Fort intérieur
La série policière en langue bretonne Fin ar bed revient pour une saison 2.
En amont ou en complément à cette nouvelle salve, Nolwenn Korbel nous invite à découvrir un podcast de 22 mn, où Marie, l'héroïne qu'elle incarne dans la série, nous livre ses cogitations.
Une bonne manière de se mettre en appétit avant de replonger dans les périls de Fin ar bed.
DIABARZH
DIABARZH
de Nolwenn Korbell (2021 - 22’)
Diabarzh (Intérieur) est un podcast créé afin de donner envie de voir la saison 2 de Fin ar bed. Marie, un des personnages principaux de la série télé, y prend la parole depuis le lieu et le moment où elle se trouve à la toute fin de la deuxième saison. Elle parle, se parle, pense, réfléchit, revient sur ce qu’a été sa vie jusque-là. Elle essaie de comprendre pourquoi et comment elle en est arrivée là. Mais qu’a-t-elle fait ? Diabarzh ne donne pas de réponses, il s’agit d’un cheminement de pensée et d'un nouvel éclairage sur la personne complexe qu’est Marie.
Fin ar bed
Fin ar bed
Saison 1
La série suit le destin de trois personnages - Fañch, Klet et Marie- dans un road trip de trois jours, une course-poursuite sur les routes de Bretagne. Marie, femme d’affaires dans la cinquantaine fuyant ses problèmes de couple et de travail, rencontre Fañch, un vieil homme avec sa mystérieuse boîte à biscuits sous le bras.
Survient le jeune Klet pourchassé par son demi-frère et qui cherche à aller à Roscoff afin de prendre un bateau vers la Grande-Bretagne.
Saison 2
Après avoir perdu son emploi, Marie vit seule, coincée dans une routine sans intérêt. Elle est contactée par Anne, la mère de Klet, devenu son ami après l'avoir embarquée dans une dangereuse histoire dangereuse par le passé. Elle apprend qu’il est en fuite et menacé de mort. Les deux femmes partent alors à sa recherche. Mais Marie va rapidement se rendre compte que le danger ne vient pas de là où elle l’aurait imaginé.
Entretien avec le réalisateur de la série
Entretien avec le réalisateur de la série
Comment résumeriez-vous la saison 2 de Fin ar bed ?
Présenter la saison 2 de Fin ar Bed sans révéler la fin, ce n’est pas si simple. Toujours est-il que l’on retrouve deux personnages : Marie, jouée par Nolwenn Korbell et Klet, incarné par Kaou Langoët. Dans cette deuxième saison, le challenge était de trouver deux nouvelles comédiennes brittophones dont une avec un accent irlandais ou anglais. Challenge réussi : Blaithin Allain, dans le rôle d’Anne, une femme de 50 ans, mère de Klet, à la recherche de son fils et Justine Morvan tenant le rôle de Maëlis, la petite amie de Klet.
Elles ont fait leur apparition dans cette nouvelle saison et m’ont agréablement surpris dans leur jeu d’actrice. L’histoire débute lorsqu’Anne appelle Marie et lui annonce que son fils a disparu.
Votre approche artistique sur la saison 2 a-t-elle été différente de celle de la saison 1 ?
On ne peut pas tout changer d’une saison 1 à une saison 2. Toujours est-il que cette nouvelle saison est pleine de nouveautés. On est beaucoup moins sur l’idée du roadmovie concentré sur le destin de trois personnages. Dans cette saison, on a une personne en fuite et d’autres qui vont le devenir. La thématique de la famille aussi est une thématique plus abordée. Enfin, on essaie de donner plus de billes pour savoir ce que veut Marie et qui elle est.
Vous abordez des sujets difficiles dans la saison 2 pour vos personnages, est ce que ça vous amuse de les torturer ?
Dans cette saison, il se passe des événements un peu rudes. Il y a une certaine noirceur et j’aime l’idée que le personnage joué par Nolwenn Korbell traverse des obstacles dans son parcours. C’est une telle battante qu’on peut se permettre de lui faire endurer des choses sans tomber dans quelque chose de trop glauque ou trop triste.
Comment s’est passé le tournage de la saison 2 ?
Le tournage s’est passé en novembre, on en a pris le parti dès l’écriture. Tourner en hiver signifiait de la gadoue, de la pluie, le froid. L’univers de la série allait donc évoluer dans cette ambiance-là. Il ne s’agissait pas de montrer un ciel bleu mais des lumières assez dures, ternes et sombres. Le tournage s’est globalement passé comme on l’imaginait. C’est-à-dire qu’on avait une vingtaine de jours pour tourner cette histoire qui fait une centaine de minutes. C’était un rythme, il fallait s’accrocher car on a une moyenne de quatre à cinq minutes par jour utile donc il n’était pas trop question d’improvisation. Il y a quand même eu quelques surprises que l’on n’avait pas imaginé comme des conditions climatiques assez dures (pluie, tempête). Le jour où on a tourné au bord de l’eau, il y avait une conjonction de conditions climatiques et de grandes marées qui faisait que l’eau montait plus que l’on avait imaginé. L’eau débordait, on tournait sur un bateau qui était au-dessus du quai. C’était assez étonnant !
L’histoire de Fin ar bed prend place en Bretagne, que représente cette région pour vous et pour la série ?
