La belle vie

de Valérie Chopin (2022 - 52’)

Vivre ensemble, et donner un nouveau sens à son existence. Tel est le projet des douze habitants de la Bigotière, un éco-hameau situé à Épiniac, en Ille-et-Vilaine. À l’âge où beaucoup aspirent à se poser, eux ont choisi, à cinquante ans passés, de se lancer dans un habitat partagé, dans un corps de ferme où tout était à rénover et repenser.

>>> un film produit par Aligal Production

Par Valérie Chopin

Le vivre-ensemble ! Mis à toutes les sauces, ce concept est tellement utilisé que je me demande ce qu’il veut bien dire. Je me souviens qu’en terminale les philosophes nous enseignaient : l’homme est un animal grégaire, il ne peut vivre seul. L’autre fait partie de mon existence.
Les autres, je les côtoie tous les jours, dans la rue, au travail, en faisant mes courses, dans le bus. Mais est-ce cela le vivre ensemble ? N'est-ce pas le résultat d’un choix et d’une construction politique et idéologique ? Les penseurs, les politologues se sont penchés sur cette question pour expliquer, améliorer, organiser les groupes humains qui forment des peuples et des nations pour que nous puissions vivre ensemble malgré nos différences.
Et pourtant ce vivre ensemble si communément admis ne va pas de soi. Où que je me tourne, j’entends parler de perte d’adhésion aux valeurs communes, de montée des individualismes, du repli identitaire et du chacun pour soi…

Avec ce film, je suis partie explorer et trouver les réponses que je cherchais à travers une expérience collective. On peut y voir la vision idéaliste et utopiste de la vie communautaire chantée en son temps par Charles Fourier, le rêveur sublime, qui voulait faire le bonheur de l’humanité. Mais le projet de ce film n’est pas de glorifier l’action d’un groupe mais bien d’ausculter le micro pour comprendre le macro et voir fonctionner grandeur nature et sur la durée le Vivre ensemble.

La première fois que j’ai mis les pieds à la Bigotière, j’étais intriguée. Jean-Luc Toullec, un des habitants, m’avait invitée à passer le voir à Épiniac. Je l’avais rencontré dans le cadre d’un précédent travail. Il intervenait à l’époque en tant que naturaliste, dans une émission de France 3 Bretagne. Jusqu’au jour où il m’a appris qu’il serait moins disponible parce qu’un gros projet l’attendait… Au bout d’un long chemin cabossé, j’ai découvert au milieu d’une nature foisonnante une ancienne ferme composée de plusieurs bâtiments joliment rénovés et disposés autour d’une cour carrée. Jean-Luc et sa femme Anne-Marie habitent ici avec dix autres amis. Chaque couple occupe un des six logements aménagés au rez-de-chaussée de deux anciens corps de ferme. Tommettes, chaux, chanvre et bois. Les espaces sont petits et chaleureux. Pas besoin de plus !, m’explique Jean-Luc. S’il nous manque quelque chose, on s’arrange avec les voisins !
Cette simplicité m’a interpellée. Que nous faut-il pour être épanouis ? Je découvre progressivement qu’en plus de questionner notre rapport à la propriété privée, on expérimente ici une autre façon de vivre en société. Consommations, déplacements, activités, métiers. À tous les niveaux, les habitants cherchent à être cohérents entre ce qu’ils pensent et ce qu’ils vivent. Cela semble utopique. Cela fait pourtant déjà plusieurs années qu’ils avancent en ce sens. Concrètement, je me demandais bien comment.

Valérie Chopin est née en 1981 à Fougères. Après une prépa littéraire à Vannes puis des études à l’Institut d’études politiques de Rennes, dont une année au sein du département de journalisme de l’université Concordia de Montréal, elle part à Paris en 2004 pour continuer à étudier le journalisme. À l’Institut français de presse, Valérie confirme son intérêt pour la télévision et le terrain. Troisième de la bourse Jean d’Arcy, elle multiplie les reportages en France et en Europe pour différentes chaînes avant de rejoindre France 3 Bretagne en 2015.

Visage de la chaîne régionale, Valérie Chopin aime le contact et les rencontres. C’est d’ailleurs en tant que présentatrice de la matinale qu’elle fait la connaissance en 2016 d’un des futurs habitants de la Bigotière, un éco-hameau où elle a d’abord tourné un feuilleton de cinq épisodes. Mais l’expérience de vie de ces habitants mérite, selon elle, qu’on s’y attarde davantage. Durant deux ans, Valérie tourne donc un documentaire sur cet habitat partagé : Desseins communs. Elle y suit aussi de près le travail de création et de réflexion de l’auteur et illustrateur de BD Emmanuel Lepage, alors en pleine élaboration de son album Cache-cache bâton.

BRUT >>> Ils sont 34 et, ensemble, ils ont fait construire leur propre immeuble pour y vivre. Pas de spéculation immobilière, pas de promoteur, certaines pièces en commun… On a visité leur résidence à Toulouse.

FRANCE 3 >>> Valérie Chopin raconte l’histoire de la Bigotière, de ses habitants et de leurs nombreux projets.

L’ABÉCÉDAIRE DE LA BRETAGNE >>> Emmanuel Lepage est l’invité du podcast de BCD, pour parler de sa BD Cache-cache bâton et de sa rencontre avec les habitants de la Bigotière.

FRANCE INTER >>> À Clermont-Ferrand, des habitants ont eu envie de se lancer dans l’expérience de l’habitat partagé et ont créé La Semblada.