Desert eyes

cow-boy en pleine sieste

La vision du désert est associée aux mirages, des visions aux limites de l’hallucination, la chaleur provoquant à la fois des troubles optiques et cérébraux du fait de la vibration de l’air. Desert eyes explore ce trouble, augmenté par nos habituelles réminiscences mémorielles.

Un homme marche, quelque part dans le southwest américain, au milieu des célèbres cactus organ pipe. Lonesome cowboy, Paris Texas… les mythes sont palpables grâce à la texture de l’image Super 8 qui restitue cette instabilité de l’air surchauffé, cette impression d’ailleurs absolu. Des images et des sons en symbiose pour une belle réussite esthétique.

CLIP

DESERT EYES de (Thisis) Redeye

un clip réalisé par C Ruffault & S Guiochet ( 2021 - 5’)

La dérive sensorielle et intérieure d’un cowboy solitaire qui va se perdre dans le désert de l’Ouest américain à la manière du Edward Abbey de Désert Solitaire.

INTENTION

Un voyage intérieur

par (Thisis) Redeye

montagne homme marche au loin

Desert Eyes, chanson-titre du dernier album de (Thisis) Redeye, est ici ré-imaginée à la fois musicalement (jouée live, en groupe, sans retouches, énergique et psychédélique) mais aussi visuellement, les bobines Super 8 du clip original tourné dans le désert de l’Ouest américain ayant été confiées à Simon Guiochet pour une relecture poétique et onirique du film. Simon a recréé des images traduisant le voyage intérieur, assemblant comme un puzzle son remix du film, en suivant la montée hallucinatoire du morceau.


En appliquant de la peinture directement sur de la pellicule, en manipulant en direct plusieurs projecteurs, il a effectué des sur-impressions, ajouté des objets devant les objectifs, ralenti certaines images, etc. pour donner une vision irréelle et sensible à la version vivante du morceau.

ENTRETIEN

Simon Guiochet

Quand tu as récupéré les images (les 4 bobines Super 8), quelles ont été les idées directrices auxquelles tu as voulu te tenir, voire les contraintes que tu t'es fixées ?

Ayant déjà une pratique de la pellicule Super 8 et 16 mm, j’ai travaillé avec le support d’origine tout au long du processus de création du film. En visionnant les rushes Super 8 j’ai été tout de suite séduit par la beauté des images : ces paysages désertiques que le personnage traverse successivement et l’ambiance. Les prises de vues permettaient très simplement de comprendre l’histoire de ce personnage qui va se perdre dans le désert dans une quête intérieure. Je voulais donc intervenir le moins possible sur cette matière brute et travailler uniquement de manière physique le film. J’ai supprimé certains plans et refait un montage du film Super 8 sur bobine. À partir de là, l’ensemble des effets que je souhaitais y ajouter ont été réalisés de manière physique, c’est à dire sans outils numériques.

En retravaillant le montage, avais-tu une histoire ou un scénario en tête ? Ou une ambiance que tu as voulu faire transparaitre ? Ce travail de remix, de partir d'un film existant, t'a t-il servi de guide ou as-tu cherché à t'en défaire complètement ?


Pour moi l’histoire du film s’est construite très simplement en m’inspirant de l’ordre des plans qui avaient été tournés. Le gros du travail a été de créer des images traduisant le voyage intérieur du personnage. C’était pas évident au début d’imaginer un remix du film, car il était très bien, et les plans étaient tellement forts par eux-mêmes que je ne voyais pas comment y ajouter quelques chose. Il m’a guidé au début pour mieux comprendre l’histoire et m’accrocher aux paroles. Petit à petit je n’ai plus visionné le clip et je ne voyais plus les images que comme des morceaux de cette histoire. Le premier clip était une manière d’assembler un puzzle. J’ai rapidement imaginé mon propre parcours pour le personnage. Je me suis plongé dans les rushes en pellicule et la version live de la chanson qui est assez différente dans son énergie. Elle va plus loin.

Techniquement, comment as-tu retravaillé les images Super 8 récupérées ? Quelle a été ta (ou tes) méthode de travail ?

Après avoir organisé les plans pour dérouler mon histoire, j’ai repéré les passages où le personnage part en lui-même. Afin de créer de nouvelles images j’ai travaillé de trois manières : à Rennes, je fais partie d’un collectif : le Labo K et nous avons un laboratoire artisanal de développement de films argentiques. J’ai tenté pas mal d’expérimentations en faisant des copies de certains plans du film. J’ai également créé des images en appliquant de la peinture directement sur de la pellicule 16 mm. Et pour finir j’ai travaillé en manipulant en direct plusieurs projecteurs. Tout en numérisant la projection, j’ai effectué des sur-impressions, ajouté des objets devant les objectifs, ralenti certaines images, etc.

