Beau

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(Re)naissance

Dans la douceur du grain argentique, ce premier court métrage questionne ce qu’on porte au plus profond de nous. La quête insatiable de qui nous sommes.

Beau brosse le portrait de Mel dans un décor ordinaire, avec pudeur et franchise. Mel est en transition. Les questions se superposent. Sa voix off livre les difficultés qui s’accumulent : s’accepter, se (ré)approprier son corps, être enfin tranquille. Le tournage scelle une vérité qui, possiblement, ne demeurera pas. J’aurai peut-être changé à la fin du film.

Réalisé en 2023, ce docu-poème témoigne des questions de genre, jusqu’ici invisibles mais qui émergent doucement. Des sujets qui tourmentent des êtres et interrogent aussi bien les corps que le langage. Il raconte un cheminement solitaire vers l’apaisement, une quête sensible dont le but est de s’ancrer à soi-même.

FILM

BEAU

de Marion Renerre (2023 - 6')

À la frontière entre le documentaire et la fiction, ce portrait sensible, doux et intime questionne les formes d’attente, de solitude et de genre.

>>> un film autoproduit

ENTRETIEN

À la frontière des genres

Beau est issu d’un processus créatif, nourri de plusieurs médiums, pouvez-vous nous en parler ?

Mel, à l'affiche de Beau, est un ami de longue date. Nous avons joué au football ensemble à Paris.
Alors que je lui propose une séance photo, Mel me fait la confidence de sa transition de genre en cours. C’est alors que nous entamons un premier projet éditorial, une conversation photographique entre Mel et moi. À la suite de la séance photo, je lui propose d’écrire un texte pour accompagner les photos que nous avons réalisées. Ainsi nait Un nouveau premier jour, un objet éditorial tiré en quatre exemplaires. Nous proposons une lecture du texte en écriture inclusive, où chaque mot, habituellement genré, se trouve ici non-genré. La conversation ne s’arrête pas là. Très rapidement, je lui suggère un nouveau format, autour d’enregistrements audio. Au mois de février 2023, dans la continuité de son processus de transition, Mel enclenche une intervention chirurgicale : une torsoplastie. Sur le chemin de Mel, c’est une étape très importante. Il commence donc à documenter, par l’intermédiaire de petites notes vocales, ce moment d’attente si particulier avant cet événement fondamental dans sa construction. C’est au montage de ces notes audio que j’ai eu envie de raconter un instant de vie à travers un docu-fiction.

Pourquoi avoir choisi la forme du docu-fiction pour raconter Beau ?

Dans mon processus d'écriture, ma volonté première était de documenter l'histoire de Mel sans prendre trop de place avec la mise en scène. J'ai donc inscrit volontairement le récit dans son quotidien. Nous avons tourné dans son appartement, à Montreuil, dans le 93, dans les rues de sa ville et dans un parc tout proche de son lieu de vie. Il me semblait très important de traiter ce sujet, en tant que réalisatrice, avec pudeur et sans jamais laisser place au voyeurisme. À l’image, jusqu’à la scène finale, on ne peut identifier l’identité de genre de Mel. Dans la voix-off, Mel questionne lui-même toute cette attente qui a mené à son opération (et dont on saisit la dimension dans l’image de fin) ainsi que les catégorisations de genre, les transidentités : c’est un regard sur lui-même qui est proposé. L’image se concentre sur l’attente, la solitude et la vie quotidienne, ordinaire, de Mel. Ce film est un moment volé, non figé, que j'ai voulu doux, intime, sensible, respectueux et poétique. Comme pour le premier objet photographique mentionné plus tôt, j'ai voulu utiliser des méthodes analogiques. C'est un moyen de sublimer la lumière, les peaux, laisser transparaître des aspérités qui me semblaient très intéressantes à montrer.

