Folklore musical

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Le film réalisé par Marie Barbara Le Gonidec montre des images tournées en 1939 lors de la première enquête ethnographique portant sur la musique en Basse-Bretagne. En fait de musique ce sont plus largement les arts et traditions populaires que saisissent ces prises de vue. Le film se constitue de 19 tableaux enregistrés dans divers villages, chacun d’entre eux nous mettant en présence de la réalité de l’époque : manières de danser, de se vêtir, rapport entre les hommes et les femmes, les jeunes et les vieux… dans des cours de fermes, des centre-bourg, des prairies où se déroulent des noces, des pardons. Le commentaire, de l'époque, donne des informations éclairantes sur les situations, tant sur le plan social qu'économique. Une époque où les gens se débrouillaient très bien avec les moyens du bord, une époque où des pratiques païennes faisaient encore partie du quotidien, une époque aussi où les Bretons de Paris s’en revenaient au village avec leurs costumes trois pièces, des robes longues et leurs moyens financiers qui allaient progressivement ringardiser la rigueur et la frugalité des Bretons du terroir.

FOLKLORE MUSICAL EN BASSE BRETAGNE EN 1939

de Marie Barbara Le Gonidec (2011 - 24’)

Ce film correspond à la mise bout à bout de douze bobines tournées à l’été 1939 dans le contexte de la première enquête portant sur la musique en Basse-Bretagne organisée par le Musée National des Arts et Traditions Populaires, né deux ans plus tôt à Paris. Une voix-off lisant des extraits du journal de route et l’ajout d’une sélection d’enregistrements sonores faits sur le terrain tentent de redonner sens à ces images.

Prévue du 15 juillet au 10 septembre mais interrompue le 26 août par la guerre, l’enquête est conduite par l’ethnomusicologue Claudie Marcel-Dubois et le linguiste François Falc’hun. Ils sont accompagnés par une photographe amatrice, Jeannine Auboyer qui, outre la captation filmique, prend 437 photos noir/blanc, tandis que Marcel-Dubois et Falch’un réalisent environ sept heures d'enregistrements sonores auprès de 123 personnes dans le Morbihan et le Finistère sud. Les enquêteurs ont aussi produit de nombreuses archives écrites. Leur collecte et l’ensemble de leurs archives sont numérisées et accessibles ici.

INTENTION

Un bien commun

accordeon fuschia folklore musical

par Marie-Barbara Le Gonidec

Dès lors que j’ai rejoint le Musée National des Arts et Traditions Populaires en 2004 comme responsable de la phonothèque et du département de la musique, j’ai eu à cœur de donner accès aux archives sonores constituées par les ethnomusicologues de l’institution. Ethnomusicologue moi-même, les captations musicales que nous sommes amenés à faire lors de nos séjours sur le terrain ne doivent pas être considérées uniquement comme des données de la recherche, mais comme un bien commun. Cela d’autant plus que certaines captations sont aujourd’hui devenues des documents historiques réalisés à une époque où l’enregistrement restait le fait de professionnels. En 2009, j’ai eu l’occasion, grâce au Comité des travaux historiques et scientifiques (Paris) et à Dastum (Rennes), de publier l’ensemble des archives de cette enquête de 1939 restée totalement inédite. Grâce à une édition DVD et une publication papier, les films et les captations sonores ont pu être rendues publiques. En 2011, j’ai souhaité que les images filmées soient vues par un plus large public, d’où l’idée de sonoriser ces images d’archives afin de leur apporter une valeur ajoutée et de les diffuser sur un média accessible sans restriction.

BIOGRAPHIE

Claudie Marcel-Dubois

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Claudie Marcel-Dubois en 1956 (cliché Maguy Andral, fonds Mucem, ph.1956.70.140)

À l’époque où elle entreprend cette mission, Marcel-Dubois est attachée au Musée de l’Homme où elle est entrée cinq ans plus tôt pour s’occuper de la phonothèque du département d’ethnologie musicale. En mai 1937, elle rejoint Georges Henri Rivière au Musée National des Arts et Traditions populaires (MNATP) créé cette année-là. Pianiste de formation, elle est diplômée de l’École du Louvre où elle suit les cours de Rivière et parfait ses connaissances en anthropologie en suivant ceux de l’École des Hautes Études où elle est l’élève de Marcel Mauss. La mission en Basse-Bretagne sera la première d’une longue série dans le cadre de sa carrière au CNRS où elle entre en 1943. Elle est considérée comme la fondatrice de la discipline pour le domaine français. Elle dirigera le département d’ethnomusicologie et la phonothèque du MNATP jusqu’à sa retraite en 1980. Elle est l’autrice de nombreuses publications et de très importantes collectes de fonds sonores.

