What a fuck am I doing…
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Diffusion terminée
Pour leur premier documentaire, Nico Peltier et Julien Fezans ont magistralement saisi la voix et la présence captivantes d’un créateur – ses doutes, ses angoisses existentielles – dans un film épuré, intemporel, noir et dense, d’une noirceur rayonnante. What a fuck am I doing on this battlefield ? embrasse non sans drôlerie l’intimité et le monde, ce champ de bataille dans lequel chacun cherche sa voie et dans lequel Matt Elliott trouve son inspiration. D’une douloureuse lucidité, l’artiste évoque la dépression et la magie de l’inspiration, ou expose des avis tranchés sur la politique.
WHAT A FUCK AM I DOING ON THIS BATTLEFIELD
WHAT A FUCK AM I DOING ON THIS BATTLEFIELD
un film de Nico Peltier et Julien Fezans (2013)
Plongée dans l’univers de Matt Elliott, connu pour ses travaux au sein de la formation Third Eye Foundation et ses collaborations avec Yann Tiersen. C’est au travers de ses expériences humaines et musicales que nous découvrons un homme révolté, en constante observation, qui donne ses opinions sur la société contemporaine. Il se livre avec sincérité et nous laisse entendre le cheminement sinueux de sa pensée de citoyen et de musicien. À l’aide d’une musique violente et intime, il se délivre de ses démons, il tente de faire corps avec les musiques de l’âme.
Le film est disponible ICI en vidéo à la demande.
MATT ELLIOTT DANS LE TEXTE
MATT ELLIOTT DANS LE TEXTE
Je suis aussi seul qu’un fantôme… Ce pauvre fantôme ne peut que hurler même si ses hurlements ne peuvent être entendus, ses cris resteront vains, personne ne lira jamais ses mots et même s’il ne peut pas pleurer, ses larmes coulent à travers moi.
Je suis assez ouvert d’esprit et je pense que c’est plus intéressant d’être agnostique, et je le resterai tant que je suis en vie, je pense que c’est la seule manière d’être, rationnelle et intelligente. Parce que dire je suis athée, c’est comme dire je suis catholique ou bouddhiste. Ça c’est comme ça et pas autrement.
On était au sommet il y a longtemps, maintenant, on chute vers cette absurde et stupide manière de faire les choses, complètement illogique. S’ils nous traitent tous comme des terroristes, on va tous devenir terroristes. Je n’ai pas besoin de lois pour me dire d’être gentil et d’être moralement bon, j’ai une conscience.
J’en suis arrivé à la conclusion que la folie est la norme. Je ne connais pas une seule personne qui ne soit pas folle.
C’est vraiment fascinant de voir comment on est attiré par une chose ou une autre, essayer de construire une sorte de confort qui n’arrive jamais. Les seuls trucs que j’utilise vraiment sont dans ma valise, mes trucs de musique et mon ordinateur. C’est plutôt une bonne manière de ne pas être trop attaché aux choses, ne pas se soucier de les perdre.
De quelle manière sommes nous censés faire le deuil si nous ne sommes pas certains de ce qui est mort et si c’est mort, pourquoi je ne peux pleurer ? Et toutes les choses que tu m’as dites et que tu as lues dans ma paume étaient des mensonges dis-moi que c’étaient des mensonges.
Les chats portent la toxoplasmose et si tu les côtoies, s’ils te lèchent ou mangent dans ton assiette, tu peux la contracter. Ça te rend dépressif mais ça développe aussi ta créativité. Les gens qui souffrent de toxoplasmose sont souvent des artistes. C’est peut-être pour ça que les Égyptiens trouvaient les chats si sacrés.