Sur le tournage, c'est un dispositif particulier : les prises ne sont pas multipliées de manière automatique, aucun cadre n'est laissé au hasard, le découpage doit être fait minutieusement. C'était une première fois à la pellicule, en 16 mm, pour Mario Le Sergent, le chef-opérateur. Il a fait un travail remarquable avec son équipe image. Cet apprentissage en commun et cette méthode chronophage ont participé à donner à ce tournage une saveur très particulière et au film la forme qu'il a aujourd'hui. La colorimétrie et l'univers musical, composé par PICOT directement sur le film monté, nous emportent vers un récit fictionnel alors même que c'est une histoire réelle documentée. C'est ce jeu entre documentaire et fiction, cette forme hybride qui m'intéressait particulièrement au regard du sujet.

Quelles sont vos envies futures de création ?

Depuis Beau, j’ai réalisé un autre court métrage, de fiction cette fois-ci, nommé Le rayon est vert, et qui suit actuellement un joli parcours en festival. Un nouveau format court est actuellement en écriture, avec mon amie de longue date Margaux Hontang, et s'articule autour de la ruralité. Comme ma pratique est assez versatile, j’oscille entre mise en scène et graphisme, et je continue en parallèle un travail photographique personnel et de commande. C'est une pratique hybride qui me permet de ne jamais rester dans ma zone de confort et qui me permet de prendre chaque nouveau projet comme un apprentissage technique et humain. Ce qui m'anime particulièrement, c'est de pouvoir, à chaque fois, travailler et développer des histoires avec des équipes aux sensibilités différentes. Ce qui me plait le plus dans la mise en scène, c'est l'opportunité de monter un collectif.

Propos recueillis le 19/08/2025

BIOGRAPHIE

Marion Renerre

Renerre - portrait - Gabarit

Photographe, réalisatrice et directrice artistique, Marion Renerre est basée à Paris. Formée au design graphique à l’école Estienne, elle explore une pratique hybride entre graphisme, film et photographie. Elle développe des univers narratifs poétiques et naturalistes qui résonnent à travers des récits sensibles.

REVUE DU WEB

Se construire tel qu'on se sent être

FRANCE INTER 🎧 (2023-7 ép.) >>> En tout genre. Série de podcasts. Depuis les années 2000, les questionnements sur le genre ont pris une place importante dans la société. Pour y voir plus clair, l'on s'intéresse dans une série d'émissions à toutes les questions y ayant trait. Transidentité, non-binarité, fluidité... De quoi s'agit-il ?

INA 🎬 (1983-2') >>> Éric s'est fait opérer en Angleterre pour devenir un homme. Il ne supportait ni son corps, ni les vêtements féminins. Pour lui, l'identité est plus forte que l'apparence. Il estime ne pas avoir changé de sexe car il s'est toujours considéré comme un homme. Ce qui ne l'empêche pas d'aimer les femmes, comme tous les hommes

OUEST-FRANCE 📝 (2025) >>> Y a-t-il vraiment plus de transitions de genre qu’avant ? Que sont les transitions de genre exactement ? (…) Autant de questions posées par l’air du temps, entre affirmations raccourcies, instrumentalisées ou politisées, et idées reçues, fabriquées ou fantasmées. Claire Vandendriessche, médiatrice en santé dans plusieurs associations trans et membre du projet de recherche Trajectoire jeune trans nous aide à démêler le vrai du faux.

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    réalisation, montage Marion Renerre

    assistante réal Élise Mathelier

    directeur photo Mario Le Sergent

    assistants caméra Quentin Duvillier, Éléna Doncheva

    électro Robyn Dupuis Da Silva

    stagiaire image Pauline Martinez

    maquillage Roman Dumousseau

    runner Nino Gardent-Bolzer

    musique originale Thibault Picot

    mixée par Axel Lempère

    mixage Augustin Parsy

    graphisme Marion Moulin

    étalonnage AE Film

    Artistes cités sur cette page

    Renerre - portrait - Gabarit

    Marion Renerre

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