Mister President

Dans une civilisation en friche, dans les sous-sols vides, ceux qu’on appelle les puissants se livrent à une lutte sans merci. Sorti d’une grosse voiture américaine délabrée, Donald Trump se livre avec Vladimir Poutine à un duel au sommet. Le conflit est mondial et chacun porte une arme empreinte d’identification : Trump, une batte de baseball, Poutine un marteau. A priori seuls au monde, ils laissent libre-court à leur folie dévastatrice. Caché dans la pénombre, poing américain en alerte, Barak Obama est rattrapé par un Kim Jong Un tout aussi brutal. L'aboutissement de cette sanglante escalade, un leader mondial en attaquant sans cesse un autre, est la chute du dernier survivant : le Président des Etats-Unis.
La vengeance intervient par le biais d'un visage issu de la foule, celui de Guy Fawkes, un conspirationniste britannique du XVIIème siècle dont les traits sont devenus célèbres depuis le film V pour Vendetta, et s’est progressivement glissée dans la culture populaire, renvoyant aujourd’hui aux mouvements protestataires comme Anonymous ou Occupy.

Cette intervention provoque une réinterprétation totale du clip, un firmament symbolique. Lorsque le masque tombe, Pierre-Alphonse Hamann jette dans la dernière image de ce clip ambitieux un nouvel indice, en révélant le visage de Marie Guyottot, la chanteuse de The Black Leaders. Celle qui chantait Mister President s’est métamorphosée en une activiste. Dans ce dernier acte, magistral et salvateur, son bras est porté par les mots qu’elle chantait jusqu’alors, your day will come, mettant à terre ce que le Président a de plus cher : son image.

Ce clip met en scène l’incompréhension face aux dirigeants internationaux et à un avenir incertain. Par une pulsion de mort irrépressible partagée par les hommes politiques, le réalisateur se met au service de la force musicale de The Black Leaders et dépeint le jeu puéril des géants. Un jeu de mort digne d’un Poule-Renard-Vipère hypnotisant et inquiétant.