Jon face aux vents
Avec mes rennes
Laissez-vous entraîner par la voix de Jon qui raconte sa vie avec une placidité sans égal, et dans une langue rare, celle des Samis, le dernier peuple autochtone d'Europe plus connu sous le nom de Lapons, du suédois lapp qui signifie porteur de haillons (ce qui explique que ce nom ait été délaissé).
Jon vit aux confins du cercle polaire, dans une relation humble avec la nature : la forêt, la toundra, son troupeau de rennes, sa femme et son enfant. La vie coule, paisible, comme dans un conte. La philosophie de Jon est simple - aller à son rythme sans être bousculé, décider au fur et à mesure… - pour une vie simple et intense.
Dans l’immensité de la steppe arctique, l’espace et le temps s’ouvrent. La marche de l’homme dans le sillage de son troupeau, le porte à des moments d’extase, que le spectateur peut effleurer du regard.
Corto Fajal a établi la relation juste avec son personnage et son sujet,
il a passé le temps qu’il fallait pour, au fil des saisons, entrer dans la réalité, dans l’esprit de cet homme et de ce peuple. Jon résiste autant que faire se peut aux nouveaux outils techniques qui transforment le rapport à la nature, le rapport aux autres, qui créent une dépendance à l’argent. Le territoire est progressivement exploité par d’autres, qui viennent y chercher des ressources sans vergogne, les Samis ne se considérant pas propriétaires de la terre.
La perte du paradis se profile à l’horizon, le réchauffement climatique se manifeste de façon brutale… Mais Jon poursuit sa route, face au vent.
JON FACE AUX VENTS
un film de Corto Fajal (2011)
Jon face au vent est un voyage au pays des Samis, le dernier peuple nomade et indigène d’Europe occidentale. Jon est un grand blond aux yeux bleus. Il est suédois par sa mère, Sami par son père, un instituteur qui a eu comme élèves des enfants Samis dans les années 70. Des études, un bon job, une maison… sa vie quasi sédentaire le prédestinait à un avenir suédois. Mais attiré par les grands espaces où a vécu son grand père, il a préféré marcher sur ses traces et a rejoint sa communauté d’éleveurs de rennes. Une tradition de nomadisme agrémentée par le GPS, l’hélicoptère, le snow-mobile, et des habitations dotées de l’énergie solaire ou éolienne... des technologies qui ont adouci la confrontation entre l’homme et un environnement hostile.
PALMARÈS
Mention Spéciale au Festival International du Film de Montagne (Autrans 2010)
Grand Prix du Jury au Festival International des Films sur la Ruralité (Ville-sur-Yron 2011)
Coup de cœur du public des 11es Conviviales (Nannay 2011)
Sélection Grand Cru Bretagne au 34e Gouel ar Filmoù (Festival de Cinéma de Douarnenez 2011)
Sélection à Doc Ouest (Pleneuf Val André 2011)
Sélection au Festival Les Boréales (Caen 2011)
Coup de cœur de la 12e édition du Mois du documentaire en Bretagne 2011
Sélection au Festival du Film Ethnographique Jean Rouch (Musée de l’Homme Paris 2011)
Une humanité rare
par Corto Fajal
Avec Jon, j’ai découvert qu’il existe au cœur de l’Europe un peuple qui vit en harmonie avec son environnement, où l’exploitation quotidienne des ressources naturelles sert encore directement ses besoins : manger, boire, se loger et s’habiller. À travers l’élevage du renne, il conjugue deux univers qui habituellement s’opposent : le progrès technologique et les savoirs faire d’autrefois. En m’acceptant dans son entourage, Jon m’a fait partager un quotidien riche, une humanité rare, un combat quasi permanent pour préserver un équilibre entre un mode de vie et la nécessaire adaptation face aux déséquilibres du monde moderne, entre des paysages somptueux, une culture riche et vivante, un animal étonnant, et un modèle de société original bâti sur un esprit communautaire.
Pas d’interviews. Le film est construit autour d’une année de la vie de Jon, son savoir, son goût du partage, ses réflexions et sa vision des choses. La simplicité de ses propos a quelque chose d’envoûtant, lorsqu’il évoque l’histoire de son peuple, son quotidien, même les choses les plus anodines font sens dans son propos. Jon a une manière de penser inimitable.
