Les Sexclus
Leur sexualité est ignorée, empêchée, avortée… Voici Les Sexclus, une remarquable initiative d'un groupe d’étudiants de SciencePo Rennes. Pendant un an, ils se sont emparés d’un sujet tabou pour le porter sur la place publique, sur Internet, via un webdocumentaire.
Les sexclus sont tous ceux qui, pour une raison physique, sociale, psychologique, n’ont plus accès, ou un accès extrêmement compliqué, à une vie sexuelle. L’on y retrouve les personnes handicapées qui, comme Jacques dans La vie sexuelle de Peter Pan, se battent pour ne pas renoncer à leurs désirs. Au fil du webdoc, ce sont cinq portes que vous êtes invités à pousser, cinq pans de la sexclusion que vous êtes amenés à comprendre via des témoignages, images et textes à butiner au fil de votre curiosité.
Une question d'humanité
Une question d'humanité
une réalisation collective de 14 étudiants de Sciences Po Rennes en master de journalisme
Tout a commencé avec une thématique : sexe et société. On s’est rapidement demandé : Qui a accès à la sexualité ? Qui en est privé ? Et par qui ? C’est la question de l’exclusion qui a guidé nos recherches et nos premiers travaux. Qui sont-ils ces exclus de la sexualité ? Celles et ceux dont l’accès à la sexualité devient un combat, face aux contraintes, aux efforts à fournir. Ce sont les détenu•e•s, les patient•e•s d'hôpital psychiatrique, les résident•e•s en maison de retraite, les sans-abri, ou les personnes en situation de handicap... des populations variées, incomparables, sinon pour ce qui les rassemble ; ce sont les sexclus.
Nous voulions aussi mesurer les barrières à franchir, observer les stratégies inventées, décrire les solutions trouvées, raconter leur combat pour accéder, comme les autres, à une sexualité épanouie.
Nous nous sommes répartis le travail par petits groupes pour quatre mois de recherches, de terrain, de rencontres, de collecte de témoignages. Chacun•e travaillait sur une ou deux thématiques et tentait de libérer la parole. Si parler de sexe n’est pas une mince affaire, ça l’est encore moins avec des personnes dont les actes ordinaires sont déjà jugés et, ou contraints. Il a été dur, voire parfois impossible de trouver des personnes volontaires pour témoigner. A fortiori lorsque des institutions font traîner les autorisations d’entrée sur plusieurs mois, manière de faire l’autruche. Chaque parole est le fruit de plusieurs rendez-vous, plusieurs coups de téléphone, pour mettre en confiance nos témoins. Et chaque fois qu’un témoin accepte, se pose la question de sa protection, de son anonymat, de son entourage. Il est arrivé que nous choisissions de flouter une vidéo, de déformer une voix, ou de modifier une identité par soucis de protection de nos sources.
Le sexe n’est pas qu’une affaire de jouissance et de plaisir. Ce dont nous parlons beaucoup, finalement, c’est tout simplement d’humanité. De la manière dont, vivant dans la rue, ils et elles se cachent pour s'aimer. De la violence, qui conditionne la sexualité des détenu•e•s. Des raisons pour lesquelles, avec un corps handicapé, la route de l'amour se cabosse en chemin de croix. De la frustration, lorsque la libido paie le prix du traitement qui soigne un esprit torturé. Ou de la rage, lorsqu’à plus de quatre-vingts ans, on vous rit au nez juste pour vouloir avoir des rapports. Pour s'épanouir, il faut batailler. Leur intimité est un combat, c’est ce que nous vous racontons.
PRISON
PRISON
Privés de liberté, ils le sont aussi de sexe. Pour un peu de plaisir, les détenus doivent redoubler d’inventivité, et braver les interdits. Constamment surveillés, il leur faut à la fois se cacher des matons pour un rapport en parloir ou en cellule, et des autres détenus quand c’est en solo qu’ils veulent se satisfaire. Derrière les barreaux, l’administration pénitentiaire ferme les yeux sur la sexualité. Alors elle existe sans exister, dans les failles du système. Sinon, c’est la frustration, et le désir laisse souvent place à la brutalité.
