Rien à foutre
Mauvaise graine met à fronts renversés un père et son fils, et à travers eux, deux générations de contestataires. En son temps, le père, magnifiquement interprété par Jean-Marc Talbot, était en lutte contre le capitalisme. Aujourd’hui, il découvre que son collégien de fils fait partie d’une bande de punks qui défie la police. La bière, les joints, les cachetons… tout est bon pour échapper au peu d’enthousiasme que leur inspire la société.
Les chiens ne font pas des chats et la graine de rébellion a pris la forme d’un Maxime en roue libre. Alors, c’est quoi l’idée ? demande le père. Pas de réponse, si ce n’est un rot et un Rien à foutre qui en disent long sur la fin des idéologies. La défonce, tel est le programme, quitte à jouer les barbares sous l’effet de produits désinhibants.
Bénédicte Pagnot a su parfaitement mettre en scène cette histoire intense et poignante d'après une nouvelle de Jean-Bernard Pouy.
MAUVAISE GRAINE
MAUVAISE GRAINE
par Bénédicte Pagnot (2010 - 20')
Maxime, 15 ans, n'est pas rentré chez ses parents. Bruno, son père, refuse d’avouer qu’il s’inquiète ; c’est normal à l’adolescence d’avoir envie d’aller voir ailleurs ! Par hasard, Bruno retrouve son fils traînant sur une place. Maxime et ses copains y boivent des bières en attendant leur bagarre quotidienne avec les flics venus les déloger. Bruno tente un rapprochement avec Maxime.
D’après la nouvelle La mauvaise graine de Jean-Bernard Pouy
>>> un film produit par Gilles Padovani, .Mille et Une. Films
Dialogue rompu
Dialogue rompu
par Bénédicte Pagnot
J’ai choisi d’adapter la nouvelle de Jean-Bernard Pouy qui, avec son histoire de confrontation de deux générations et, par extension, de deux époques, colle à mon univers. Malgré la noirceur de cette histoire, je voulais faire sentir le ton pince-sans-rire qui caractérise Pouy. Pour y arriver, j’ai dû travailler sur ce qui m’intéresse le plus dans le cinéma, les regards et le temps, temps dilaté de l’observation, temps suspendu des interrogations, ruptures de rythme.
Ce que j’aimais dans le personnage du père, Bruno, c’est qu’il est un ex-militant gauchiste. À la nostalgie des vieilles luttes, il préfère un idéalisme lucide. Il sait que le monde change, même s’il ne tourne pas très rond, et il fait avec. Il reste dans le camp progressiste et exècre certains penchants de la société actuelle : le conformisme, le repli familial et l’obsession sécuritaire.
Maxime, son fils, est un adolescent. Il cherche, tente, expérimente. Ça l’a conduit dans la rue. Fuguer, pour voir. En agressant son propre père, il va encore plus loin. Il n’y a dans ce geste aucune habitude, aucune préméditation, aucune haine, c’était important de le montrer dans la maladresse de l’agression. Pas d’explications psychologiques. Pas de jugement. Pas de morale. Le film est le constat simple et douloureux d’un dialogue rompu, d’un décalage générationnel, d’une nécessité de faire désormais face à une réalité violente jusqu’alors inimaginable. C’est donc sur le désarroi de Bruno que s’achève le film.
J’ai voulu qu’on ressente les questionnements et les tâtonnements auxquels père et fils font face en travaillant les variations de la distance père/fils, regarder ce fils de loin, s’en approcher, le voir enfin de près et sembler le voir pour la première fois, être assis à la même table et pourtant être si loin.
Bénédicte Pagnot
Bénédicte Pagnot
Bénédicte Pagnot naît en 1970 à Elbeuf (Haute-Normandie). Après une maîtrise d’études audiovisuelles à l’université Toulouse le Mirail, elle devient assistante de réalisation, régisseuse et chargée de casting sur des tournages en Bretagne où elle a choisi de s’installer. C’est en 2001 qu’elle réalise La petite cérémonie (sélectionné par une vingtaine de festivals et primé par huit, dont le prix du public au festival Premiers plans d’Angers) ; suivront deux autres fictions courtes La pluie et le beau temps (2008) et Mauvaise graine (2010) et trois documentaires Derrière les arbres (2004), Avril 50 (2006) et Mathilde ou ce qui nous lie (2010), en parallèle d’ateliers en milieu scolaire, universitaire et pénitentiaire.
En 2013 sort au cinéma son premier long métrage de fiction Les lendemains (Prix du public au festival Premiers plans d’Angers) et en 2017 Islam pour mémoire, un voyage avec Abdelwahab Meddeb, long métrage documentaire.
Que jeunesse se passe
Que jeunesse se passe
LES INROCKS >>> Venue du documentaire, la cinéaste Bénédicte Pagnot raconte dans Les lendemains le parcours d’une jeune bretonne saisie par le radicalisme politique. Avec la révélation d’une actrice : Pauline Parigot.
FRANCE CULTURE >>> Le méme Ok Boomer se diffuse depuis quelques mois sur les réseaux sociaux. Il témoigne de l'émergence d'une rupture générationnelle entre une jeunesse qui estime que la génération des baby-boomers a détérioré la planète et hypothéqué leur avenir.
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