Au taquet
Selon le dictionnaire, être Le dos au mur, c’est ne plus pouvoir reculer, être obligé de faire face.
Le héros du film de Bruno Collet n’a pas le choix. Il est enchaîné à ce mur, condamné à regarder le temps qui s’écoule. Comme tout le monde, il rêve d’amour et de liberté mais quelque chose le retient, dans son fondement.
Impassible, il voit la mort faire son œuvre de dégradation, de décomposition, et c’est avec un stoïcisme sans faille qu’il marche vers sa propre liquidation.
Non, Le dos au mur n’est pas d’un drame psychologique mais la fine observation du réel, transposé par la grâce de l’animation dans une forme de stylisation poétique, où les objets sont chargés d’une humanité confondante.
LE DOS AU MUR
LE DOS AU MUR
de Bruno Collet (2001 - 7')
Au purgatoire des objets, un petit personnage métallique se remémore son existence. Condamné dès sa naissance à retenir un volet ouvert, sa vie d'homme tronc n'a été que soumission. Pourtant, il se rappelle, un jour, avoir cru en l'amour...
>>> un film produit par Jean-François Le Corre, Vivement Lundi !
La mémoire des objets
La mémoire des objets
par Bruno Collet
J'adore que l'on me raconte des histoires. Pas de celles que l'on trouve dans les livres, mais dans les souvenirs. Des histoires que le temps a patinées, que la mauvaise foi a transformées. Des faits divers historiques qui mettent en scène la vie du conteur.
Je ne sais pas si cela tient au fait qu'en guise de fée, c'est une vieille nourrice qui s'est penchée sur mon berceau, mais j'ai toujours été sensible au témoignage des anciens. À leurs témoignages, mais aussi aux outils qu'ils utilisaient, aux vêtements qu'ils aimaient porter. Toutes ces reliques ont sûrement une mémoire et des souvenirs à nous confier, reste à savoir comment les faire parler. Prenez l'Obélisque de la Concorde, il a certainement des choses fabuleuses à raconter : ses souvenirs de Louxor, la vie des Pharaons ou l'arrivée de Napoléon...
Moi, celui que je voulais interviewer, c'était le petit homme tronc qui, monté sur rotule, retenait mon volet. Oh, c'est sûr, il n'a jamais voyagé et ne connaît du monde qu'une vision limitée. Il n’en demeure pas moins un témoin privilégié des mouvements de la rue. En un siècle, il n'a jamais daigné se confier. Regardez-le, il est entièrement rouillé. Il est peut-être temps pour lui de témoigner sur sa vie et sur notre passé.
Bruno Collet
Bruno Collet
Né en Bretagne en 1965, Bruno Collet obtient en 1990 le Diplôme National Supérieur d'Arts Plastiques aux Beaux-Arts de Rennes. Il commence alors à travailler comme assistant photographe, puis comme décorateur sur de nombreux films, séries et vidéos musique en volume animé. En 2001, son premier court métrage, Le Dos au mur, est sélectionné puis primé à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes. Cette date marque pour lui le début de sa carrière de réalisateur. Les tournages de séries et de films en stop motion vont alors s’enchaîner. Calypso is Like So, en hommage à l’acteur Robert Mitchum, séduit la chaîne américaine Turner Classic Movie qui lui commande Rest in Peace, une mini-série humoristique mettant en scène les déboires d’un psycho-killer cinéphile.
En 2007, Bruno Collet change de registre et nous propose avec Le Jour de gloire… une vision onirique de l’horreur des tranchées durant la grande guerre. Le Petit Dragon, renoue avec l’humour en nous offrant, trente-huit ans après sa disparition, de sympathiques retrouvailles avec Bruce Lee. Son dernier court métrage d’animation, Mémorable, a reçu le Cristal du meilleur court métrage au Festival d'Annecy en 2019.
Bruno Collet travaille actuellement à l’écriture de son premier long-métrage d’animation.
5 mai 2022 10:12 - René
Bonjour
L'animation du "petit bonhomme" est incomplète, car lorsque le petit bonhomme était mis pour retenir le volet ,il était mis debout et pour qu'il ne tombe pas il redescendait verticalement de quelques millimètres, si non le petit bonhomme ne servait à rien , c'était même la petite astuce du système. Bonne journée.
3 février 2020 12:22 - Anne Boissel
Magnifique d'émotions !