Scientifiques atterrés

de Jean-Marie Boulet et Phillipe Worms (2022 - 52’)

75 ans après Hiroshima et alors que sévit une pandémie mondiale, des chercheurs de renommée internationale se réunissent à la pointe de l'Arcouest, en face de Bréhat, sur les mêmes lieux où Curie, Joliot et autres pionniers de l’énergie nucléaire passaient leurs vacances un siècle plus tôt. Avec ce passé tragique en toile de fond, face aux dangers du 21e siècle, que peuvent-ils faire pour éviter de futures déflagrations ? Toutes et tous sont décidés à inventer une science responsable, citoyenne et démocratique, pour façonner de nouveaux modes d’existence. Ils se sont donné cinq jours pour écrire un manifeste. Tout le monde n’est pas d’accord, mais tous veulent éviter la catastrophe.

>>> un film produit par Vincent Gaullier, Look at Sciences

avec Camille Besombes, Raja Chatila, Pierre-Henri Gouyon, Aglaé Jézéquel, Alice Lebreton Mansuy, Jean-Marc Lévy Leblond et Dominique Méda

Une maison isolée au bord de la mer, à la pointe de l’Arcouest, dans les Côtes-d'Armor. Une nature sauvage, un endroit où les vivants, depuis toujours, luttent contre les éléments. Un petit groupe de scientifiques se retrouve ici, pour une semaine lourde de tensions et d’espoirs qui vont les éprouver. Dans cette maison, on vit à l’ombre de la bombe atomique, des déflagrations d’Hiroshima et Nagasaki et de la responsabilité de ceux qui ont travaillé à sa conception. Dans les années 1920, toute une communauté de scientifiques a pris ici ses quartiers d’été en famille, fait construire des villas. Il y a là tous les fondateurs du nucléaire français : Marie Curie, son mari Frédéric Joliot, leur fille Irène Joliot-Curie, Jean Perrin, Paul Langevin. Également des mathématiciens comme Émile Borel et sa femme, l’écrivaine Camille Marbo, des chimistes comme Victor Auger ou des historiens comme Charles Seignobos. Un bastion de rationalistes athées, nourris de la philosophie des Lumières, qui professent une foi inébranlable dans le progrès, scientifique et humain.

C’est l’histoire de vacances heureuses qui se terminent le 6 août 1945 par l’apocalypse. C’est sur ces lieux chargés d’histoire et de symbolique que nous avons choisi de tourner notre film. C’est là, dans les maisons mêmes où leurs prédécesseurs ont peaufiné leurs engagements politiques et scientifiques, que nous réunissons nos personnages, la densité dramatique des lieux pouvant déclencher une libération de la parole et des émotions. La beauté de cette côte déchiquetée autour de Bréhat et Paimpol, la lande désolée, les plages de galets multicolores, les ciels sans cesse changeants, ces maisons cachées sous les grands pins sur l’anse de Launay... tout concourt à donner à ces lieux une intensité cinématographique en correspondance avec les paradoxes et les controverses que ce film va explorer. L’épidémie de Covid a bouleversé nos vies, remis en question nos modes d’existence. D’autres déflagrations sont prévues avec certitude par les scientifiques, liées aux changements climatiques et à l’effondrement de la biodiversité. D’autres sont pressenties, craintes, liées aux dérives d’une technoscience effrénée.

Jean-Marie Boulet étudie le cinéma à l’IDHEC (Institut des hautes études cinématographiques) avant d’embrasser une carrière de réalisateur, principalement axée sur le documentaire. Il réalise de nombreux films pour la télévision dès la fin des années 1990, mais aussi des captations 2D et 3D. Naviguant entre les postes de réalisateur, chef-opérateur, stéréographe et producteur, il officie encore aujourd’hui à plusieurs endroits de la production audiovisuelle.

Philippe Worms suit d’abord des études scientifiques avant de basculer vers les lettres modernes. À partir de 22 ans, il travaille en tant qu’assistant-réalisateur au cinéma (notamment avec Alain Resnais) et à la télévision. Sa première réalisation est un court métrage documentaire, Fièvres, réalisé en 1983. Depuis lors, il continue à réaliser des documentaires, jusqu’au récent Chut !, long métrage sur une bibliothèque de quartier, espace de gratuité et de culture hors du temps et du monde marchand.

LE MONDE >>> L’ingénieur Philippe Behouix, auteur de L’Âge des low tech, est l’invité de cet épisode du podcast Chaleur humaine. Il est question de techno-solutionnisme, soit la pensée répandue qui consiste à croire que la technologie finira par résoudre le problème du réchauffement climatique.
ARTE TRACKS >>> Tracks rencontre les artistes pour qui il est urgent d’en finir avec le mythe d’une innovation technologique salvatrice que prêchent Mark Zuckerberg, Steve Jobs, Elon Musk et tous les génies créatifs de la Silicon Valley.
FRANCE CULTURE >>> Le principe de précaution est inscrit dans la Constitution. C’est un concept fondamental lorsque l’on s’intéresse à l’innovation et à la direction qu’on lui donne. C’est le sujet de cet épisode de La Méthode scientifique.
REPORTERRE >>> L’association Sciences citoyennes a publié un manifeste scientifique qui dessine les contours d’une science responsable.