DES ILLUMINATIONS ET DES OMBRES
DES ILLUMINATIONS ET DES OMBRES
Attention, noir soleil. Matt Elliott, se prête ici au jeu de la confession face aux caméras de Nico Peltier et Julien Fezans, qui l’ont suivi en studio et en tournée. Après ses années de fièvre, le Britannique opte désormais pour les volutes torturées, qui unissent l’homme et la machine, le souffle à la texture électronique. Épousant presque amoureusement l’univers du musicien, ce film très tenu parvient à retranscrire une vérité rarement dévoilée : le secret de la création. Rien que cela. À cet effet, il entrelace des séquences strictement musicales, magnifiées par un noir et blanc qui ne la ramène jamais et la parole d’un Matt Elliott à nu. Que devient un artiste après avoir connu le succès ? Quelle relation entretient-il avec sa musique, qui est aussi son travail ? Laborieux et routinier, le métier d’en-chanteur demeure sur le fil de la création pure et de l’abattage quotidien. On découvre aussi un Matt Elliott citoyen disert, comme sorti d’une dépression pas strictement musicale. Car d’un champ de bataille il est en effet question tout au long de ce film : celui du labeur sans cesse reconduit, jusqu’à la grâce, ce fil qui unit la vie et la musique. La Gaîté lyrique
MATT ELLIOTT
MATT ELLIOTT
Matt Elliott n’a pas 16 ans lorsqu’il décide d’arrêter les études pour se consacrer à sa passion pour la musique. Il est alors engagé comme vendeur chez le fameux disquaire Revolver Records (Bristol), une expérience qui marque profondément Matt et pendant laquelle il forge sa culture musicale. En parallèle, il est DJ dans des clubs alors que, n’ayant pas l’âge légal de 18 ans, il n’est pas même censé pouvoir y mettre les pieds… Sous le nom de The Third Eye, il participe à partir de 1993 à des albums de Movietone et Flying Saucer Attack et forme avec Kate Wright et Rachel Brooks le groupe Linda’s Strange Vacation. En 1995, il est l’un des très rares artistes à être impliqué dans le disque hommage au fameux duo Silver Apples, Electronics Evocations. À 20 ans, Matt a déjà touché à quasiment tous les domaines de la filière musicale.
NICO PELTIER & JULIEN FEZANS
NICO PELTIER & JULIEN FEZANS
Nico Peltier est photographe, monteur en fiction comme en documentaire, et réalisateur. Julien Fezans est ingénieur du son en fiction comme en documentaire, créateur sonore, tout d’abord pour le théâtre, puis pour la radio avec le festival Longueur d’Ondes de Brest. Ils se sont rencontrés à la fac. What a fuck… est leur premier film, avec lequel ils rencontrent d’emblée une reconnaissance certaine.
Nominations
Vision du réel (Nyon 2013) compétition international : Prix du film le plus innovant Docville : Music Doc – Louvain (2013) FID Écrans Parallèles : Chœur – Marseille (2013) États généraux du film documentaire : Expériences du regard – Lussas (2013) Doclisboa – Moving Stills – Lisbonne, Portugal (2013) Dok Leipzig – Young Cinéma Competition – Allemagne (2013) Flahertiana film festival – Perm, Russie (2013) Sichuan TV festival – Chengdu, Chine (2013) Traces de vie – Clermont-Ferrand (2013) Mois du film documentaire (2013) Fame, Film & Music experience – Paris (2014) Rencontre du cinéma Européen de Vannes (2014) Brussel Film Festival, Music Doc – Belgique (2014) DORF Film Festival – Croatie (2015) Rencontre d’AD HOC (2015) La Roche sur Yon Film festival (2015) Prix de qualité du CNC (2015)
HÉDONISTE RESPONSABLE
HÉDONISTE RESPONSABLE
Denis, Sun burns out >>> Le projet est aussi original que fascinant : deux vidéastes, Nicolas Peltier et Julien Fezans, ont suivi pendant deux ans et demi le singulier Matt Elliott.(…) Un type pas commode de prime abord, un peu flippant, qui peut foutre mal à l’aise mais qu’on dit « très sympathique quand on le connaît », auteur d’une musique souvent flippée et flippante : histoires de banlieues sordides, de drogues, de violences urbaines, de flingues…
Phippsfilm (en anglais) >>> Aucune narration dans ce film, aucune linéarité. Juste un existentialisme plein-cadre ; un complément parfait à la musique sombre et torturée d’Elliott.
Interview : Matt Elliott, un cœur brisé qui s’attarde, Deuxième page >>> J’aime parler de moi en tant qu’hédoniste responsable. J’apprécie tout à petites doses. Je considère que la vie est faite pour expérimenter les choses, le bon comme le mauvais. Dans ce sens-là, je suis une sorte de bohémien.
Site de Matt Elliott >>> Minimaliste, élégante dans ses arrangements, la musique de Matt Elliott dégage une atmosphère pesante et viscérale, mais aussi étrangement familière et rassurante. Cela tient aussi à la voix de Matt, à sa poésie très personnelle, remarquable pour un artiste venant des musiques électroniques, sachant questionner son parcours de façon systématique. Son écriture est cryptique et laisse l’opportunité à chacun de s’approprier ses textes comme il l’entend.
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