Sauvagerie bulgare
Qu’est-ce qu’un film sauvage ? En regardant L’immeuble des braves qui se revendique du genre, l’on peut se dire qu’il échappe aux codes de la domestication, à la bienséance télévisuelle et même cinématographique. Un cadre flottant où l’horizon oscille, une narration qui n’est pas servie sur un plateau, que le spectateur doit aller chercher avec les dents.
Nous sommes en Bulgarie, devant un immeuble dévasté. Un homme survient, il cherche Gigi et Sara en tentant de les appâter avec des saucisses de Frankfurt, mais rien n'y fait. Une enquête commence alors, pour retrouver ces deux chiens, une traversée du quartier révélateur de l’état de rapports humains fort dégradés eux aussi. Comme le dit une passante à notre héros : la sauvagerie bulgare est sans limite.
Un film sauvage donc, pour saisir la sauvagerie d’un monde dérégulé, en quête d’humanité.
L’IMMEUBLE DES BRAVES
L’IMMEUBLE DES BRAVES
de Bojina Panayotova (2019 – 23’)
Sofia, 13 juin 2014. Comme chaque jour, Ivan revient devant l’immeuble dont il s’est fait expulser. Il vient nourrir ses enfants, Gigi et Sara, deux chiens errants qui vivent encore là. Mais ce matin, les chiens ont disparu. Ivan dans tous ses états alerte le quartier et se lance dans une quête éperdue pour retrouver ses chiens et défendre le dernier bastion d’innocence qui le relie à ce monde.
>>> un film produit par Vincent Le Port, Stank
Festivals
Cinéma du réel, Paris – Prix des détenus de la Maison d’arrêt de Bois-d’Arcy
Festival du film de l’Ouest, Betton – Grand Prix du Jury
Festival Silhouette, Paris – Prix du meilleur documentaire
Gent film festival, Belgique – Mention spéciale du jury
Festival Doc en courts, Lyon – Prix du jury étudiant
Rencontres du film documentaire, Mellionnec
Festival Côté court, Pantin
FIFIB, Bordeaux
Faites des courts, Brie-Comte-Robert
Festival de Duhok, Kurdistan
Festival de Douarnenez
Festival En ville !, Bruxelles
Festival de Monterrey, Mexique
Festival Les inattendus, Lyon
Festival de Sundsvall, Suède
OFF Cinema Festival, Poznań, Pologne
Don Quichotte postcommuniste
Don Quichotte postcommuniste
par Bojina Panayotova
Ivan est un Don Quichotte du postcommunisme. Je cherche à épouser la fièvre de cet homme brimé qui fantasme le chaos autant qu’il le subit. En accompagnant son manège, j’invoque un portrait de la Bulgarie contemporaine, ce pays en mutation, pétri de contradictions, violent, paranoïaque, nostalgique et en même temps bouillonnant d’espoir et d’ardeurs humaines. Dans cette journée où le cinéma est venu s’immiscer dans la vie d’Ivan, les fictions intérieures et le réel ne font plus qu’un. Ivan se met à faire du polar, la caméra se met à faire du polar et même la réalité se met à faire du polar.
Comme dans mon long métrage Je vois rouge je m’intéresse à la manière dont une matière brute purement documentaire s’élabore en récit et emprunte à la fiction. Comment, à partir du moment où elle est filmée, une situation convoque des archétypes. Je travaille un cinéma intime et brut qui ne cache pas les coulisses de sa propre fabrication. Plutôt que d’effacer la présence de la caméra, je souhaite montrer comment le film surgit pas à pas, dans la temporalité de l’instant, avec toutes les surprises que cela engendre.
Bojina Panayotova
Bojina Panayotova
Bojina Panayotova est née en Bulgarie. À la chute du mur, elle suit sa famille qui émigre en France. Après des études de philosophie à l’École normale supérieure et de cinéma à La fémis, elle repart en Bulgarie et se lance dans la fabrication de films sauvages. En 2014, elle rencontre le collectif de réalisateurs-producteurs STANK avec qui elle développe ses projets depuis. Elle collabore également avec le réalisateur Boris Lojkine, en tant que scénariste et scripte. Son premier long-métrage documentaire Je vois rouge, en sélection au Panorama à la Berlinale, est sorti en salles au printemps 2019.
Présélection aux Césars
Présélection aux Césars
BULAC >>> Bibliothèque universitaire des langues et civilisations. Discussion avec Bojina Panayotova après la projection de L’immeuble des braves.
OUEST-FRANCE >>> Cinq films ont été présélectionnés par des comités et sont désormais soumis au vote des membres de l’Académie des César. Parmi ces films, certains ont déjà été largement primés (…) L’immeuble des braves, un court-métrage de Bojina Panayotova, a été primé à cinq reprises et sélectionné plus de quinze fois.
4 février 2021 20:47 - Le Tacon
Je visionne la version originale proposée par Kub , mais je ne connais pas le Bulgare. Je suis égaré ! Jean-Louis Le Tacon