Le Grand BaZH.art #42

de Pierre-François Lebrun

Des milliers de personnes étaient attendues du 16 au 19 juillet 2020 dans un champ devenu mythique, celui du festival des Vieilles Charrues à Carhaix. Cet été, seul Jérôme Tréhorel, son directeur, s’y promène, dans un silence assourdissant.

Pierre-François Lebrun s’est rendu sur les lieux d’évènements et de culture de la Bretagne qui viennent de connaître trois mois de pause forcée. Avant que les scènes ne soient de nouveau foulées, les fauteuils rouges de nouveau occupés et les couloirs des musées de nouveau arpentés, le Grand BaZH.art vous invite à les retrouver tels qu’ils sont restés pendant cette période inédite et à plonger dans un monde fait de silence et d’attente. Les hommes et les femmes qui les font vivre nous en parlent avec émotion. Outre Jérôme Tréhorel donc, Charles Muzy directeur du Vauban à Brest, Matthieu Rietzler, directeur de l’Opéra de Rennes, Françoise Berretrot, directrice de la Cohue à Vannes, Jean Marc Imbert, directeur du Petit Echo de la mode à Châtelaudren, Isabelle Allot directrice du cinéma de Loudéac, Mael le Goff, directeur de Mythos à Rennes et Fanny Sintes co-directrice du festival Lyncéus à Binic.

Qu'on se coule dans un fauteuil de l'Opéra de Rennes ou que l'on se trémousse dans un champs à Carhaix, c'est toujours la même émotion que l'on recherche. Et alors qu'au temps du confinement l'envie de s'évader a été exacerbée, les lieux de culture, eux, n'ont jamais été aussi vides. Festivals annulés, des musées et salles obscures closes... En écho au reportage de Pierre-François Lebrun, KuB vous propose de revenir dans les lieux aperçus dans À guichets fermés. Vous y découvrirez des artistes à l’œuvre et des publics emballés !

C'est bien connu : la musique fait voyager. En 2017, le festival Les Vieilles Charrues prenait l'expression au pied de la lettre et fêtait ses 25 ans à New York. Et parce que ce qui s'est passé en coulisse cette année-là est aussi intéressant que ce qui s'est passé sur scène, Hervé Portanguen et Raphaël Duvernay ont suivi l'équipe de cette édition spéciale des prairies de Carhaix aux pelouses de Central Park, avec notamment la participation de M.

L'année prochaine, le festival fêtera sa trentième année, des retrouvailles qui s'annoncent explosives !

Décollage pour New York

En 2017, Carmen, l'opéra de Bizet, créé il y a de plus de 140 ans, était repris à l'Opéra de Rennes avec Julie Robard-Gendre dans le rôle-titre.

Dans une série d’entretiens, KuB revenait sur la genèse de cette représentation. À voir ces comédiens, musiciens, chorégraphes travailler ensemble et former un tout, on mesure l'ampleur du vide qui a dû habiter l'Opéra de Rennes durant ces trois mois de pause.

L'amour est enfant de bohème / Il n'a jamais jamais connu de loi Si tu ne m'aimes pas je t'aime / Et si je t'aime prends garde à toi...

En 89, la réalisatrice Marie Hélia brosse le portrait du musicien Jacques Pellen, chez lui à Portsall et dans les coulisses du Vauban. Il était l'un des premiers musiciens à jouer du jazz dans la mythique salle de concert de Brest, il y avait ensuite ramené de nombreux compagnons et leur avait fait goûter ce petit quelque chose qui inspirait sa musique, entre tradition bretonne et éclectisme musical.

Jacques Pellen nous a quitté en février 2020, un départ brutal pour Charles Muzy, le patron du Vauban qui n'a pas pu dire au revoir à cet habitué : Dès que le Vauban pourra ouvrir, on fera un truc, avec tous ses potes, pour lui rendre l’hommage qu’il mérite. Ça attendra peut-être septembre, mais on le fera, c’est certain.

Les images Du grand avec une guitare au Vauban.

Avec ou sans visiteurs, un musée n'est jamais vide. Ces trois mois d'arrêt ont été pour l'équipe de la Cohue l'occasion de choyer les œuvres du musée.

En 2019, Simon Augade y exposait Intrant, une entité colossale et disloquée. La créature faite de bois, d'aspérités et d'ondulation semblait s'épanouir le long des murs de pierres de l'ancien passage et nous rappelait qu'une des fonctions essentielles des musées, au delà de donner à voir l'art, était de le protéger.

Face à face avec la bête.

Jusqu'en 1984, 6000 patrons étaient publiés chaque année dans la magazine Le petit écho de la mode de Châtelaudren. Ils permettaient aux couturières du dimanche d'ajouter à leurs placards des pièces de la haute couture agrémentées à leur goût personnel. Détourner les pièces des grandes maison à sa sauce, une sorte de plonkitude avant l'heure ? Sûrement, puisque le sujet a inspiré les frères helvétiques Plonk et Replonk. Un coup de ciseau, un trucage et quelques jeux de mots, et voilà les archives du magazine qui entrent dans le monde loufoque et mystérieux de ces trafiquants d’images. Le résultat était exposé dans les locaux de l'ancienne imprimerie, aujourd'hui reconvertis en scène de spectacles et pôle culturel.

Par ici pour savoir ce qu'est la plonkitude.

Quand la culture n'était pas en pause et son avenir si incertain, Lena Paugam rêvait à un spectacle sur la plage de la Banche, décor du festival de théâtre Lyncéus.

Le Lyncéus c'est aussi la preuve que la culture, même sans lieux dédiés, peut naître partout, tout le temps, tant qu'il y aura des gens pour la désirer.

Rendez-vous à Binic.