Sécession douarneniste
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SOMMAIRE
Que Douarnenez se situe sur un autre continent, nous nous en doutions déjà. Dans le docu-fiction sonore Demain s’ouvre au pied de biche, l’hypothèse d’une sécession est creusée, avec une ville qui affronte un avenir à inventer, en toute indépendance.
Comment faire mieux en faisant autrement ?
Avec ce scénario futé, les lycéens de Jean-Marie Le Bris parviennent à fouiller avec humour et pertinence le parcours truffé d'obstacles entre la volonté de tout changer et les possibilités de se mettre d'accord sur la mise en œuvre de ce changement.
Les idéaux des uns n’étant pas ceux des autres, l’enquête parvient rapidement à la conclusion que ça va être compliqué, qu’avant de décréter l’avenir il va falloir se documenter et co-construire, à moins qu’un nouveau leader se charge de mettre tout le monde d’accord.
Très belle expérience donc, avec la complicité d'Alexandre Plank de France Culture*, qui démontre que la démocratie est un travail de tous les jours, et que demain peut se chercher, s’esquisser, par la création radiophonique : une pratique d’écoute, de cogitation, d'intelligence collective.
*invité par l'association Longueur d'ondes et la la plateforme de podcast Oufipo pour une résidence
DEMAIN S’OUVRE AU PIED DE BICHE
DEMAIN S’OUVRE AU PIED DE BICHE
Sous les pavés des halles, la plage du Ris
Au printemps 2017, Alexandre Plank s'immerge dans le quotidien de lycée Jean-Marie Le Bris de Douarnenez. Objectif : imaginer ensemble une création radiophonique qui rende compte du rapport de ces jeunes à la politique. D'emblée le producteur de France Culture les met en garde : Si c'est pas pour vous secouer vos vies, ça ne sert à rien !
Il en ressort une création joyeuse et détonante, qui a mobilisé et fait réfléchir une grande partie de la ville, et surtout, les élèves. Un récit choral, joyeux, foutraque, utopique et initiatique, où les micros se transforment parfois en pieds-de-biche.
Partir d’une brèche
Partir d’une brèche
par Alexandre Plank
Entre février et mai 2017, le festival Longueur d’ondes m’a invité à passer une quarantaine d’heures au lycée Jean-Marie Le Bris pour inventer, avec les élèves de la classe de première L de Madame Le Cléac’h, une émission à mi-chemin entre le documentaire et la fiction radio. Période oblige, nous avons décidé de travailler sur les élections présidentielles. Mais sur des élections qui n’auraient pas eu lieu. Pas à Douarn' en tout cas. Car c'est à partir d’une brèche que les lycéens et moi avons imaginé l’avenir de la ville : à Douarn', ville militante et indocile s’il en est, les bureaux de vote n'auraient pas ouvert et les habitants n’auraient pas voté. Tout simplement. Pas par abstentionnisme apathique ou désengagement politique, soyons clairs, mais avec en tête l'intention d'esquisser une alternative, de tracer les premiers plans d'une communauté à venir et de rêver à la manière dont 14 000 habitants pourraient ensemble bricoler une utopie version breizhat. Pour les besoins de la cause, et ceux de notre fiction-sécession, les ados, magnéto en bandoulière, sont allés au-devant de dizaines de personnes et leur ont posé cette question : Qu’est-ce qu’on pourrait construire ici, ensemble, maintenant ?
Pendant des jours, ils ont sillonné leur ville, enquêté, interviewé des matelots et des historiens, des éducateurs et des architectes, des experts en énergies renouvelables et des grossistes en spiruline, des militants de la vélorution, des véganes et des libraires anars, des guérilléros des jardins partagés, des briscards de maison de retraite et même un ancien PDG de Petit Navire... De toutes ces rencontres est né un bout d’histoire. Lucide, bordélique et joyeuse. Nous l’avons appelée Demain s'ouvre au pied de biche, parce qu’on s’est dit qu’avec les bons outils en main, n’importe quelle forteresse pouvait être fracturée.
ALEXANDRE PLANK
ALEXANDRE PLANK
Né en 1979, Alexandre Plank a étudié la philosophie à l'université du Bauhaus de Weimar et la dramaturgie à l'École supérieure du Théâtre national de Strasbourg.
Il travaille à France Culture depuis 2009. Il y produit et réalise des documentaires, des fictions et des ateliers sonores.
Également traducteur, il a traduit en allemand des œuvres de Michel Serres, Jacques Derrida, Paul Virilio, Bernard Stiegler et Marius von Mayenburg.
Son portrait, à lire dans Télérama.
Douarn' la rouge
Douarn' la rouge
BCD, Patrick Gourlay >>> Douarnenez, 1921 : première municipalité communiste de France. Exception communiste en Bretagne, Douarnenez devint un phare du PCF au plan national. Et lorsque la grande grève des sardinières éclata, les ténors du Parti et de la CGT-U furent à la manœuvre sur place.
TÉLÉRAMA, Chloé Cosson >>> C'est l'histoire d'une petite ville devenue le symbole d'un grand soulèvement.
PAPRIKA 2F, Jean Vigreux >>> La grève des sardinières de Douarnenez (Finistère) en 1924 : une grève communiste ?
LE TÉLÉGRAMME, Guénaëlle Daujon >>> Alexandre Plank, 38 ans, yeux bleu vif, barbe du voyageur, a la voix pressée. Les mots jaillissent, rapides. Il est intarissable sur ses expériences de radios.
14 janvier 2024 00:01 - Lydia
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