Quel est ton rapport à la pellicule Super 8 / analogique ? Quelle pertinence y as-tu vu pour accompagner cette chanson jouée live en particulier ?

Dans ma pratique en général, je m’intéresse au rapport entre le corps, le paysage et un médium d’enregistrement de l’image. Je travaille sur des gestes physiques qui façonnent l’image. Je réalise des performances images et sons live en manipulant plusieurs projecteurs de pellicule afin de produire des assemblages d’images en direct. Une sorte de VJing analogique. Cela me semblait donc logique de travailler sur cette version live de la chanson de la même manière.

BIOGRAPHIE

(Thisis) Redeye

Thisis Redeye image groupe

Après quatre années passés au Texas, Guillaume Fresneau monte le groupe (Thisis) Redeye, un projet musical personnel et organique. La musique de Thisis Redeye s’est prêtée au fil de ses quatre albums et deux Eps au dépouillement folk rock, aux bricolages lo-fi et aux échos et reverbs psychédéliques. Alimenté par ses voyages, axé sur la nature, inspiré par les dérives du désert de l’ouest du Texas, le groupe livre des paysages sonores, hypnotiques et scéniques. Toutes ces couleurs fusionnent sur scène depuis bientôt deux ans.


L’EP Lay Me Down est la photographie du groupe à cet instant T. Les mélodies, l’énergie, les échappées sonores de ces titres joués live, sans ajouts studio, prennent une nouvelle dimension, vivante, brute, fragile et sincère dans ces enregistrements. C’est en résidence à la Nouvelle Vague de Saint Malo fin 2020 que (Thisis) Redeye en profite pour travailler avec Bastien Philipps, qui opérera derrière la console, et créera les conditions d’un vrai concert pour fixer le son et l’alchimie du groupe qu’on retrouve sur les quatre titres de l’EP.

BIOGRAPHIE

Simon Guiochet

Simon Guiochet portrait

Artiste de l’image en mouvement et programmateur d’art vidéo, il est co-fondateur de L’Œil d’Oodaaq, association pour la diffusion de l’art vidéo, et créé en 2011 le Festival Oodaaq. Il en assure dorénavant la direction artistique et propose des programmations vidéo, débats, conférences, ateliers de création auprès de divers publics autour de l’image en mouvement. Parallèlement à son travail de programmateur vidéo et intervenant, il développe sa pratique artistique autour de la relation entre le corps en mouvement, la création d’images et le paysage.


C’est par le geste produit lors de performances vidéo ou d’installation qu’il recherche la matérialité de l’image afin de la faire basculer d’un statut de représentation d’un espace à celui d’outils de suggestion et d’imaginaire. Pour cela il explore les procédés et limites de l’image en mouvement en utilisant aussi bien la vidéo numérique, que le gif ou la pellicule, à travers des sculptures, installations, vidéos, films ou performances lives.

REVUE DU WEB

Dérive sensorielle

POP NEWS >>> Lay Me Down, qui donne son titre au EP, est un inédit, composé comme une dérive sensorielle, une rêverie musicale, qui laisse le groupe s’exprimer et explorer de nouveaux territoires, tant dans la mélodie voix guitare du début du morceau que dans son crescendo inexorable de fin.
MUZZART >>> Chez ces mecs-là on ne triche pas, on joue vrai et on évite de se planquer derrière des artifices que de toute façon, on ne maîtriserait pas. On évolue là dans des sphères où liberté de ton et jeu tenu voisinent, dans la rêverie ou dans le tourment.

COMMENTAIRES

  • 24 juin 2021 22:08 - Floch

    Le son et l'image sont en symbiose... Bravooooo

  • 24 juin 2021 20:56 - Adrian

    Ensorcellant

  • 24 juin 2021 18:00 - Fresneau Patricia

    Super👍😉

CRÉDITS

musique (Thisis) Redeye
images Caroline Ruffault
montage Simon Guiochet

lieu de tournage entre Austin et Los Angeles

Artistes cités sur cette page

Thisis Redeye image groupe

(Thisis) Redeye

Simon Guiochet portrait

Simon Guiochet

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