Jean Moulin, artiste
Jean Moulin, bien avant d'être le héros et martyr de la Résistance au nazisme, est passé par la Bretagne.
En 1930, il est le plus jeune sous-préfet de France quand il arrive dans le Finistère, à Châteaulin. En marge de son activité, il lit, dessine, collectionne des œuvres et fréquente des poètes et des artistes, notamment Max Jacob qui réside alors à Quimper. Un reportage de Marie Halopeau témoigne de ce séjour qui dura deux ans et permet de découvrir une facette méconnue de cet homme au destin hors du commun.
Sous-préfet de Châteaulin
Sous-préfet de Châteaulin
Jean Moulin quitte Alberville le 26 janvier 1930 pour rejoindre le Finistère. Dans sa vieille Amilcar rouge, à laquelle il a fait mettre une capote, il met quatre jours pour rejoindre son nouveau poste. Il arrive à Quimper le 1er février puis à Châteaulin le 2. Dans cette sous-préfecture, il trouve Jean-Baptiste Lucas, un jeune secrétaire avec lequel il liera une solide amitié. Dans une lettre du 6 mars, il déplore le manque d'activités culturelles : Châteaulin n'offre pas beaucoup de ressources, je dirais même pas du tout, aussi je ne sors guère sinon pour aller matin et soir au restaurant où l'on nous sert une tambouille pas très soignée. Mais il s'adapte peu à peu à la vie bretonne : Le climat dont on m'avait dit tant de mal, n'est pas désagréable et nous avons eu de bien belles journées.
Il rencontre le poète Saint-Pol Roux, originaire de Marseille : La semaine dernière, j'ai fait toute la presqu'île de Crozon qui est très belle. J'ai déjeuné à Camaret, grand port langoustier et ancien port de guerre fortifié. L'après-midi, je suis allé voir la pointe des Pois et le poète Saint-Pol Roux (dit le Magnifique...) qui m'a reçu très aimablement, et c'est en provençal que notre conversation s'est terminée.
Son travail de sous-préfet lui laisse le temps pour lire, de dessiner et de fréquenter ses semblables. Il rencontre le docteur Tuset, catalan d'origine, graveur, sculpteur de qualité, et médecin-chef d'hygiène à la préfecture de Quimper. Par lui, il est introduit dans un groupe d'artistes et d'écrivains : Giovanni Léonardi, peintre de gouaches et céramiste ; Lionel Floch, peintre et graveur breton ; le poète et dessinateur Max Jacob ; le docteur Destouches - Céline en littérature ; le jeune peintre Nicolas Pesce ; le poète et journaliste Robert-Louis Pillet...
Jean Moulin s'intègre bien et se fond dans ce milieu artistique où son talent pictural est apprécié. Lionel Floch lui dira : j'admire votre facilité ! et le docteur Tuset lui rapportera qu'à propos de son talent, le mot de génie a été prononcé. Influencé par la religiosité bretonne, et guidé par son ami céramiste Giovanni Léonardi, il réalise en 1932 une pietà en faïence de Quimper.
En libre penseur, et pour garder une distance protocolaire, il se refusera toujours d'assister en tant que sous-préfet aux cérémonies et processions de la région et notamment au Pardon de Châteaulin. Mais il rapportera du pardon de Notre-Dame de Rumengol et du pardon de Sainte-Anne-La-Palud de nombreux croquis et l'inspiration pour la réalisation de très belles eaux-fortes.
Romanin et ses amis artistes bretons
Romanin et ses amis artistes bretons
En Bretagne, Jean Moulin continue à produire des dessins humoristiques, collabore toujours à plusieurs journaux humoristiques et expose à Paris au Salon des humoristes de 1930. Il fait de fréquents voyages vers la capitale où il retrouve ses amis dont le peintre Jean Saint-Paul et fréquente Montparnasse source d'inspiration pour ses dessins. Mais en Bretagne, il fait de nouvelles découvertes artistiques, sans doute conseillé au début par son collaborateur Jean-Baptiste Lucas puis par le Docteur et artiste Augustin Tuset.
Il rencontra assez vite Max Jacob, chef de file de la poésie moderne auquel la plupart des jeunes écrivains comme Cocteau, Aragon ou Malraux vouent une grande admiration. Selon leur ami commun Roger-Louis Pillet, poète et journaliste, Max Jacob aurait dit de Jean Moulin : homme de qualité exceptionnelle ; destin hors-série. Puis dans une voiture qui le ramenait de Châteaulin à Quimper en compagnie d'Augustin Tuset : Moulin, spécimen hors classe d'humanité.
Artiste pour la liberté
Artiste pour la liberté
1 JOUR 1 QUESTION >>> Un chapeau, une écharpe, un regard sur cet homme de principe qui s'est opposé aux Allemands pendant la deuxième Guerre Mondiale.
CHÂTEAULIN >>> Jean Moulin (1899-1943), le plus jeune sous-préfet de France, nommé pour succéder à Philippe Duvard, arrive à Châteaulin le 2 février 1930. La ville dresse son portrait.
LE TÉLÉGRAMME >>> Il est sans doute la personnalité la plus remarquable de l’Histoire de France à avoir vécu à Châteaulin : Jean Moulin, sous-préfet de la ville de 1930 à 1933, à l'honneur le lundi 22 avril 2019, au lycée Saint-Louis. Un temps qui permet de retracer le parcours du résistant français.
5 juin 2022 13:15 - MORHAIN YVES
Bonjour
Je vous invite à lire mon livre aux ÉDITIONS HETMANN 2020
« Jean Moulin « Romanin », peindre le désastre dans la civilisation «
Yves MORHAIN
Professeur des Universités de Lyon
Même de l’association Max Jacob, je pourrai vous apporter qq éléments.
Cordialement