Rock around the farm

distribution foin avec papi

Je ne veux pas être paysan raconte le passage d’une génération à l’autre, d’une vocation à l’autre. Le père est paysan, suivant un déterminisme familial, le fils bosse dans la musique, échappant à son destin. Le petit jour dans lequel commence le film est celui d’une nouvelle journée de labeur pour l’un, la fin d’une nuit de fête pour l’autre. Car Tangui a fait le choix de mouiller sa chemise aux Vieilles Charrues plutôt que de s’éreinter sur la machine à traire.
Le film est ponctuées de conversations pudiques, où le fils tente de réparer l’image abîmée de son père, usé sous le joug de la ferme, et tout en cautérisant la blessure de l’arrachement. Tangui parti, le père reste seul avec son rêve de transmettre l’élevage, seul avec ses vaches avec qui il aura pourtant vécu une belle vie.
Le film de Tangui Le Cras est servi par les images sobres et justes de Guillaume Kozakiewiez et par quelques plages musicales où l'on reconnaît la patte de Krismenn, dont Tangui est le manageur. Des affleurements de beauté dans laquelle survient parfois la drôlerie, mais surtout la poignante humanité de ses protagonistes, des gens qui se lèvent tôt pour assurer la bonne santé du troupeau.

BANDE ANNONCE

JE NE VEUX PAS ÊTRE PAYSAN

de Tangui Le Cras (2018 - 52’)

Retrouvez ici la bande annonce de cette oeuvre (les droits de diffusion sur KuB sont arrivés à échéance).

Rencontre sur le tard avec mon père, à l’heure pour moi d’une certaine maturité, d’une sortie irrévocable de l’enfance. À la veille pour lui, de quitter ce qu’il a mis une vie à construire.

>>> un film produit par Jean-François Le Corre, Vivement Lundi !

INTENTION

Reconquête

par Tangui Le Cras

À quatre ans j’annonçais fièrement : Quand je serai grand, je serai moissonneuse batteuse. Sur la ferme j’ai tout appris. C’était mon école. J’y deviens, au fil des années, le parfait petit paysan.
À l’adolescence, cette relation évolue. Je perçois les obstacles du métier et le plaisir s’étiole doucement. Les soucis s’enchaînent sur la ferme, je vois mon père se courber, ça finit par me cogner. Cela ne m’empêchera pas de m’engager dans un bac agricole. Je crois y être allé par habitude, par manque d’horizon. Au lycée je suis à l’internat et la distance finit par me plaire. Je sors beaucoup, j’aime passionnément, je suis avide de musique. À la fin de ma terminale tout est dit. Je ne veux pas de cette vie dédiée au travail, je ne veux pas de la vie de mes parents, je ne veux pas être paysan. Je m’invente alors un nouveau parcours, dans la culture. Musicien, chargé de production, de communication, régisseur, tourneur, manager, j’apprends tout et je fuis la ferme.


Hiver 2013. J’ai 30 ans. Je visite mes parents. Nous prenons le temps des nouvelles en buvant le café. Cette cuisine n’a quasiment pas bougé depuis leur arrivée ici. Le même papier peint daté, cette même vieille gazinière qui a fait son temps, cela témoigne, je crois, du peu d'énergie qu’ils ont consacré à leur vie privée. En remontant dans ma voiture, je vois mon père sortir de la maison. Il fait froid, l’air est sec et la lumière vive. Il traverse la petite centaine de mètres qui le sépare de la laiterie, canne à la main, ça n’en finit pas. Il fait vieux comme ça, de dos. Il n’a pourtant que 53 ans. Je prends la route et je pleure de rage. Il ne se voit pas, chancelant, mais moi si, et cette image ne me quittera plus. L’homme robuste que je connaissais n’existe plus, il a perdu la force physique qui le caractérisait. Pour moi, il se tue pour ce métier qui n’épargne pas, il s’acharne alors que son corps ne le suit plus. Cette pensée est insupportable, ce travail est insupportable, je ne peux pas concevoir que ce soit un choix de vie. Mais cette colère revêt un regard partiel. Car au fond, malgré toutes les difficultés accumulées, mon père travaille toujours sur sa ferme. Il doit y avoir de l’amour dans ce choix de vie.