Le sexe devient alors la pire des tortures.
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RUE
RUE
Aujourd’hui, on n’a plus le droit ni d’avoir faim, ni d’avoir froid. Et la sexualité dans tout cela ? Maintenir le désir quand on se sent sale, trouver un endroit à l’abri des regards, fuir les risques d’agressions ou donner son corps contre un toit... Autant de problématiques récurrentes rencontrées par ceux qui vivent à la rue. Anne, Élina, César et beaucoup d'autres nous racontent leur vécu.
Dehors, l’intimité est un combat quotidien.
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EHPAD
EHPAD
Personne n’aime imaginer ses parents ou ses grands-parents faire l’amour. Et c’est pareil pour le personnel de maison de retraite avec les résidents. Ça gêne. Pourtant, c’est une réalité. Selon l’Insee, 39% des 75-85 ans s’envoient encore – plus ou moins – en l’air. Mais entre surveillance et vie en collectivité, comment préserver leur intimité ? Groupes de discussion, formations, distributions de préservatifs... Parfois, l’institution ne fait plus l’autruche. Souvent maladroitement.
Poussez la porte de la maison de retraite >>>
MAISON
MAISON
Un corps abimé, un esprit différent. Des gestes inaccessibles, d'autres incompréhensibles. Les personnes handicapées ont les mêmes besoins et envies que les autres. Et douze millions de Français sont touchés par un handicap... Yvon, Laetitia, Bruno, Prérana, Antoine, Théo racontent leurs expériences de la sexualité, leur sens de l’adaptation, les solutions qui émergent.
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HÔPITAL PSYCHATRIQUE
HÔPITAL PSYCHATRIQUE
Derrière la porte coulissante de l'hôpital psychiatrique résident des hommes et des femmes qui aiment et qui désirent en silence. Leur sexualité est niée, ignorée. La famille, l'administration, les soignants… Autant d’obstacles à franchir ou à contourner pour accéder au plaisir, le temps de quelques caresses.
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14 apprentis journalistes
14 apprentis journalistes
Nous sommes quatorze étudiant•e•s du master de journalisme (reportage et enquête) à Sciences-Po Rennes pour réaliser le travail de recherche, d’enquête, d’enregistrement, d’écriture, de montage, de production, de mise en forme. Pour nous accompagner, nous guider, nous relire et nous encourager, trois hommes : Christophe Gimbert, directeur du master, ancien journaliste et chercheur, Benjamin Keltz, enseignant journaliste et auteur et Bertrand Gobin, journaliste, auteur et intervenant du master. L’un des plus grands défis étant de mettre en image nos histoires et ne possédant collectivement que peu de talent pour le graphisme, nous avons embarqué dans l’aventure Philippine Boutin, élève de LISAA qui a réalisé toutes les illustrations. Vincent Ogloblinsky nous a conseillé et éclairé sur tout l’aspect technique de la réalisation d’un webdocumentaire que nous avons mis en page via RacontR. Aurélie Crété, journaliste télé, est venue nous aider sur le montage de nos vidéos.
Sujet tabou et publics sensibles
Sujet tabou et publics sensibles
INSTANT CAMPUS, Julie >>> On n’y pense pas, ou peu, mais l’épanouissement sexuel peut s'avérer être un vrai combat pour certaines personnes, de par leur situation, aussi différentes soient-elles.
CLUB DE LA PRESSE DE BRETAGNE, Anna Quéré >>> Nous avons été confrontés à une double difficulté : le sujet est tabou et il s’agissait de publics sensibles. Cela a été compliqué de trouver des interlocuteurs qui acceptent de nous parler, raconte Justine Carnec, la jeune rédactrice en chef.
FAIRE FACE, Élise Descamps >>> mises en avant, des prises de position courageuses, comme ce médecin de l’Agence régionale de santé bretonne, regrettant que la sexualité des personnes handicapées soit encore traitée comme un problème.
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