Ça n’aurait pas pu se passer ailleurs. Même si on ne dresse pas le portrait de la Bretagne, quand j’y réfléchis bien, je tiens aux paysages, je tiens à la langue, à plein de choses qui font que j’ai l’impression que c’est fait pour être tourné ici et pas ailleurs. La langue amène quelque chose même si je ne la parle pas. Le décor aussi, il y a une vraie cohérence à ce que ça se passe ici pour moi. Quelle richesse apporte le breton à cette série ? Je ne suis pas brittophone. C’est quand même assez magique de tourner dans une langue que je ne parle pas. Il y a un imaginaire autour de cette langue, une richesse qui vient de l’interprétation des textes qui sont écrits en français et traduits en breton. J’ai vraiment l’impression qu’en ayant le breton, on ajoute une richesse en plus à cette série. Pour moi, c’est une langue imagée, une langue riche.
Quelle est la suite pour Fin ar bed ?
La suite ? Cette histoire se termine-t-elle là ? J’aimerais bien continuer et je pense que les producteurs en ont aussi envie. On commence à réfléchir à la suite et surtout à la fin. On sait comment cette aventure a commencé. Maintenant il va falloir essayer de la clôturer avec une cohérence dans le parcours de Marie.
Sans trop spoiler, Marie est un peu en mauvaise posture à la fin de la saison 2, avez-vous des pistes en tête pour la suite de son parcours ?
Je crois que la thématique qui m’intéresse et que je cherche à développer est celle de la famille. Je pense c’est ce vers quoi j’ai envie d’aller pour la suite : savoir comment Marie va s’en tirer. Elle est très mal partie. Comment va-t-elle réussir à surmonter cet obstacle à la fin de la saison 2 ? Fondera-t-elle une famille ? Mais quelle famille ? Ça on verra.
Quelques mots pour nous convaincre de regarder Fin ar bed ?
Si on a bien travaillé au niveau du scénario et de la réalisation, vous allez être surpris. C’était aussi le but de cette saison 2 : faire passer le spectateur par des chemins par lesquels il n’aurait pas imaginé passer. C’est un peu plus d’excitation et de surprise. Dans la saison 1, il y avait trois personnages qui, j’espère, étaient très émouvants mais il y avait aussi des décors. Dans la saison 2, en plus des décors, il y a une ville que j’aime bien : Brest. Ça a été un grand plaisir pour moi de tourner toute cette saison 2 dans cette ville. Finalement, c’est peut-être une vraie raison pour moi de vous dire de regarder cette nouvelle saison !
Nolwenn Korbell
Nolwenn Korbell
Brittophone de naissance, Nolwenn Korbell vit à Douarnenez après quelques années à Rennes puis au Pays de Galles. Elle mène, depuis ses études au Conservatoire d’Art Dramatique de Rennes, une carrière de chanteuse, autrice, compositrice (cinq albums chez Coop Breizh, un album chez LADTK), et de comédienne au théâtre (avec les metteurs en scène Guy Pierre Couleau, Yves Beaunesne, Jean Lacornerie, Pauline Ribat), à la télévision et au cinéma (An Enez du de Marie Hélia, An dianav a rog ac’hanon de Avel Corre, petits rôles dans Doc Martin de Stéphane Clavier, L’inconnu de Brocéliande de Vincent Giovanni, Marie Tempête de Denis Malléval et bientôt dans la série Gloria de Julien Colonna.)
En 2017, elle joue le rôle principal féminin dans Fin ar bed. Elle double également des fictions en français (Nina Hoss dans Barbara de Christian Petzold, Gina Gershon dans Killer Joe de William Friedkin, Ahd dans Wadjda de Haifaa al-Mansour, Buzzlina dans La grande aventure de Maya l’abeille de Alexs Stadermann, Cynthia Nixon dans Emily Dickinson, A Quiet Passion de Terence Davies...) et en breton (dernièrement l’actrice principale Eve Myles de la série galloise Keeping Faith, Merc’her beure en breton, mais aussi de nombreux dessins animés et fictions).
Nolwenn Korbell vit et travaille dans un équilibre serein entre chant et comédie, employant le français et sa langue maternelle le breton à laquelle elle tente de donner une juste visibilité dans la culture et le monde.
Nicolas Leborgne
Nicolas Leborgne
Nicolas Leborgne est réalisateur de films de fiction et de documentaires depuis plus de dix ans. Selon lui, ces deux approches du cinéma sont complémentaires car il est nécessaire de faire entrer le réel dans la fiction pour la rendre vivante et crédible et inversement. En 2002, il réalise son premier court métrage intitulé Douche froide. Suivront ensuite Sortir (2011), Canada (2014) et Gravité (2015). En 2017, il réalise la série Fin ar bed nommée au Festival des créations télévisuelles de Luchon.
Chef opérateur de documentaires, il accompagne également sur le terrain des réalisateurs dans le développement de leurs films.
Il est par ailleurs intervenant à l’Université de Bretagne occidentale auprès des étudiants du Master image et son, dont il a lui-même été diplômé en 1997.
Actuellement, Nicolas Leborgne travaille à l’écriture et au développement de son premier long métrage, L’adjudant. Le projet a obtenu le prix du public à la sélection annuelle du Groupe Ouest en 2019.
Faire revivre le breton
Faire revivre le breton
FILMS EN BRETAGNE >>> Fin ar Bed nous plonge dans un monde qui n’existe pas, où tout est vécu, lu, parlé, en langue bretonne. Qui a dit que ce n’était pas une langue vivante ?
LE TÉLÉGRAMME >>> Fin ar Bed incarne un tournant dans l'audiovisuel breton. Une série qui bouleverse les codes souvent récurrents de la comédie et ose flirter avec l'univers du thriller et de la série noire, le tout tourné en breton.
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