablé des Madcaps et lui-même enseignant, affublé du rôle de meneur d’orgie du cours du gym, en jambières de danse et bandeau gorgé de sueur. Un Caméo sensass dont il aurait été dommage de se priver !
Back to school est un véritable teen movie local, sauce garage, une piqûre de rappel quant à la manière dont le cinéma s’est toujours amusé à planter ses décors dans les campus et les salles de classes. On retrouve avec cette petite bande d’inadaptés un peu de Breakfast Club, de Ferris Bueller, de Fast Times at Richmond High, de Dazed and Confused ou même de Profs si l’on reste de notre côté de l’Atlantique. Comme dans tout bon film de cette veine, on a le droit aux différents rites de la vie étudiante, ainsi qu’aux archétypes qui peuplent ce genre d’exercices. Heureusement, les passages obligés se transforment en plaisants guet-apens, et tous ces archétypes volent en éclat et se décloisonnent en sortant littéralement du rang pour s’approcher (un peu trop même) du corps professoral. Alors si l’homme est un adolescent diminué, les Kaviar Special sont sans doute l’exception qui confirme la règle.
Thomas Daeffler nous livre ici un joli plaidoyer pour la fête - meilleur rempart contre l’enclavement, où l’amour et la danse méritent d’être partagés, dans tous les sens - et même en survêtement. La perversion ici n’a rien d’un vilain défaut, et retisse du lien dans un univers qui tend à parfois en manquer. Pas besoin d’être au fond, près du radiateur, pour entrer en résistance, le j’m’en-foutisme ambiant brouille les frontières et tant mieux car on a aujourd’hui bien besoin de se retrouver, se rencontrer, et tous parler d’une même voix. Si Orelsan nous assène au même moment d’un mot sur le bulletin : Vous n’avez pas les bases , les Kaviar Special assurent eux avec ce titre leur passage dans la classe supérieure, avec mention et sans prétention.

BACK TO SCHOOL de Kaviar Special

un clip réalisé par Thomas Daeffler ( 3'51 - 2017 )

INTENTION

UN RETOUR À L'ÉCOLE

par Thomas Dæffler

Le projet est né d'une première conversation avec Adrien, le bassiste du groupe, à l’issue du concert de Kaviar Special à la Maroquinerie... je n'ai pas hésité un instant.
Une fois le choix du morceau retenu, nous nous sommes mis au travail. Back to school raconte l'histoire d'un jeune homme forcé de revenir à l'université pour passer un diplôme. Cette idée lui déplaît vu qu’il ne rêve que d'une seule chose : vivre par et pour la musique.
J'ai voulu, à travers cette narration développer plusieurs personnages qui prennent tour à tour la place du héros de la chanson. Ainsi, chacun peut défendre son point de vue face à ce retour forcé en amphi. Le récit se déstructure au rythme du morceau, le lâcher-prise allant jusqu'à entraîner les profs dans les danses libératrices des étudiants...
Le groupe m’a laissé une grande liberté (je les remercie beaucoup pour ça). Nous avons simplement validé à distance le choix du lieu et certains principes graphiques. Beaulieu, la Fac de Rennes, s’est imposée du fait que c'est entre ces murs que le groupe s'est formé. Nous avons obtenu de tourner dans des parties des années 70', une aubaine pour la lumière et les couleurs...
Une fois ces choix opérés, nous avons réunis les comédiens, tous des amis, un chef opérateur, Alexandre Icovic, qui a accepté de participer au projet accompagné de son second Victor Chwalczynski, et pour finir une make-up artiste très douée : Mélodie Ras.

BIOGRAPHIE

KAVIAR SPECIAL

kaviar special groupe

À 25 ans de moyenne d’âge, Kaviar Special a à son actif un EP, deux albums et une avalanche de live. À l’image des représentants de la scène rock garage américaine actuelle (Ty Segall, Thee Oh Sees, Fidlar, Black Lips...), les quatre rennais déploient une énergie frénétique sur scène et brillent par leur capacité à associer la richesse de leurs influences à une écriture et une production résolument ancrées dans le présent.
Avec son premier album, paru sur les labels indépendants Howlin' Banana Rds et Azbin Rds, le quatuor rennais prend du galon. Quatre tournées européennes et un passage remarqué aux Trans Musicales de Rennes plus tard, il s'installe dans le paysage rock français comme une valeur sûre.
Illustré par l'artiste belge Elzo Durt, leur second album, intitulé #2 et enregistré au studio Cocoon à Rennes, sort de nouveau chez Howlin' Banana Rds, cette fois-ci avec le soutien du label rennais Beast Rds. Il franchit un cap en assumant une production plus riche et maitrisée, le groupe y dévoile des influences plus variées, et se permet un grand écart entre une pop débridée, un rock garage nerveux et un psychédélisme sombre et brutal. L'accueil de la presse est unanime, propulsant la formation sur le devant d'une scène rock garage française toujours plus dynamique. Épaulé par le tourneur Laprod JV, Kaviar Special part alors défendre le disque et présenter un nouveau set live, assurant une quarantaine de dates et notamment une prestation très remarquée à Rock en Seine en 2016.
Enregistré au Studio du Faune dans des conditions professionnelles et prévu pour janvier 2018, Vortex, le deuxième album de Kaviar Special, marquera une nouvelle étape dans la carrière du quatuor.


BIOGRAPHIE

THOMAS DÆFFLER

Thomas Daeffler back to school réalisateur

Diplômé de l'ESAG Penninghen en 2016, Thomas Dæffler est un jeune directeur artistique exerçant à Paris. De plus en plus attiré par la photo et le film, il réalise son premier clip dans le cadre de son diplôme de fin d'études, ce qui lui permettra d'entrer dans le milieu de la production vidéo en France, chez Stink.co. Certaines de ses créations sont visibles sur son compte Vimeo.

COMMENTAIRES

  • 10 octobre 2017 10:21 - Didier M

    Vu le clip back to school
    J'ai du mal a trouver un lien entre culture et cette production (à laquelle je n'ai par ailleurs rien compris!)
    Je regrette d'avoir perdu mon temps.

Artistes cités sur cette page

kaviar special bio

Kaviar Special

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Thomas Dæffler

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