La terre
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Vives eaux
La marée fascine parce qu’elle redessine sans fin la frontière entre la terre et l’océan. Insensiblement tout change, varie sous l’effet du flux et du reflux et des changements permanents de lumière. Vincent Le Port nous plonge dans une expérience de compression du temps (time-lapse) qui rend le phénomène encore plus palpable et perturbant. Un paysage en constante mutation, impossible à saisir dans son ensemble.
LA TERRE
LA TERRE
un film cosmique et métaphysique de Vincent Le Port (2012)
Intentions du réalisateur : J’ai eu l’idée de ce film lors d’une résidence d’écriture au Groupe Ouest, dans le Finistère. Cette résidence s’étalait tout au long d’une année, en cinq sessions d’une semaine chacune. Notre lieu de résidence se situait à une minute à pied de la plage où j’ai tourné le film. Je m’y rendais tous les jours, le matin, l’après-midi, le soir, la nuit, souvent pour me retrouver seul. J’ai pu voir cette plage durant les quatre saisons, à marée haute et à marée basse, sous la neige et en plein été. La mer, le sable, la terre, les rochers, le ciel, la lumière, le vent étaient toujours différents, modelant et métamorphosant le paysage au sein d’une même journée.
C’est lors de la dernière session de résidence que j’ai décidé de tourner La Terre, à la fois comme un hommage à cet endroit et au temps que j’y avais passé, mais aussi pour faire cette expérience singulière de suivre une marée de l’aube au crépuscule, de 6 heures du matin à 19 heures du soir, afin qu’une chose quotidienne redevienne, parce qu’on prend le temps de la regarder, mystérieuse, et presque magique.
Je ne souhaitais pas filmer l’espace d’un point de vue extérieur, observer la marée à distance, mais la suivre, la subir. Ne pas embrasser tout l’espace par un plan large fixe surplombant, comme le font la plupart des time-lapse, mais faire partie prenante de cet espace, et, par d’incessants recadrages, marquer l’impossibilité de tout posséder par l’image. Faire l’épreuve physique et tangible du temps et du paysage, et que le film tout entier soit contaminé par cette expérience. L’image devait dès lors être fébrile, vivante, parfois même hasardeuse : il fallait sentir la présence de la caméra et du cadreur.
Une phrase de Flaubert m’avait marqué quand j’étais lycéen : Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style, comme la terre sans être soutenue se tient en l’air, un livre qui n’aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible, si cela se peut. J’ai par la suite découvert que de nombreux films, notamment ceux dits expérimentaux, avaient déjà donné des réponses magnifiques à cette idée. Mais je me suis dit que j’avais peut-être moyen de faire quelque chose de similaire, ici, sur cette plage de Brignogan, en me contentant d’un film épuré à l’extrême : le suivi d’une marée descendante puis ascendante. Un film sans narration, sans personnage, débarrassé de tout discours et de toute intention historique, sociologique ou politique, un film purement descriptif – mais qui puisse, par là même, devenir cosmique et métaphysique. Prendre la mesure de l’indifférence de la nature, de sa beauté, de sa toute-puissance, de son mystère, et questionner notre rapport à elle ainsi qu’au temps.
Vincent Le Port
Festivals
Festival Côté Court, Festival des Cinémas Différents et Expérimentaux de Paris, Festival International du Film d’Environnement, Festival Silence, on court !, CinemAmbiente Environmental Film Festival, Göteborg International Film Festival, Festival Les Inattendus de Lyon, Rencontres Internationales Eau et cinéma (Daegu/Gyeongbuk) – Prix “Goutte d’argent”.
>>> un film produit par Stank
VINCENT LE PORT
VINCENT LE PORT
Né à Rennes en 1986, Vincent Le Port est diplômé de La fémis en réalisation. En 2012, il cofonde Stank, collectif d’auteurs-réalisateurs au sein duquel il développe et réalise désormais ses films, dont Le Gouffre qui a obtenu le prix Jean Vigo du court métrage en 2016.
Filmographie
Dieu et le raté (docufiction, 2017, 94’), Les Légendaires (documentaire, 2017, 16’), Le Gouffre (fiction, 2016, 52’), La Terre (expérimental, 2012, 8’), Nouveaux nés (fiction, 2012, 9’), Danse des habitants invisibles de la Casualidad (documentaire, 2010, 27’), Moussem les morts (fiction, 2010, 82’), Finis Terrae (fiction, 2009, 15’), Grand Guignol (fiction, 2008, 11’), Minotaure Mein Führer (documentaire, 2008, 33’).
Entre virtuosité et anxiété
Entre virtuosité et anxiété
Festival des cinémas différents et expérimentaux de Paris >>> De l’aube à la tombée de la nuit, en accéléré, un cinéaste filme d’une manière insistante et compulsive une plage du Finistère. Le sable, le ciel, la mer changeante selon les marées successives, quelques traces de vie humaine (des maisons, des lumières au loin). Un chœur de Johannes Ockeghem – des sonorités du XVème siècle - en est le solennel accompagnement musical. La caméra bouge incessamment, le cinéaste veut tout nous montrer. Les plans oscillent entre virtuosité et anxiété. La grandeur de la nature face à la névrose d’un homme qui voudrait tout capturer par l’image. Et qui finalement atteint son objectif. Gloria Morano
AFP >>> Le phénomène des marées
5 avril 2017 09:56 - Didier M
J'ai lu le commentaire de Vincent Le Port sur ses intentions. Elles seules sont valables, le résultat est décevant.
Pourriez vous proposer ce traitement de texte avec les fonctionalités habituelles et nécessaires?