Precious Time
Ce qui compte est toujours le trajet plutôt que le but.
Le tempo est lent, très lent. Le conducteur et son passager se ressemblent beaucoup, vraiment beaucoup. Sont-ils jumeaux ? Ça n’a aucune importance, pas plus que de savoir où mènera l’embryon de fiction esquissé par le clip d’Olivier Jagut.
Ils sont deux, ils roulent, c’est en ville et c’est la nuit. Le conducteur est menotté au volant. Ils glissent sur la musique, ils regardent au dehors, leurs visages tatoués de lumières fugitives, comme Karina et Belmondo dans Pierrot le fou. Sur les trottoirs, au fond des ruelles, dans les herbes folles, des bêtes étranges dessinées, petites ou grosses, pas toujours identifiables, marchent, courent, rampent, semblent converger en un point mystérieux, sans rapport avec les menottes, la voiture ou les jumeaux, tous identiquement, généreusement, fraternellement protégés par la nuit.
La voiture s’arrête, la musique, vaporeuse, imperturbablement continue de cotonner, tout à coup le conducteur a disparu, les menottes brinquebalent sur le volant. L’autre descend, le cherche, se cherche, va vers nulle part. Le volume augmente en sachant rester doux, les animaux toujours convergent. Il s’affole un peu, court, croise bisons et kangourous, revient à son point de départ. Son compagnon est là, il s’est retrouvé. Fin de l’histoire, et fin du clip qui savait qu’il faut accompagner la musique même quand elle veut aller nulle part, pour le plaisir de la ballade, parce que ce qui compte est toujours le trajet plutôt que le but. Sans quoi, pas d’horizon.
Eric Thouvenel
PRECIOUS TIME de Megrim
PRECIOUS TIME de Megrim
réalisé par Olivier Jagut (2015 - 5'28)
La nuit, à bord d’une voiture, un homme et son double sillonnent des rues désertes sans but apparent. Progressivement des présences fantomatiques et abîmées se révèlent à leurs yeux, uniques habitants d’une ville en mutation.
L’intention du clip était de transcrire visuellement les idées contenues dans les paroles de Precious time en proposant une errance lente et atemporelle dans les souvenirs d’une certaine insouciance mêlés à la réalité du temps qui a passé.
OLIVIER DOREILLE
OLIVIER DOREILLE
Après la séparation du Groupe Noise Rennais « Les Autres » en 1994, Olivier Doreille, chanteur-guitariste du groupe, fait une pause avec le monde musical. C’est en 2003, qu’il se remet à la composition et crée un projet solo (guitare et d’une voix et d’arrangements électro) sous le nom de MEGRIM.
A partir de 2008, le groupe se fonde autour de plusieurs musiciens amateurs qui changent fréquemment. En 2011, sortie de l’album Megrim, puis en 2015 du single More sounds avec le titre Precious Time. Doreille vient de réenregistrer une rétro Les Autres, à Seattle sous le label Jigsaw records , un album de Megrim en vue pour 2017.
OLIVIER JAGUT
OLIVIER JAGUT
Diplômé en arts graphiques, Olivier Jagut réalise depuis plusieurs années des courts métrages mêlant des formes classiques à d’autres formes plus expérimentales, tant au niveau du scénario qu’à celui des techniques de réalisation. Il aime manipuler le réel, expérimenter, et installer des histoires dans des décors sublimés, étranges et décalés. Le travail sur la bande son est également un élément essentiel dans la conception de ses films.
COMMENTAIRES