Lockdown
LOCKDOWN de Pepper White
LOCKDOWN de Pepper White
réalisé par François Le Gouic (2021 - 4')
Pepper White enfile le costume d’un personnage vide et docile qui se plie chaque jour à la même tâche harassante sans jamais faiblir ou montrer de mécontentement. Il mène au quotidien une vie morne, absurde, aliénante où les jours se répètent à l’infini. Si s’exprimer lui était possible, il dirait qu’il n’est pas des plus à plaindre car il dispose d’un confort certain. Mais au-delà de l’apathie et la fatigue dans ses yeux, on ne perçoit rien.
Un blues obsédant
Un blues obsédant
par Bastien Bruneau Larche
Écrit en 2018 par Bast Chelar, Lockdown s’inspire de l’absurde anglais des années 1950 et de la scène d’ouverture de Holy motors de Léos Carax où l’on découvre un businessman (joué par Denis Lavant) qui se prépare un matin et se fait conduire en limousine jusque dans le centre financier d’une grande métropole européenne pour faire la manche en bas d’un immeuble, habillé en vieille femme. À la réalisation, François Le Gouic puise son inspiration dans l’ambiance noire et lourde de John Strong. Le caractère lancinant de la caméra, toujours en travelling ou zoom avant, accompagne l’état d’hypnose dans lequel est plongé le personnage.
Pepper White
Pepper White
La veille encore, il s’appelait Thomas Dahyot. Jeune, brun, il chantait dans les Madcaps, l’un des groupes de garage les plus feelgood du pays. Le lendemain, il s’est réveillé, les tempes blanchies, portant en lui un blues de tous les diables. Ce jour-là, il a fait connaissance avec Pepper White. Il y a d'abord eu de longs mois d’abstinence où il pensait avoir raccroché les médiators. Mais la retraite ne fut que passagère, des notes venant remplir le vide installé dans sa vie et donnant naissance à dix chansons de The Lonely Tunes Of Pepper White.
Les vieux amours du chanteur s’y retrouvent – la décontraction de JJ Cale, la pop du Velvet Underground de 69, le gospel profane de Nat King Cole, les crèves cœurs acoustiques du Ty Segall de Sleeper – ainsi que ses signatures de songwriter : les breaks toujours étonnants, le relief dans les arrangements, le soin apporté aux tempos. Et il y a le reste, l’ingrédient Pepper White. On l’entend dans ces tonalités qui n’exigeaient pas de chanter en voix de tête, l’omniprésence de ce piano dont il était tombé amoureux des touches, noires et blanches, comme ses cheveux. Voici les éléments, nouveaux et anciens qui font la musique de Pepper White. Car, comme il le dit lui-même : Pourquoi donc réinventer une bonne vieille recette qui se suffit à elle-même ? C’est comme le boeuf bourguignon : il suffit de la faire sienne en y mettant son grain de sel.
François Le Gouic
François Le Gouic
François Le Gouic est réalisateur, monteur et producteur de courts métrages.
Attaché à l’univers musical, il participe également à la fabrication de clips et de programmes TV, reportages musicaux et vidéos promotionnelles d’artistes. Il réalise notamment des clips pour des artistes de la scène rennaise (The Wankin’Noodles, The Madcaps Empire Dust…) et des événements culturels (les Trans Musicales, I’m from Rennes, Le Grand Soufflet…).
COMMENTAIRES