En mer d’Iroise

Le parc du bout du monde - phare - banner hd

Un Parc naturel marin, pour qui, pour quoi ? Quelques années après la mise en place de la première aire marine protégée en France, située en mer d’Iroise, le réalisateur Mathurin Peschet se rend sur place pour prendre le pouls de cette nouvelle institution en charge de la préservation de la nature, sans pour autant créer d’obstacles à son exploitation. Une mission qui laisse dubitatifs les habitants dont certains n’hésitent pas à constater l’inutilité du machin et d’autres, de lui être hostiles. Nous n’avons pas de leçons à recevoir des gens qui viennent d’ailleurs. En cause, bien sûr, d’éventuelles restrictions sur la pêche, déjà contrainte par diverses réglementations.

Du côté des agents du Parc, il n’est d’ailleurs pas question d’imposer des règles de conduite mais d’agir dans une logique collaborative avec les professionnels. Ce serait une question de démocratie. La peur de brusquer une population, qui a déjà démontré ses capacités d’opposition au système, conduit le Parc à agir en douceur et à miser sur le temps long, qui fera qu’au bout du compte les gens comprendront que leur intérêt est d’agir en bonne intelligence avec les considérations des scientifiques.

Espérons.

FILM

LE PARC DU BOUT DU MONDE

de Mathurin Peschet (2014 - 52’)

Après une gestation compliquée, le Parc naturel marin d’Iroise a été inauguré en 2007 à la pointe de la Bretagne. C’est le premier du genre, avant qu’une dizaine d’autres ne voient le jour, si les finances publiques le permettent !
Ses missions ? Protéger le patrimoine naturel de la mer d’Iroise et participer au développement durable des activités marines. Aujourd’hui, où en est le parc marin ? Parvient-il à concilier écologie et économie ? Quels sont ses rapports avec les usagers de la mer d’Iroise et que font précisément ses agents ?
Récit d’un séjour bien salé au cœur d'un décor magnifique.

>>> un film produit par Laurence Ansquer, Tita B Productions

INTENTION

Les agents au travail

par Mathurin Peschet

Le parc du bout du monde - non au parc - gabarit
Le parc du bout du monde - phare - gabarit
Le parc du bout du monde - cover

Autour du nouveau millénaire. En vacances bretonnes, je roule vers la pointe du Raz pour aller prendre les embruns. Je suis surpris par plusieurs inscriptions à même la route ou sur des bâtiments qui proclament « NON AU PARC MARIN ». C’est la première fois que j’entends parler de ce projet et la guerre semble déjà déclarée. Par qui ? Pourquoi ?

Deuxième souvenir, durant l’été 2007. Malgré l’opposition locale de certains pêcheurs et plaisanciers, le Parc naturel marin d’Iroise, premier du genre, est finalement créé. Je réalise à la même période un film sur les goémoniers, des pêcheurs d’algues accusés de provoquer une déforestation sous-marine. J’apprends alors que le Parc marin va s’emparer de ce sujet.

Je tourne alors une séquence durant le premier conseil de gestion du parc en interrogeant les écologistes et les goémoniers présents. Au montage, je marque mon scepticisme sur l’efficacité de cette nouvelle structure où une gestion environnementale est confiée à des acteurs aux points de vue si différents.

Je déménage de Paris à Douarnenez en 2010. Dans cette petite ville du Finistère, la mer est omniprésente et, je ne le sais pas encore, je m’installe en plein dans le périmètre du parc marin. C’est aussi l’année où je filme ses agents en action. Il s’agit de montrer le comptage des phoques gris qu’ils effectuent dans l’archipel de Molène pour un film sur la biodiversité.

Soudain, dauphins et phoques percent la surface au même moment juste à côté de nous, instant magique où la nature révèle d’un coup toute sa splendeur.


Hiver 2011, j’assiste à une réunion publique organisée par le parc sur la protection des poissons plats. Mais rapidement un retraité se présentant comme le porte-parole des vieux pêcheurs les interpelle. Il dénonce avec virulence l’inaction du Parc contre les bolincheurs, des pêcheurs qui utilisent un filet tournant. D’après lui, ces navires armés pour la sardine débarquent en réalité du bar en grande quantité. L’équipe du Parc, mal à l’aise, tente de se défendre et explique qu’ils contrôlent ces bateaux régulièrement, sans rien constater d’anormal. Mais le retraité ne lâche pas l’affaire et leur rétorque que les bolincheurs leur ont montré ce qu’ils ont voulu et caché l’essentiel. Théâtral, il lance à la cantonade A quoi sert le Parc alors ? et le public de reprendre en cœur À rien !