BIOGRAPHIE

Tangui Le Cras

profil Tangui Le Cras

Centre breton, Tangui Le Cras travaille habituellement dans la musique, à la production d’artistes et à la régie d’évènements.
C’est au contact de l’association Ty Films à Mellionnec qu’il voit, il y a cinq ans, la possibilité de raconter par l’image son rural, sa relation au travail, et notamment ses questionnements de fils de paysan.

REVUE DU WEB

Une ode au travail bien fait

TÉLÉRAMA >>> Ça m’a cogné, se souvient-il. J’en ai même pleuré de le voir comme ça, et suis allé trouver des copains. Je leur ai dit : mon père est un looser, il a raté sa vie. Non, m’ont-ils répondu : il aime son métier. Il y avait parmi eux Jean-Jacques Rault, qui avait dû abandonner sa ferme pour des raisons financières, était devenu réalisateur et présidait l’association Ty Films à Mellionec. Mon projet de fiction a bifurqué vers le documentaire.

LE BLOG DOCUMENTAIRE >>> Le film trouve toute sa densité dans son point de bascule. Ce moment où, ce qui s’annonçait comme un plaidoyer de Tangui Le Cras pour justifier son refus de suivre le même chemin besogneux que celui emprunté par ses parents, se transforme en ode au travail bien fait, simple et viscéral des paysans. Cet instant où le réalisateur accepte de baisser les armes, d’abandonner sa colère pour regarder, pour écouter...

TELEOBS >>> Ce film, au profil modeste, dévoile peu à peu ses vrais enjeux : la réconciliation pudique d'un fils et de son père, l'acceptation tardive d'un milieu et d'une histoire familiale fondée sur le travail. Je ne veux pas être paysan, non, mais je comprends enfin que tu le sois pourrait être sa morale.

FILMS EN BRETAGNE >>> Tangui se lance dans l’écriture d’un film, le premier, qui comme il le dit lui-même, n’en appellera pas forcément d’autres, je n’ai pas besoin d’être réalisateur, mais qui fait nécessité. Son désir de film transpire, il y a une urgence à dire sa condition de fils de paysan, en rupture avec la ferme.

COMMENTAIRES

  • 13 juin 2022 11:15 - CHOTTARD Paskal

    Un très beau documentaire mais qui laisse de grandes inquiétudes sur le monde paysan d'aujourd'hui car il semble plus que jamais menacé...

  • 11 juin 2022 19:17 - Anne Boissel

    Amour , humanité et respect , un message pour toutes les générations .
    Très beau , merci !
    Anne

  • 10 décembre 2021 21:22 - FAGOT

    Super beau.

  • 10 décembre 2021 19:45 - Lebon Sylvie

    Tout simplement genial

  • 7 juillet 2021 17:21 - GANAYE

    Voilà un magnifique documentaire qui suggère plus qu’il ne montre et parle à tout le monde . Il évoque les liens si complexes entre les générations avec pudeur et justesse. Chacun est à sa place et chacun a une place. Des liens forts se sont créés malgré les difficultés et l’image des petits enfants autour de leur grand père est un des beaux moments du film.
    Le choix des musiques est excellent !
    Merci et bravo !

  • 7 juillet 2021 01:18 - jp

    touchant, émouvant, a cote de la plaque, et c'est normal, quand il s'agit de parler des générations précédentes qui étaient capables de s'investir corps et vie et âme dans le travail! ma famille en vient, je n'y suis plus, çà ne m'a pas empêché de retourner vers ce lien d'aliénation avec le travail, autre, différent, mais toujours aussi envahissant.

  • 16 juin 2021 22:01 - Gransac

    Touchant portrait, leçon de vie. Moi aussi "je trouve ça beau ici". Et super BO. Merci !

CRÉDITS

un film écrit par Tangui Le Cras et Anne Paschetta
réalisation Tangui Le Cras
image Guillaume Kozakiewiez
son
Valentin Gelin

montage Suzana Pedro
montage son et mixage Thierry Compain
étalonnage Marcello Cilurzo

production Vivement Lundi !
avec la participation de France Télévisions – France 3 Bretagne, TVR, Tébéo, Tébésud
avec le soutien du CNC, de la Région Bretagne, du Département des Côtes d’Armor, Procirep, Angoa
ce film a bénéficié d’une résidence d’écriture de Ty Films – Mellionnec, et de la bourse Brouillon d’un rêve de la Scam

Artistes cités sur cette page

Tangui le Cras ©Laurent Franzi

Tangui Le Cras

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