L'enfance de l'art

(2022 - 17’)

Massimo Furlan et Claude Guinard reviennent sur les différentes performances proposées par l’artiste aux Tombées de la nuit. Les souvenirs d’enfance et la culture populaire ont une place importante dans son travail, comme en témoigne son spectacle Nocturne, un voyage en train à la nuit tombée, Blue tired heroes, une déambulation de papis déguisés en Superman, ou Le cauchemar de Séville, qui nous ramène à la demi-finale de la coupe du monde 1982.

Pour cette performance, les spectateurs sont emmenés dans un train, de nuit, afin de vivre une expérience inédite et sensorielle. Massimo Furlan a pensé son spectacle à travers le prisme de la fenêtre du wagon, qui ne laisse apercevoir qu’une partie du paysage. Des fanfares ponctuent également le trajet en train, et permettent de rompre le silence, l’obscurité et la monotonie du voyage. Arrivés à destination, les spectateurs partent dans une déambulation à travers la ville endormie, où des images sonores surgissent ça et là. La fanfare est un élément souvent utilisé par Massimo Furlan, car elle représente quelque chose de populaire, de simple et de festif… des adjectifs chers à l’artiste.

Dans cette déambulation urbaine, Massimo Furlan convoque l’enfant qui sommeille en chacun de nous, celui qui imitait fièrement ses super-héros préférés. L’intérêt est ici de faire incarner cette figure héroïque par des individus âgés, ordinaires et de corpulences variables, pour casser les codes de représentation des héros. Un travail est aussi réalisé sur l’attitude de ces comédiens d’un jour, qui reprennent les postures typiques du héros : bras croisés, mains sur les hanches, poings levés en position de vol. Cette performance est donc une réappropriation de l’espace publique, et des codes de la pop culture.

Quinze Rennais et Rennaises ont accepté de rejouer le match mythique de la demi-finale de la coupe du monde 1982, opposant la France à l’Allemagne. Sans adversaires et sans ballon, les onze vrais-faux joueurs de l’équipe de France se lancent dans une chorégraphie millimétrée de deux heures, dans l’enceinte du Roazhon Park. Bien que chacun soit au courant de l’issue du match, et de l’inévitable confrontation entre Battiston et Schumacher, le spectacle tient en haleine les spectateurs, qui revivent l’euphorie du match à travers des petites radios portatives, et ne peuvent s’empêcher de penser que, peut-être, le cours de l’histoire pourrait être modifié.

Né en 1965 à Lausanne, de parents italiens, Massimo Furlan grandit dans cette culture italo-suisse. Il suit tout d’abord une formation de plasticien aux Beaux-Arts de Lausanne, puis diversifie ses pratiques artistiques en devenant metteur en scène, comédien et performeur. En 2003, il fonde sa compagnie, Numero23Prod, qui met l’accent sur les arts vivants. La mémoire, l’enfance et le jeu ont un rôle important dans son travail, tout comme les images, le langage premier de Massimo Furlan. Ses spectacles et performances se veulent en effet des événements visuellement marquants, parfaitement équilibrés, calibrés et rythmés.

LIBÉRATION >>> La performance Le cauchemar de Séville se décline à Colombes, en région parisienne, où des habitants ont accepté de revivre le match mythique de 1982.

LE MONDE >>> Après un spectacle en train, Massimo Furlan fait voyager les Bordelais pour une errance fluviale nocturne.
RTS >>> Entretien en cinq épisodes avec Massimo Furlan, sur son enfance, ses débuts, ses inspirations, ses amours…