BIOGRAPHIE

François Falc’hun

Falc'hun François juillet 1939 Mucem 1940-2-68
L'abbé François Falc'hun en 1939 (cliché Jeannine Auboyer, fonds Mucem, ph.1940.2.140)

Entré comme professeur de sixième au collège de Lesneven en 1932, François Falc’hun ne travaille qu’un mois en raison de sérieux problèmes pulmonaires. Ordonné prêtre à Nice en 1933 (il sera fait chanoine 1949), il trouve un poste de chapelain en région parisienne. Il prépare une licence de Lettres à l’Institut catholique de Paris qu’il obtient en 1937 et suit les cours d’irlandais et de gallois à l’École Pratique des Hautes Études. Il parfait sa formation à l’Institut de Phonétique. Un de ses enseignants le recommande à Rivière qui cherchait un linguiste pour l’enquête en Basse-Bretagne. En octobre 1945, Falc’hun est nommé chargé de cours de Celtique à l’Université de Rennes. Après une première thèse sur les mutations en breton, il en prépare une consacrée à l’histoire de la langue bretonne qu’il soutient en mars 1951. Cette même année, il devient titulaire de la chaire de Celtique, transférée, à sa demande, en octobre 1967, à l’Université de Brest où il enseigne jusqu’à sa retraite en 1978.

BIOGRAPHIE

Jeanine Auboyer

Spécialiste des arts bouddhiques du Japon, c’est à l’École du Louvre qu’elle rencontre Claudie Marcel-Dubois dont elle devient l’amie. De 1936 à 1942, elle est chargée de mission au musée Guimet dont elle deviendra la directrice 23 ans plus tard. Ayant gagné, au milieu des années 30, le troisième prix au Concours international de photographie de Queyras, Rivière l’engage pour la mission en Basse Bretagne dès sa phase de préparation au début de l’année 39. Sur le terrain, elle gère le budget et tient le journal de route, aide au maniement de l’appareil à enregistrer, mais surtout, elle s’occupe des photos et des films, à une époque où les techniques d’enregistrement du son et de l’image sont encore assez nouvelles et où il n’existe pas de spécialiste dans ce domaine parmi le personnel du jeune musée.

BIOGRAPHIE

Marie-Barbara Le Gonidec

Le Gonidec Marie-Barbara ethnomusicologue
Marie-Barbara Le Gonidec, autoportrait

Doctoresse de l’université de Paris-Nanterre suite à la soutenance d’une thèse sur la musique bulgare (1997), elle a travaillé au Musée de l’Homme comme spécialiste dans le domaine des instruments de musique. En 2004, elle rejoint le Musée National des Arts et Traditions Populaires où jusqu’à fin 2012, elle a été responsable de la phonothèque et du département de la musique. À ce titre, elle a publié l’enquête de la Mission de 1939 (éd. CTHS-Dastum, 2009). Ingénieure d’études au ministère de la Culture mise à disposition d’un laboratoire d’anthropologie du CNRS, elle continue son travail de valorisation des enquêtes ethnomusicologiques de l’ancien musée dont les archives sont aujourd’hui déposées aux Archives nationales.

REVUE DU WEB

Partir à la découverte d'un folklore oublié

FRANCE CULTURE >>> À la fin des années 30, un vaste mouvement de recherche folklorique, poussé par l'urgence, se dessine. Des enquêtes se mettent en place, des réseaux d'informateurs se tissent. Cette démarche de sauvegarde a pour centre névralgique le tout nouveau Musée des Arts et Traditions Populaires, emblème d'une ethnologie naissante.

L'OUEST EN MÉMOIRE >>> À l'hiver 1978, Yann-Fañch Kemener, chanteur et collecteur de chants traditionnels en Centre Bretagne, interroge Louise Dubois, une chanteuse de Trégornan en Glomel (Côtes du Nord). Elle lui chante une chanson aux paroles peu connues et dit un conte facétieux.

MISSION BASSE-BRETAGNE 1939 >>> Les journaux de route, les personnes rencontrées, les danses et chants recensées au cours de cette mission de folklore musical en Basse-Bretagne : tout est consigné sur ce site.

COMMENTAIRES

  • 6 septembre 2021 15:37 - Fabrice

    Je ne sais s'il y a un Le Faouët en Finistère.
    Il y en a bien un ailleurs, en Côtes-d'Armor.
    Je ne sais pas s'il y a un Le Faouët en Finistère.
    Je suis sûr qu'il y en a un en Morbihan.
    Mon petit trésor, ma famille y dort.

CRÉDITS

réalisation Marie-Barbara et Dastum

production Centre du patrimoine oral de Bretagne, qui a financé en 2009 la numérisation des films

images et textes originaux Jeanine Auboyer (1912-1990)

dits par Marie Barbara Le Gonidec

montage José Albertini

images d’archives

© MuCEM , 2011 musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (ancien MNATP)

© CRBC (Centre de recherche bretonne et celtique) de l’université de Brest, 2009

© Archives nationales, 2013

Avec le soutien de la MRT (Mission de la recherche et de la technologie), ministère de la Culture, qui a financé en 2011 la réalisation du site dans le cadre du projet Archives scientifiques de l’ethnologie soutenu par l’IDEMEC (Institut d’ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative, CNRS-Université d’Aix-Marseille),