Mon envie de documentaire est née progressivement au fil de ces moments où j’ai croisé la route du Parc. Depuis le début, il y a autour de cette nouvelle institution comme un malentendu persistant et une interrogation diffuse. Beaucoup ne savent tout simplement pas ce qui s’y joue, d’autres versent d’emblée dans la critique assassine, du genre : c’est une usine à gaz, on n’a pas besoin d’eux. Je sens pour ma part qu’il y a là une histoire bien salée autour de ce Parc marin remis en question.

BIOGRAPHIE

Mathurin Peschet

Mathurin Peschet - portrait - Gabarit
crédit : Tony Hayère

Originaire de Quimper, formé à l’école supérieure d’audiovisuel (ESAV) de Toulouse et aux Ateliers Varan, Mathurin Peschet est un réalisateur finistérien. Il a commencé comme loueur de caméras à Paris avant de devenir chef-monteur.

Après treize années passées dans la capitale, il revient en Bretagne avec l'aventure TV Breizh pour une émission musicale puis pour le programme Bretons autour du monde. Il passe progressivement derrière la caméra et parfois devant.

Installé à Douarnenez, il est l'auteur de documentaires en lien avec les questions environnementales, agricoles et marines ainsi que de nombreux sujets pour des magazines comme Littoral de France 3 Bretagne.

REVUE DU WEB

Le parc naturel marin d'Iroise

FRANCE 3 BRETAGNE >>> Créé en 2007, dans une vaste zone au large de la pointe bretonne, le Parc naturel marin d'Iroise est souvent érigé en modèle d'aire marine protégée (AMP) à la française. Pourtant, il est loin de faire l'unanimité.

ICI BREIZH IZEL >>> Dans le Parc naturel marin d'Iroise, quelques inspecteurs de l'environnement veillent au respect de la biodiversité. Entre pédagogie et observation scientifique, ces policiers de la mer, qui travaillent avec l'Office français de la biodiversité, multiplient les opérations sur l'océan.

FRANCE 3 BRETAGNE >>> Quand l'écologie s'allie à l'économie : le Parc naturel marin d'Iroise.

COMMENTAIRES

  • 11 février 2025 11:47 - MARZIN Charles

    J'ai regardé avec beaucoup d'intérêt le documentaire de Mathurin Peschet, bravo à lui.
    Petite anecdote vécue l'été dernier : à Douarnenez nous participons à Temps Fête 2024 avec notre petit voile aviron (sans moteur donc), nous sommes 2 à bord.
    A 13h nous décidons de pique-niquer à l'abri et nous nous mettons au mouillage devant le petit port de l'Ile Tristan, un autre petit canot nous rejoint... Nous observons que depuis l'Ile on nous surveille aux jumelles... des admirateurs passionnés par les vieux gréements peut-être ?
    Après le repas nous reprenons notre navigation, aux avirons nous nous approchons du petit port de l'ile et nous sommes extrêmement surpris, choqués, par un accueil hostile et menaçant des personnes à terre, celles qui nous surveillaient !
    Ce sont le gardien et les agents du Parc Marin qui nous apostrophent tandis que nous nous approchons : interdiction d'entrer dans le port (nous n'avons même pas touché le quai, sommes en eau libre), menace d'amende, je suis assermenté, dégagez,, etc... Nos voisins de mouillage se baignent à 2 et arrivent à la nage, hurlements des agents, nouvelles menaces, ils osent toucher le quai, et sont contraints de se remettre à l'eau sous une pluie d'invectives, zone interdite, repartez sous peine de poursuites, etc, etc... Nous nous replions tous et prenons la mer.
    Mes commentaires : comportement inadmissible des agents et du gardien, abus de fonction, appropriation éhontée d'un bien public pour usage exclusif et quasi-privé avec des attitudes de châtelains propriétaires, ce sont des évidences qui méritent d'être signalées. Et surtout défaillance pédagogique absolue du personnel d'un organisme qui prétend concilier la population avec son projet de protection de la nature... Bref ces fonctionnaires sont des prétentieux de la "classe d'en haut" comme il est dit dans le documentaire, ce n'est certainement pas avec des gens comme eux que nous croirons aux bonnes paroles du directeur du Parc Marin d'Iroise.

CRÉDITS

réalisation Mathurin Peschet
image  Mathurin Peschet
son Martin de Torcy, Matthieu Mounier
montage Mathurin Peschet
renfort montage et étalonnage Julien Cadilhac
montage son et mixage Frédéric Hamelin
musique Robert le Magnifique
production Laurence Ansquer
administration Caroline Mellet
secrétaire de production Liza Le Tonquer
post-production Voir(e)même, Chuuttt !

coproduction France Télévisions, France 3 Bretagne, TVR, Tébéo, Tébésud
avec la participation et le soutien du CNC, de la Procirep et de l’Angoa et l’aide à l’écriture de la Région Bretagne

Artistes cités sur cette page

Mathurin Peschet - portrait - Gabarit

Mathurin Peschet

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