Flying Dervishes
Une affaire de coupe, d’assemblage plus que de construction de cadre, afin de forger un véritable regard.
Psychédélique et envoûtante virée en forêt de Pléchâtel avec le clip de Medline, qui vient accompagner son nouveau morceau, le tout-aussi-barré Flying Dervishes. Un étrange trip breton-chamanique où les contours et les frontières des choses se tordent et se distordent, au son d’un funk hybride et débridé.
Adepte du hors-piste et de la fusion des genres, le producteur franco-chilien Medline, qui filme et monte lui-même ce clip, nous démontre que sa transcendance s’opère aussi bien musicalement que visuellement.
Il nous emporte au cœur du lieu-dit La Levée, dans les profondeurs bientôt mystiques d’une vallée, caméra au poing et en vue subjective. On y découvre une campagne déformée, comme vue sous l’emprise d’un yagé ou autre breuvage initiatique, dans une posture prise entre liberté exacerbée et dévotion à la nature. Fascinant malgré l’esthétique extrêmement crue des images, l’accent est mis sur une certaine spontanéité, une grande subjectivité, et un montage saccadé se faisant l’illustration de cette musique sans frontière, en territoire aussi inconnu que familier.
Dans ces mouvements de caméra circulaires rappelant la danse des derviches-tourneurs du titre, l’enjeu n’est pas dans la contemplation mais bien dans la combinaison. Flying Dervishes est un assemblage visuel sur-cuté, rythmé d’ascensions, de prises de hauteur divine, de descentes – forcément – et de découvertes. Le résultat est une affaire de coupe, d’assemblage plus que de construction de cadre, afin de forger un véritable regard, aussi peu fluide que complètement spirituel, sans rajout d’effets ou de superflus. Un regard qui scrute les détails, cherche le mystique, mélange les croyances et les religions tandis que l’on croise diverses vierges et icônes bibliques. Ballade païenne, où mère Nature se présente sous forme d’arbres centenaires, de rayons de soleil ou simplement en d’étranges reflets à la surface de l’eau, le tout est filmé en plongée et contre-plongée permanentes, comme si quelqu’un nous observait d’en haut, et qu’il nous fallait tenir son regard. Quelle que soit la raison de cette pérégrination bucolique, ballade en préparation d’un ayahuasca ou lendemain de transe illuminée, le résultat est une affaire d’ambiance, de ressenti, avec cette incantation dansante en nature bretonne. Pèlerin funk en diverses croyances, le chaman multi-instrumentiste Medline assume simplement que la foi suit souvent le rythme, les notes, et les accords d’une musique.
FLYING DERVISHES de Medline
FLYING DERVISHES de Medline
réalisé par Medline (2016 – 2’57)
ORLANDO DIAZ CORVALAN
ORLANDO DIAZ CORVALAN
Le clip représente l’envol mystique des dervishes, envol qui serait l’ultime destination après un cheminement spirituel ascétique, symbolisé par les sentiers en forêt puis par les escaliers taillés dans la roche. Ces lieux peuvent nous apparaître surnaturels, coupés du monde sensible, enluminés. Les dervishes sont figurés par les arbres en rotation, la vie ascétique par les sculptures de saints et de saintes.
Le clip a été tourné à La Levée, site religieux, ou plutôt mystique, situé sur un escarpement rocheux entre la Vilaine et le village de Pléchâtel. Sa nature extraordinaire a été parfaite pour créer l’ambiance, créer des « visions » en adéquation avec la musique et enfin, sublimer la composition d’ensemble.
Par Orlando Diaz Corvalan, compositeur interprète et vidéaste.
MEDLINE
MEDLINE
Orlando Diaz Corvalan, alias Medline, est né en mai 1979 à Paris d’un père chilien (refugié politique engagé artistiquement en soutien à un groupe révolutionnaire d’Amérique du sud) et d’une mère française (artiste et psychologue travaillant dans une organisation de défense de droits des femmes). Enfant, il se passionne pour le dessin et au début des années 90, il tombe amoureux de la culture hip hop, émergente en France, et commence avec un groupe d’amis à Besançon. MC, b.boy, DJ and beatmaker, l’urgence de produire sa propre musique est de plus en plus présente.
Au début des années 2000, sa décision d’exclure les samples de sa musique sera un tournant majeur dans sa « direction » musicale. Il apprend la flûte, le clavier, la basse, la guitare et des percussions pour pouvoir fidèlement produire de la musique avec une forme passée et contemporaine et pour explorer « l’esprit universel ».
Depuis 2013, il a créé My Bags à Messac en Bretagne, un label indépendant consacré à l’émergence et à la création d’artistes internationaux.
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