Reconversion

de Patrice Gérard (2018 - 52’)

David et Xavier, producteurs de lait en Loire-Atlantique, sont des modèles de l’agriculture productiviste. Fiers de l’être et admirés par leurs pairs pour les performances de leur exploitation agricole. Mais voilà qu’à la surprise générale ils décident de convertir leur ferme à l’agriculture biologique. Quels hommes nouveaux seront-ils au bout du processus ?

>>> un film produit par Estelle Robin You, Les Films du Balibari

par Patrice Gérard

La ferme de la Sostière en Loire-Atlantique a longtemps été un modèle de l’agriculture conventionnelle. Mais, à la surprise générale, David et Xavier ont décidé de passer au bio, un processus que j’ai filmé pendant deux ans. Le choix des deux associés n’est guidé ni par le militantisme écolo, ni par un effet de mode : après une dizaine d’années d’activité, ils étaient las de la course à la productivité de l’élevage classique, qui les obligeait à emprunter (et travailler) toujours plus sans garantie de retour sur investissement. David, devenu père de famille, évoque aussi l’inquiétude de voir ses enfants exposés à des pesticides.

La bio-conversion exige courage et détermination. Changement de techniques de travail, elle implique aussi un bouleversement psychologique et la mise en place d’un autre rapport à l’animal. Exit les recettes et les gestes mécaniques, les deux agriculteurs improvisent, tâtonnent, apprennent de leurs échecs. Au fil des mois, la métamorphose opère et on découvre Xavier prenant plaisir à observer les veaux gambader dans les champs, à leur donner un nom au lieu d’un numéro… J’ai accompagné cette conversion, celle du troupeau et la leur, une refonte en profondeur de leur manière d’être, de penser et d’agir.

Avant de devenir cinéaste au début des années 1990, Patrice Gérard est marin-pêcheur à l’île d’Yeu. Il y rencontre Georges Pernoud, qui lui propose de rejoindre l’équipe de Thalassa. À d’Yeu Vat, un feuilleton documentaire de douze épisodes, marque un tournant décisif dans sa carrière d’aventurier du quotidien. Il confirme son regard distancié et solidaire. Observateur attentif de son environnement proche, il tisse le fil de ses documentaires à partir de rencontres, mettant à jour la manière dont les hommes réagissent aux mutations induites par la mondialisation.

Une rencontre avec un pédicure pour vache le fait basculer de la mer à la terre. Patrice Gérard traîne maintenant ses bottes bleues de marin dans les champs. Avec Les vaches ne regardent plus les trains, il pointe les dérives de la génétique. Puis vient Le Veau, la Vache et le Territoire, un film qui donne à son approche du monde agricole le caractère d’un cycle. Il continue à explorer le monde de l’élevage bovin avec Les Apprentis en herbe puis, avec Dans la peau d’un maire, il s’intéresse à la vie d’un maire d’une petite commune d’Ille-et-Vilaine.

FRANCE INTER >>> Deux jeunes entrepreneurs lillois lancent une marque pour soutenir les agriculteurs en transition vers le bio en leur assurant une juste rémunération.
LIBÉRATION >>> Dans son dernier rapport, la Cour des comptes dénonce le manque de soutien de l’État envers l’agriculture biologique, alors que ses bénéfices pour la santé et l’environnement sont pourtant avérés.
FRANCE CULTURE >>> Le bio est-il boudé par les Français ? En 2021, les ventes ont baissé de 3% selon l’Agence bio.