Les Samis distinguent dans l’année huit saisons (ndlr : chacune de nos saisons est précédée d'une pré-saison, pré-été, pré-hiver, etc.) qui rythment leur activité d’éleveur. Elles correspondent à des tâches précises liées au rythme et aux besoins de l’animal, et à la modification de son environnement : saison du rut, de l’abattage, du marquage, la grande transhumance d’hiver, la grande transhumance du printemps, les naissances... Le scénario du film est construit autour de ce cycle.
La glace a cédé
Fait symptomatique, le 13 novembre 2009, alors que le troupeau traverse un lac gelé, la glace cède. Les images de ce drame, qui ont fait le buzz sur le net, se trouvent dans la seconde moitié de Jon face aux vents.
REUTERS, Jens Hansergard, traduction Nicole Dupont >>> Des centaines de rennes se noient
La glace d'un lac du nord de la Suède a cédé cette semaine sous le poids d'un troupeau de rennes et des centaines d'animaux se sont noyés. Le troupeau d'environ 3 000 têtes était guidé par des bergers Sami de la rive occidentale à la rive orientale du lac Kutjaure lorsque, pour une raison inconnue, des rennes qui se trouvaient en tête ont brusquement fait demi tour, ce qui a fait céder la glace, entraînant dans l'eau des centaines de bêtes. Dans l'agitation qui a suivi, l'ensemble du troupeau s'est mis à tourner en rond, ce qui a encore accru la pression sur la glace, a expliqué Erik Gustavsson, un responsable régional. Le lac Kutjaure, situé au-delà du cercle Arctique, est utilisé depuis des décennies pour la migration des rennes de leurs pâturages d'été à la région où ils passent l'hiver. Bertil Kielatis, chef du village Sami de Sirges, auquel appartient le troupeau, a déclaré que la perte pourrait se chiffrer à des centaines de milliers de dollars. (...)
CORTO FAJAL
Assistant réalisateur de longs métrages, puis réalisateur de films documentaire. Attiré par les grands espaces et les aventures humaines, il travaille essentiellement dans le domaine du sport-aventure et des expéditions sportives autour du monde. Corto Fajal a préparé Jon face aux vents durant quatre années, en partageant la vie de Jon et de sa communauté d'élevage, et il a tourné pendant un an. Pour lui, faire des films est plus un moyen de vivre des expériences extraordinaires, de faire des rencontres et de les partager ensuite, qu'un objectif en soi : c'est la raison pour laquelle il préfère prendre son temps et vivre pleinement l'aventure de chacun de ses films.
Les Samis, un peuple vulnérable
Le Monde diplomatique, Cédric Gouverneur >>> Deux articles clairs et concis : Le seul peuple « autochtone » d’Europe et Éleveurs de rennes contre mineurs, sur la socio-politique du peuple Sami et ses relations tendues avec les partisans de l’ouverture de nouvelles mines de fer. Viscéralement attaché à la préservation de la nature, ce peuple autochtone aspire à l’autodétermination.
Canal U >>> Les Samis, éleveurs de rennes, face aux changements climatiques
Marie Roué, ethnologue spécialiste du monde arctique et subarctique, nous parle des Samis, peuple nomade de la Scandinavie très vulnérable face aux changements climatiques. Ils sont, bien involontairement, les éclaireurs des bouleversements écologiques à venir.
Le Monde >>> Les rennes de Laponie menacés par le réchauffement climatique
L'hiver, trop doux, a privé les troupeaux, principale activité économique en Laponie, du lichen dont ils se nourrissent.
Sciences et Avenir >>> Transhumance des rennes en Laponie suédoise : une aventure semée d’embûches
En Suède, 4600 éleveurs lapons se consacrent à l'élevage de rennes. Une profession aux rudes conditions de travail, surtout lors de la longue transhumance qui précède la nuit arctique. Reportage au pays du Père Noël.
Anne de Vandière >>> un reportage photo sur les Samis
Reporterre, le quotidien de l'écologie >>> Un projet de ligne ferroviaire traversant les terres Samis, dont le but est de rallier l'Asie à l'Europe, fait l'objet de vives inquiétudes chez ce peuple éleveur de rennes.
7 janvier 2019 19:41 - LE BORGNE Jean-Claude
Très beau document.
20 décembre 2017 17:44 - Monique Avenel
Document remarquable