Alors on danse ?

d'Hervé Portanguen (2020 - 10')

Si vous êtes un habitué des fest-noz, vous connaissez sûrement Fleuves, un trio dont les influences se retrouvent dans la musique bretonne, matinées de rock et d’électro. Un mélange qui les a conduits jusqu'aux scènes de musiques actuelles. Ils ont ainsi fait danser sur des pas de gavottes et de plinn le public des Vieilles Charrues ou des Transmusicales.
KuB s’est immiscé dans leur studio pour leur poser la question qui fâche : comment définir Fleuves ?

Fleuves se définit comme une musique du collectif et c’est en live que l'on ressent le plus l’énergie qui irradie du trio. En 2019, il entraîne la foule du Festival Interceltique de Lorient dans une polka en hommage à Nina Simone. Le morceau Nina S figure sur leur deuxième album, #2, sorti en 2019.

Les compositions de Fleuves naissent souvent d'un pas de danse traditionnelle et les musiciens invitent la foule à entrer dans des gavottes, plinn ou rondes improvisées. Avec Loud, le groupe propose à la danseuse Stéphanie Gaillard de s'approprier le geste, de le prolonger, toujours avec un respect tenu du rythme et du phrasé. C’est une relecture sensible et inspirée, dans le cadre de l'île d'Ouessant, d'une danse qui pourrait être de Loudéac réinterprétée par une danseuse contemporaine.

Fleuves est un trio formé par Émilien Robic / clarinette & clarinette basse, Samson Dayou / basse et Romain Dubois / clavier Fender Rhodes.

Tout en construisant leur répertoire en s'inspirant des rythmiques des danses traditionnelles de Bretagne, Fleuves développe une musique électro originale à fort potentiel cinématique. Les compositions du groupe décloisonnent les genres et développent des sonorités d’une fraicheur originale, électronique, fractale, raffinée et captivante. Fleuves est une invitation à se mettre en mouvement ; de rondeurs lancinantes en pointes incisives, la musique du trio façonne une transe quasi lévitative !

Le groupe fait ainsi partie de cette nouvelle génération de musiciens bretons, ancrée dans les musiques populaires et aguerrie aux esthétiques actuelles innovantes.

Leur premier album sorti fin 2016 (chez Coop Breizh) est un best-seller. 2019 est l’année d’un nouvel album baptisé #2. Peut-être finirait-on par dire, que l’on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.

CRI DE L’ORMEAU >>> Fleuves propose une alternative timbrale éloignée des formules éculées entendues au fest-noz à base de bombarde-accordéon-guitare. On s’appuie sur une clarinette avec option treujenn gaol, un Fender Rhodes et une basse électrique. Voilà qui pourrait heurter la dansabilité des plinn et autres fisel… Seulement voilà, les Fleuves ne s’interdisent pas de respecter tempo et phrasé pour alimenter la fièvre du samedi soir armoricain.

RADIO UNIVERS >>> Alors que la solidarité festive et la danse semblaient refaire surface sur les différentes scènes musicales françaises, la crise sanitaire et les gestes barrières ont freiné cet élan social à provenance immémoriale. Quand danserons-nous encore ? Quid de la présence corporelle de l’autre ?

20 MINUTES >>> Notre objectif est de faire danser les gens. On préfère d’ailleurs parler de danseurs plutôt que spectateurs. Le trio Fleuves était l’une des têtes d’affiches du grand fest-noz Yaouank 2019 au Parc Expo de Rennes.